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Jonathan Miles (Autre)Jonathan Miles (Autre)Jean-Charles Khalifa (Traducteur)
EAN : 9782381960111
464 pages
Monsieur Toussaint Louverture (04/02/2021)
4.1/5   42 notes
Résumé :
Je jette donc je suis. Et si nous étions tous les déchets de quelqu'un ?

Un jeune couple squatte un appartement new-yorkais et vit de récup et d'eau fraîche ; un linguiste enlisé dans la crise de la cinquantaine jongle entre sa femme infidèle et l'Alzheimer de son père ; une veuve du 11 septembre s'interroge sur son avenir et celui de sa famille recomposée. Leurs points communs ? Le désir et le rejet, qui les poussent - chacun à sa façon - à vouloir ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
L'écriture est un assemblage de mots, l'écrivain est son architecte. Il y a des auteurs qui écrivent une cabane en bois, d'autres une cathédrale, Jonathan Miles écrit le palais idéal du facteur Cheval, un monument atypique, psychédélique, un asile de doux dingues.
Talmage et Micah vivent dans un immeuble abandonné de New-York qu'ils squattent. Ils sont végans et fouillent les poubelles afin de récupérer les invendus des magasins.
Une heure du matin, Elwin Cross Junior, professeur de linguistique, rentre tranquillement chez lui à Newark lorsqu'un chevreuil heurte sa jeep en traversant la route 202. Il charge la carcasse dans son véhicule pour la dépecer à son domicile comme au bon vieux temps.
Sara Tetwick Masoli fouille dans le box d'un garde-meuble où elle a entreposé les affaires de son ex-mari, décédé dans l'une des tours du Wolrd Trace Center. Elle cherche un plat à rôtir lorsqu'elle tombe sur un article lui rappelant le terrible attentat.
Trois trajectoires de gens ordinaires qui semblent inspirer un bâillement, et pourtant ! Quelle choc !
Jonathan Miles a son style propre, une écriture libre qui ne s'interdit pas au détour d'une phrase, l'ajout d'une réflexion opportune et cinglante, trait singulier de l'humour corrosif de l'auteur. Certains mots gras émaillent le texte et sont les épices qui agrémentent très agréablement la lecture. Les situations les plus ordinaires prennent sous la plume de l'auteur des couleurs, un relief qui font vite oublier leur banalité et rendent le récit spécialement savoureux.
Certains passages sont désopilants (Ex. : première partie, chapitre six, page 125). Sans jamais tomber dans le graveleux, Jonathan Miles a l'art et la manière d'inventer des personnages qui, même s'ils sont tout ce qu'il y a de plus communs, issus des différentes strates de la société américaine, ont un caractère haut en couleur et des qualités (ou défauts) attachants. Les dialogues sont particulièrement bien soignés et ne rendent que plus de véracité au récit, tant par leur fraicheur que par leur spontanéité.
« Tu ne désireras pas » est la satire d'une société qui idolâtre la possession, encourage la surconsommation et à laquelle il manque ce onzième commandement. Comme quoi même Dieu n'avait pas prévu notre concupiscence et notre propension à l'autodestruction pour arriver à nos fins. L'homme s'est ainsi extrait du cycle naturel du monde animal et végétal afin de satisfaire ses besoins dont il repousse toujours plus les limites. A l'indispensable, il accumule le superflu, brulant toujours plus de ressources naturelles pour fabriquer toujours plus de déchets qui mettront des années voir des siècles à être recycler pour une partie, à polluer définitivement la planète pour le reste. Il a beau vider ses poubelles dans des décharges, enterrer ses déchets radioactifs dans des mines, « ranger » ses vieillards dans des « EHPAD-hospices-mouroirs », bref, planquer la poussière sous le tapis, il n'en reste pas moins que les reliefs du festin sont là et pour longtemps. Voilà pour la partie visible de l'iceberg. Quant à la partie immergée de notre inclination à souiller le monde, tout a une fin, tout finit par mourir. Et qu'advient-il de ces moments de joie ou de peine qui ont animé notre vie ? une décharge de résidus virtuels, restes de souvenirs jamais recyclés qui flottent sur l'océan de notre mémoire. Des pollutions qui altèrent notre intégrité originellement immaculée. Nous portons en nous le dépotoir de nos propres déjections mentales et comportementales.
Alors revenons à l'essentiel, aux fondamentaux, et laissons la vie nous prendre et nous quitter sans jamais plus avoir l'orgueil de cette soif d'immortalité. Se lever, respirer, lire, boire, se nourrir et observer le merveilleux cycle de la nature sans interventionnisme barbare, voilà un idéal vers lequel il serait bon de s'orienter.
Ce sont ces idées-là que suggèrent les histoires des personnages de Jonathan Miles, en toile de fond, sans jamais les imposer ouvertement. Ils sont nous.
Il n'y a pas de revendication écologique dans la démarche de l'auteur, simplement une analyse des comportements ordinaires ignorés, refoulés dans une inconscience individuelle et collective mais qui mèneront l'humanité à sa perte.
Que s'est-il passé entre l'époque où l'homme pour subvenir à ses besoins chassait et celle où il pousse un caddy dans un supermarché ? l'évolution ? le progrès ?
Je recommande vivement la lecture de « Tu ne désireras pas » de Jonathan Miles, ne serait-ce que pour le moment de plaisir exquis, délectable et drôle que l'on passe, mal grès l'opacité et les borborygmes de certains passages.
Traduction remarquable de Jean-Charles Khalifa.
La merveilleuse maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture, 464 pages.
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Ce roman est un ovni littéraire comme on aimerait en lire plus souvent.
Un couple de squatteurs new-yorkais, végans et décroissants, s'emploient à mettre en actes leurs aspirations et vivent de récupération dans les poubelles.
Un professeur délaissé par son épouse et perturbé par son papa atteint de la maladie d'Alzheimer (Oh ! les belles pages émouvantes) fait le vide dans sa vie.
Une veuve du 11 septembre qui a refait sa vie avec un financier peu scrupuleux réapprend à exister dans cette société du superflu et de l'inutile.
Trois familles, trois histoires et trois destins racontés alternativement, dont l'auteur se sert pour dénoncer notre incapacité à nous contenter du nécessaire pour toujours générer plus de déchets, mettant en danger une planète déjà bien amochée.
Une satire écolo séduisante qu'on dévore, captivé par le style totalement débridé de l'auteur dont la logorrhée est aussi impressionnante que le propos est pertinent.

