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Gaz sarin, napalm, barils de bombes, tonnes de bombes.Ville effacée, peuples enfermés, affamés, déplacés, rejetés. Mais une arme invincible, une arme « d'instruction massive » : le livre, des livres. Une cache, une graine en pleine terre. Puisque le ciel devient un enfer, c'est sous terre que l'esprit trouve refuge. Des images, de ces images qui défilent, ces noms, ces bateaux, ces camps, ces frontières, ces murs, des visages encagés, des passages obligés. Des images. .. des images de sans noms, des millions. Alors des livres, des voix, des vies, des noms sur des livres. Pour ne pas oublier ce qui sont passés, ceux qui ont traversé. C'est un livre incroyablement puissant que celui des passeurs de livres de Daraya. Celui d'une survivance.
«  Ici sur les pentes des collines, face au couchant
et à la béance du temps,
Près des vergers à l'ombre coupée,
Tels les prisonniers,
Tels les chômeurs,
Nous cultivons l'espoir ». Mahmoud Darwich, Etat de siège,extrait.
De Bibliothèque engloutie sur la Bebelplatz à celle de Daraya dispersée, de la bibliothèque perdue de Solovki …d'Alexandrie à Sarayevo… là où l'on brûle un livre, on brûle un homme.
Mais les passeurs de livres sont migrateurs, ils emportent en eux les livres et leurs espoirs. Sur d'autres terres, dans d'autres villes, leurs bagages sont fertiles.
Et contre cela tous les dictateurs, tous les les rois assassins ne peuvent rien et ne pourront jamais rien.

Astrid Shriqui Garain

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1er chapitre :
« L'image est singulière. Un cliché énigmatique, sans trace de sang ni de balles, échappé de l'enfer syrien. Deux hommes de profil, entourés de murs de livres »

Tout part de là. Delphine MINOUI va tout tenter pour entrer en contact avec les hommes qui figurent sur le cliché.

Petit à petit, elle va créer une relation durable avec les résistants de Daraya à Damas. Elle va découvrir qu'ils ont réussi à recréer une véritable bibliothèque au sein de cet enfer que vivent les habitants de la ville. Grâce aux livres, les habitants et les résistants resteront ancrés dans l'espoir et ne sombreront pas dans le défaitiste. Ce sera leur bouée de sauvetage, jusqu'à l'évacuation, pour ceux qui réussiront à s'en sortir. Grâce aux mots, aux livres et à la tolérance.

Un très beau témoignage, dur, où Delphine MINOUI passera des heures à comprendre qui sont les combattants, Sont-ils des extrémistes ou sont-ils des combattants de Daech ? Elle les accompagnera et les suivra durant le calvaire qu'ils vont vivre. Les bombes, la faim, la répression et les tortures.

