Sheldon est un peu perdu depuis la mort de sa femme, Mabel. Il accepte de mauvais gré de quitter New-York et de suivre sa petite-fille Rhea et son mari Lars, Norvégien, à Oslo. Mabel et Sheldon ont recueilli Rhea enfant après la mort de leur fils unique, Saul, engagé dans la guerre du Vietnam.
Rhea aimerait qu'il s'adapte à sa nouvelle vie ; elle fait tout ce qu'elle peut pour lui rendre le quotidien plus facile. Hélas, un beau matin où Sheldon est seul, une voisine serbe se réfugie chez lui avec son petit garçon. Elle est poursuivie par des tueurs kosovars qui veulent récupérer un coffret.
La femme est assassinée ; Sheldon et l'enfant, cachés, prennent aussitôt la fuite. Sheldon ne parle pas norvégien, seulement anglais, l'enfant parle serbe. le vieil homme se rend compte que ça ne va pas être facile de s'en sortir. Il a laissé un papier en évidence sur la table, persuadé que Rhea comprendra où il est parti se réfugier.
Dans l'impossibilité de communiquer avec l'enfant, il l'appelle Paul et s'efforce de le protéger au mieux et de faire en sorte que les tueurs ne les retrouvent pas. Il a un plan.
A ce point de l'histoire il faut préciser que Sheldon est un ancien marine, sniper pendant la guerre de en Corée. C'est vieux, mais il a eu une formation sévère qui peut encore lui servir. Notons que sa femme a toujours douté de la réalité de ce qu'il racontait et sur la fin, elle l'estimait atteint de démence sénile. Vrai ou pas vrai ? au lecteur de se faire son idée. Sheldon est aussi capable de voir et de dialoguer avec d'anciens amis morts.
Il faut dire que la narration est assez loufoque, brouillonne et part dans plusieurs directions à la fois. J'ai aimé le mélange de drame, de tendresse, de profondeur aussi qui se dégage du périple de Sheldon, le tout assaisonné d'un humour décapant.
Je n'ai pas cherché de rationalité dans le récit et je me suis laissée porter par ce vieillard ronchon si attachant, qui sait encore quoi faire, mais dont le corps ne suit plus. Il est bourré de culpabilité parce qu'il se sent responsable de la mort de son fils, Saul. Il lui a parlé sans cesse de l'honneur qu'il y a à servir l'Amérique et de ses exploits en Corée. Il estime l'avoir poussé à s'engager. Il est également hanté par la deuxième guerre mondiale et ce qui est arrivé à son peuple. Il était trop jeune pour aller se battre.
Pendant ce temps, la police norvégienne essaie d'y voir clair dans le mobile du meurtre de la femme et de la fuite de Sheldon et l'enfant, avec l'aide de Rhea et Lars. L'action va se déplacer vers le chalet d'été de Lars, une course de vitesse va s'enclencher, sous la direction de Sigrid, l'enquêtrice. le fossé est grand entre une police habituée à respecter les règles et un gang qui n'en a aucune.
Mené comme un polar, le roman est aussi une réflexion sur toutes les guerres qui détruisent les hommes qui les font. Ils rentrent, ou pas, et ne parlent jamais de ce qu'ils ont fait ou de ce qu'ils ont vu. Et les dégâts se répercutent sur les générations suivantes.
J'ai été touchée par la relation qui s'instaure entre Sheldon et Paul, au delà du langage. Les passages où Sheldon semble perdre un peu la boussole ne m'ont pas troublée. Ce n'est pas un coup de coeur mais une lecture agréable, moins légère qu'elle n'en a l'air.
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