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Encore un beau livre des éditions Monsieur Toussaint Louverture.
C'est bête, les beaux livres me donnent souvent plus envie de lire.
C'est encore plus bête quand il est question de critiquer la société de consommation, le superficiel et le sens de la vie, le sens de tout ça.

Le constat sur la civilisation est sombre.
Le propos est habilement distillé au travers de portraits d'humains plus ou moins en accord avec leurs principes, plus ou moins tiraillés par leur existence, en quête de sens.
On les découvre petit à petit, on rentre dans leur intimité avec cette impression fugace de très bien les connaître, parce que finalement ils sont un peu vous et moi.

Un livre qui ne plaira pas à tout le monde, pas si facile, pas si fluide mais terriblement efficace.
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Porté par un souffle grandiose et une ironie acerbe, Tu ne désireras pas peint une fresque bien sombre de notre société de consommation. le flot des pensées des personnages irrigue les pages, leur psychologie important davantage que leurs actes dans ce roman (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2021/02/09/tu-ne-desireras-pas-jonathan-miles/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Roman assez inclassable, sans réelle intrigue mais où tout converge vers le propos de Jonathan Miles : la vacuité de l'existence, les déchets physiques et psychiques de l'être humain, la superficialité et l'arrogance de notre civilisation et le potentiel recyclage des objets et des êtres. Rien de moins et pourtant, ce propos est porté avec efficacité, vous entraînant dans un tourbillon d'émotions entre colère, frustration, consternation et tendresse. On est bouleversé par des personnages, écoeuré puis attendri par d'autres ou encore dégoûté par le revirement de certains. J'ai été particulièrement touchée par les discours enflammés de Micah, les interactions maladroites entre le beau père Dave et sa belle fille Alexis et la fragile et émouvante trajectoire d'Elwin et Christopher. J'ai eu quelques éclats de rire, notamment à cause d'une Jeep relookée, et une petite larme dans le bouleversant dernier chapitre... Un roman qui bouscule mais qui fait du bien. D'un cynisme corrosif et d'un style parfaitement maitrisé, l'auteur réussit à vous atteindre et à vous percuter par son propos nécessaire. J'ai été fascinée, touchée. Et encore une fois, l'objet livre est magnifique, couverture cartonnée, papier de qualité, et une traduction impeccable : bravo aux éditions Monsieur Toussaint l'ouverture !
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critiques presse (1)
FocusLeVif
16 avril 2021
Sous couvert d'une fresque satirique et écologique, Jonathan Miles surprend avec Tu ne désireras pas, son second roman. Peut-être bien un futur classique.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
«  Ce système est en faillite, mec. Les déchets, ça n’a aucune importance tant que ça n’affecte pas le système. Tu vois les conséquences que tout en bas. Ouvre un peu les yeux, mec. Y’a cinquante pour cent de la nourriture de ce pays qui se mange jamais. La moitié, sérieux ! Qui va jamais dans une bouche. Et tout le monde s’en fout, mec. Parce que les gens ont été conditionnés pour s’en foutre. On nous a appris à jeter. Et pas seulement la bouffe… »
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Il est des objets abandonnés dont on peut presque sentir l’histoire inscrite dans les cellules, la chaleur des sentiments qu´ils avaient pu absorber; c´était comme si on avait pu les porter à l´oreille pour entendre leur histoire, comme un coquillage confie ses souvenirs de la mer.
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