Eau
extrait 1
Il est des pays que je me rappelle
comme je me rappelle mes enfances.
Ce sont des pays de mer ou de fleuve,
de pâturages, de plaines et d’eaux.
Ô mon village sur le Rhône,
offert parmi fleuves et cigales ;
Antille parmi les palmiers vert-foncé
Qui sise au cœur de la mer m’appelle ;
roche ligure de Portofino :
mer italienne, mer italienne !
/Textes traduits de l’espagnol (Chili) par Laëtitia Boussard et Benoît Santini
Eau
extrait 4
Qu’elle me gagne et me coupe les souffles
l’eau âcrissime et gelée.
Qu’elle brise mon verre et en la buvant
qu’elle rende enfance à mes entrailles !
/Textes traduits de l’espagnol (Chili) par Laëtitia Boussard et Benoît Santini
Eau
extrait 2
J’ai été emmenée dans un pays sans fleuve,
terre-Agar, terres sans eau ;
Sarah blanches et Sarah rouges,
où péchèrent d’autres races,
du rouge péché des Atrides
que narrent des argiles fêlées ;
qui ne naquirent pas comme un enfant
aux bourrelets bien en chair,
quand je les entends, sans un sifflement,
quand je les croise, sans un regard.
/Textes traduits de l’espagnol (Chili) par Laëtitia Boussard et Benoît Santini
Eau
extrait 3
Je veux revenir aux terres enfantines ;
ramenez-moi à un tendre pays d’eaux.
Qu’en de grands pâtis je vieillisse
et change le fleuve en fables et en fables.
Que j’aie une source pour ma mère
et que lors de la sieste j’aille la chercher,
et qu’en des jarres s’écoule d’un rocher
une eau douce forte et âpre.
/Textes traduits de l’espagnol (Chili) par Laëtitia Boussard et Benoît Santini
Gabriela MISTRAL – Éros & Tragédie (France Culture, 1992)
Une émission des « Chemins de la connaissance », par Eve Griliquez, diffusée le 12 février 1992. Présences : Orlendo Jimeno-Grendi et Waldo Rojas.