J'ai ressenti de l'appréhension après avoir refermé le livre. Appréhension de l'avenir… Et je pense que Delphine MINOUI aussi.
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L'histoire du siège de la ville de Daraya, d'où la révolte syrienne est partie en 2011, à travers celle d'une bibliothèque secrète qu'ont constitué, sous les décombres, une poignée de jeunes syriens épris de liberté et de démocratie.
Delphine Minoui, nous raconte avec une infinie délicatesse la relation qu'elle a noué avec ces jeunes révolutionnaires par Skype et WhatsApp interposés. Leur existence lui a été révélée grâce à un cliché improbable posté sur un blog. Il montrait deux d'entre eux, plongés en pleine lecture au milieu de rayonnages de livres, protégés en sous-sol des ravages d'une guerre sauvage qui déversa pendant quatre ans un flot quotidien de "bombes-baril" (souvent chimiques) sur cette banlieue martyre. Des livres qu'ils s'étaient donnés comme mission de sauver.
Et c'est toute la puissance humaniste de la lecture que lui relatent quotidiennement ces jeunes, dont le destin aurait dû être tout autre, mais qui ont embrassé la révolution syrienne avec fougue et un sens de la responsabilité et un civisme exemplaires. La lecture, à laquelle peut s'adonnaient avant que la guerre n'éclate, leur est une véritable révélation. Elle est bien plus qu'une simple parenthèse dans un univers où la violence est continue, la peur permanente, le deuil régulier. Ils lui disent unanimement et selon leurs mots emprunts de gravité comme d'humour à quel point sa portée est universelle et comme elle permet à l'homme d'atteindre sa dimension la plus haute, la plus grande. La lecture leur permet de garder foi en leur cause, sans céder aux extrêmes que la guerre immonde nourrit.
Portraits émouvants de jeunes syriens dont on partage l'intimité, les amitiés, les espoirs, la dérision, la faim, et les déceptions vis à vis d'une communauté internationale inexistante à leur souffrances. Un livre à lire absolument.
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Daraya est cette « … banlieue rebelle de Damas, un des berceaux du soulèvement pacifique en 2011, encerclée et bombardée depuis 2012 par les forces de Bachar al-Assad (p. 11). » Une photo aperçue en ligne représentant deux jeunes hommes face à une bibliothèque amène Delphine Minoui à en retracer son auteur : c'est Ahmad Moudjahed, un jeune activiste de vingt-trois ans, resté dans la ville par conviction alors que sa famille a fui. Lorsque des amis lui disent qu'ils ont trouvé des livres dans les décombres d'une maison et qu'ils souhaiteraient les ramasser, il est dubitatif mais il les rejoint, et se saisissant d'un document, quelque chose s'ouvre en lui : il n'avait jusqu'alors eu entre les mains que des ouvrages de propagande. C'est six milles ouvrages qui seront « sauvés » en une semaine, quinze milles en un mois : il n'en fallait pas plus pour qu'une bibliothèque se constitue, une initiative de résistance passive, un rempart contre la guerre. Si je n'étais pas consciente du pouvoir de la littérature et de la capacité de résilience de l'être humain, impossible de ne pas l'être maintenant… Un documentaire a été tiré du livre. Vraiment un ouvrage à lire.
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J'ai lu ce livre dans le cadre du Grand Prix du Jury des Lectrices de Elle et avant même d'en découvrir la première page, j'avais lu de bonnes critiques. Alors, certes, on évoque à nouveau la guerre en Syrie et son cortège de souffrances et de morts. On a déjà eu à lire « de l'ardeur » peu de temps auparavant qui évoquait déjà ce pays déchiré. Alors, se plonger de nouveau dans cette toile d'araignée qu'est devenu ce pays, lire à nouveau les destructions, la mort ? Oui, ne serait-ce que pour ces jeunes gens dont parle Delphine Minoui : Ahmad, Omar, Shadi qui, dans une Daraya peu à peu rasée, sont restés et ont entrepris de constituer une bibliothèque pour tous. Face à un régime bien décidé à broyer ceux qui osaient remettre en cause son pouvoir, ils ont trouvé un moyen de résister. Et quel moyen ! La lecture face à la mort, les livres face à un pouvoir totalitaire, la connaissance face à l'endoctrinement mis en place par le régime. Delphine Minoui est entrée en contact avec eux, parfois difficilement quand la ville subissait les coups vengeurs de l'armée de Bachar , s'interrogeant sur cette idée un peu folle d'une bibliothèque installée en sous-sol alors que tout manque. Des entretiens qu'elle a pu avoir avec Ahmad, Omar et d'autres, on comprend que la lecture leur a révélé un monde dont ils étaient privés depuis leur naissance, un monde d'idées et non plus celles du parti au pouvoir. Un monde qui leur a donné l'espoir d'une vie différente. Mais pas seulement, on ne lit pas seulement pour s'instruire, on lit aussi pour rêver, s'évader, être touché par la grâce ou la beauté de certains textes. C'est ce qui m'a le plus touché dans ce livre, voir que dans des situations terribles, quelques mots sur du papier valent tous les réconforts possibles. Lire quand on ne peut plus pleurer, lire pour se préserver une bulle d'humanité. Certes, Daraya a été écrasée, laminée et vidée de ses derniers habitants. Ahmad, Shadi ont dû fuir abandonnant le peu qu'ils avaient derrière eux. Leur bibliothèque a été pillée, les livres éparpillés et vendus par les soldats de Bachar. de ce projet magnifique, il ne reste plus rien ? Si, la certitude que la lecture les a sauvés de l'obscurantisme. Il n'y a pas plu bel hommage fait à la lecture que cet ouvrage. Je vous le recommande.
Lien : https://labibliothequedeneko..
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Livre de reportage de guerre. Prise entre la nécessité de mieux comprendre les assauts en Syrie, et la nécessité de rendre hommage à tous les résistants qui croient en la démocratie, cette lecture a été pour moi très importante.
Pour fil rouge la bibliothèque de Daraya, c'est un ensemble de témoignages, de vies souterraines, d'humanité qui se veut vivante coûte que coûte.
L'épilogue est un bel éclairage pour prendre "des nouvelles".
Forcément je pense à l'Ukraine tout du long.
"Comment rendre visible l'invisible?" posée par l'auteure-reporter. Ses mots sont une vraie réussite.
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A une époque où le mot ‘'liberté'' est employé ad nauseam par tous les individualistes, égoïstes et/ou irresponsables qui entendent que RIEN ne doit se mettre en travers de leurs moindres désirs, lisez ce livre de Delphine Minoui : vous y retrouverez le VRAI sens de ce mot et le prix que payent ceux qui le défendent.

‘'Les passeurs de livres de Daraya'' est infiniment plus efficace que n'importe quel guide de bibliothérapie : « Dans ce sas de liberté qu'ils se sont créé, la lecture est leur nouveau socle. Ils lisent pour sonder le passé occulté. Ils lisent pour s'instruire. Pour éviter la démence. Pour s'évader. Les livres, un exutoire. Une mélodie de mots contre le diktat des bombes. La lecture, ce modeste geste d'humanité qui les rattache à l'espoir fou d'un retour à la paix. »
Le récit de la vie à Daraya assiégée, sous une pluie de bombes journalière et à portée des canons de l'armée est passionnant de bout en bout malgré des conditions de vie effroyables ; grâce à la bibliothèque souterraine organisée par quelques jeunes résistants avec des livres récupérés dans les décombres des immeubles bombardés, bibliothèque qui deviendra lieu de culture, de formation et d'échanges.

D'une certaine manière je n'ai pu m'empêcher de faire un rapprochement entre cette tragique histoire de Daraya et de ses résistants et ce qui se passe actuellement en Ukraine ; rapprochement que je vais illustrer par une citation du livre : « Sur le cadavre de la ville, et de ses centaines de martyrs, un récit en chasse un autre. Vengeur. Belliqueux. Dépourvu de nuances. D'un air triomphant, Bachar al-Assad parle du pilonnage de Daraya comme d'une mesure antiterroriste. D'un exercice d'autodéfense. (…) Il est temps que la Syrie restaure son prestige d'antan. »
Remplacez ‘'Bachar al-Assad'' par ‘'Wladimir Poutine'', ‘'Daraya'' par ‘'Ukraine'', ‘'mesure antiterroriste'' par ‘'lutte contre les nazis'', ‘'Syrie'' par Russie, et le rapprochement avec le conflit actuel en Ukraine saute aux yeux (aux miens, du moins)

En résumé : babélionautes, cet hommage aux livres et à la force qu'ils ont donné aux résistants de Daraya ne pourra que vous toucher ; lisez et faites circuler ce livre à la fois sombre et lumineux qui redonne leur vrai sens aux mots ‘'liberté'', ‘'courage'' et ‘'dignité''.
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La guerre fait ravages, les haines se déchaînent, les obus sifflent le chant de la mort. Mais la seconde où la mort est la plus violente, la vie est la mieux définie.
Là où tout s'écroule, là où les décombres enterrent la vie et couvrent la terre, un souffle reste, celui des livres qui appellent de sous la poussière, de sous le désastre.
Les hommes de guerre courent sauver les livres le temps d'un répit entre deux bombes, et ils lisent. Du fer froid qui tue ils vont vers les pages des livres, ailes fragiles d'oiseaux abattus, mais pas morts.
Les livres, c'est leur résistance, leur liberté, le pansement de leur plaies, leur force pour continuer, leur espoir pour un demain et un après-demain, leur sourire, leurs larmes et leurs éclats de rire.
Et ils les cachent et les gardent, en sous-sol, sous la terre, des pages de lumière et d'espoir dans le roman noir de leur vie.
Les nombreuses maisons qui représentaient Daraya, sont tombées, mais il reste les livres, frères humains silencieux et fidèles.
Les rêves assassinés de Omar, jeune homme assoiffé de lecture, ne sont pas morts, car dans leur silence ils ne seront jamais muets.
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Je me souviens d'un reportage TV, des gens dans un car évacués d'une ville en Syrie. J'avais en son temps était bouleversé par ces images. Des regards derrière une vitre de bus. Toute l'horreur de la guerre, des déplacements forcés.
Ce bus quittait Daraya dans la proche banlieue de Damas
En lisant Les passeurs de livres de Daraya de Delphine Minoui j'ai découvert pourquoi ce bus emmené loin des familles.
Par son écoute, son empathie Delphine Minoui nous offre un livre unique
Elle nous offre une réflexion profonde sur la réalité de la Syrie
Comment ne pas être ému, bouleversé par ces jeunes de Daraya qui vont relever un défi fou.
Daraya est une ville martyr de Syrie. Bachar El Assad est persuadé que cette ville est un nid de terroristes affiliés à al Nostra ou à Daesh
Et quand il ne pense pas cela il est persuadé que Daraya veut lui prendre une partie de son pouvoir dictatorial
Alors le régime syrien bombarde, affame Daraya.
Pendant 4 ans jours et nuits , nuits et jours
Daraya passera de 22 000 à 8 000 habitants . Des morts , des exils en Turquie.
Dans ce Daraya fracassé, des jeunes syriens vont entretenir la lumière.
Ils ont 23 ans et ils vont décider de construire une bibliothèque cachée pour eux et les gens de Daraya.
Ils vont récupérer dans les maisons bombardées tous les livres encore existants que ce soit des livres arabes,européens ou américains
Ils vont tout cataloguer et tout mettre à disposition
Il y a les enfants soldats. Il y a maintenant les bibliothécaires soldats
Ces livres sont pour eux synonyme de liberté de culture de résistance.
Delphine Minoui va nous faire découvrir ce parcours et nous convertir au bienfait de Skype Whatsapp et d'Internet et des réseaux sociaux
Ces réseaux sociaux qui sont pour ces jeunes syriens un lien primordial face à la dictature syrienne
Delphine Minoui,à la suite de ces jeunes syriens à été la passeuse de livres de Daraya
A notre tour d'être des passeurs de livre
Le livre qui par ces écrits est un vecteur de liberté de tolérance de culture.
Page 29 du livre
"Leur résistance par les livres est fascinante. ...les livres ces sédiments de la mémoire qui défient les carcans.Du temps. de l'asservissement . de l'ignorance"

A lire absolument

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Assad est un ogre qui mange des petits enfants, Erdogan est un gentil monsieur qui pourrait donner des leçons d'européité aux Européens, et l'Armée Syrienne Libre, c'est des bisounours roses qui cachent les livres et mangent des bonbons et génocident les Kur… Eh! j'ai grillé un fusible!

Décidément, ça devient de plus en plus acrobatique d'adhérer à la propagande béhachélienne (toujours la même tactique éculée pour manipulation des foules sentimentales: la mièvrerie téléphonée pour enlever l'adhésion au viol par les puissances voyous du droit international).

Oui, ça devient de plus en plus acrobatique: les fronts se renversent en six mois, les supergentilles victimes se transforment sans transition, par la grâce des médias, en ordures tortionnaires... Eh, oh, ça va trop vite, cette propagande qui se périme en 24 heures sans crier gare!

Enfin, comme c'est couronné par le grand prix d'une revue pour sièges d'attente dans les salons de coiffure, c'est sûrement une référence. Ah tiens, ils ont primé la Vargas itou? Bref, l'arbitrage ultime des élégances.

Au fait, où en est la mise à jour sur les "armes de destruction massive" en Irak? Et sur Abou Ghraib?

Il est Minoui, Docteur Schweitzer. Minoui, Minoui, ça manque d'air.
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