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sur 460 notes
L'écrivain des lieux hantés par les souvenirs.
D'un livre à l'autre, Patrick Modiano ressasse son enfance. Les mauvaises langues comme moi, qui aimeraient bien maîtriser aussi bien que lui la langue, diront qu'il radote un peu trop, que ni les éboueurs, ni les pompiers, ni le facteur, n'ont réussi à lui vendre un calendrier depuis sa majorité. Les étrennes trainent.
Non content d'avoir arrêté sa montre il y a plusieurs décennies, il autopsie toujours les mêmes quartiers et des coins de province trop timides pour être touristiques. Nul doute, qu'une fois pleiadisé, en ces lieux, des pèlerinages seront organisés pour lecteurs nostalgiques.
Jean Bosmans, son double littéraire, un vrai pédigrée, sort à nouveau sa DeLoréan du garage et retourne dans le passé pour résoudre un mystère et remiser sa peine à voir ses souvenirs s'effacer. Il veut chasser le brouillard qui entoure des personnages iconoclastes croisés chez les amis de ses parents. Il va cartographier les coïncidences de son existence en découvrant les liens qui unissent toutes les personnes en orbite de la maison de la rue du Docteur-Kurzenne.
Je n'ai jamais mis les pieds à Jouy-en-Josas, ni le reste d'ailleurs, n'ayant jamais connu de Josas (désolé), ni d'Evelyne dans les Yvelines si vous voulez tout savoir, mais les romans de Modiano, m'ont presque rendu l'endroit familier. J'ai l'impression d'y avoir passé des week-ends par temps de pluie, de m'y être écorché les genoux, d'y avoir embrassé quelques filles, d'y avoir des souvenirs. C'est la magie de cet auteur nobélisé, capable de trafiquer nos mémoires.
Comme dans tous les souvenirs d'enfance, il y a toujours une part d'invention. Chez Patrick Modiano, cela devient de la fiction. L'histoire tourne autour de lieux et notamment le glaçant hôtel Chatham à Paris, devenu ici le repère des compères Michel de Gama et Guy Vincent, personnages dont l'âme sent le soufre. Bosmans ne va pas y faire pipi autour mais il va essayer de répondre à des impressions de soupçon.
Le dénouement importe peu et nous savons que cet auteur n'est pas un fin limier : il ne découvre jamais toutes les vérités. C'est un détective du flou. Nous sommes juste contents de rajouter une pièce dans le puzzle de son oeuvre.
Chevreuse rime avec berceuse et j'ai retrouvé dans cet excellent millésime la voix douce son auteur. J'avais été un peu déçu par ses derniers romans catalogués par mon irrécupérable mauvais esprit : Bonnets de nuit dans un lit douillet.
Chouette dimanche sous la couette.
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Patrick Modiano renoue avec ses premiers titres La place de l'Etoile et Les Boulevards de ceinture, publiés cinquante ans plus tôt, et baptise Chevreuse son roman dont l'intrigue est immédiatement localisée et facilite son ancrage dans la mémoire du lecteur. Notre Prix Nobel de littérature adopte souvent des titres insignifiants (Villa triste, quartier perdu, accident nocturne, l'horizon) qui, associés à des intrigues erratiques et des personnages fantomatiques, confondent le souvenir que nous retenons de ces oeuvres. Mais après tout ses livres n'en forment-ils pas qu'un ?

J'avoue donc être incapable de me remémorer Livret de famille ou Chien de printemps alors que je me souviens bien de Dora Bruder au titre fort explicite et je pense qu'il en sera ainsi pour Chevreuse.

Chevreuse nous ramène en territoire connu, celui que Remise de peine explorait en 1991, où ont vécu, ou parfois survécu, des silhouettes qui, après l'occupation, vaquent à diverses occupations parfois peu recommandables en cherchant un magot résultant du marché noir.

Le romancier restitue une époque où les taxis maraudaient, où les numéros de téléphone avaient la poésie d'un AUTEUIL 15 28, et nous rajeunit en nous promenant dans Paris et ses environs dont il nous parle en cumulant hésitations et silences … un réel plaisir pour qui aime ce style et cette atmosphère qui me régale depuis plus d'un demi siècle.
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Modiano nous emmène cette fois dans la vallée de Chevreuse, sur les traces de ses souvenirs d'enfance. Trente ans après les faits racontés dans le livre, il avait alors dix-neuf ou vingt ans (1964 ou 65), il tombe sur une carte d'état major de la vallée de Chevreuse et s'aperçoit que les distances indiquées sont beaucoup plus petites que dans ses souvenirs. C'est l'occasion de se rappeler les évènement de ces quelques mois durant lesquels il fréquentait Camille dite Tête de mort, surnom choisi pour son humour noir et certains de ses amis.

On retrouve Modiano en pleine forme, qu'on adore ou qu'on déteste, et j'appartiens bien sûr au premier groupe, sans quoi je ne me serais pas précipitée sur son nouveau livre. Sous le nom de Jean Bosmans (Jean est son vrai premier prénom), il nous emmène dans son univers magique et flou. Jean accompagne Camille et Martine Hayward, une de ses amies dans la vallée de Chevreuse pour visiter une maison que Martine a loué car son mari qui tenait une auberge désaffectée a disparu. La maison s'avère être celle où Jean vivait tout petit, quinze ans auparavant. Il n'ose pas y rentrer et attend dans la rue, la propriétaire est toujours la même, une certaine Rose Marie Krawell, avec qui il habitait à l'époque. Camille fréquente des amis louches, des sortes de mafieux qui se rencontrent la nuit dans un appartement d'Auteuil qui appartient à la même personne, Jean y va quelquefois. La journée, ce logement est tout différent, il n'y a que Kim, la baby sitter du fils de René-Marco et le petit garçon, Kim met Jean en garde contre les visiteurs nocturnes qui ne sont pas des gens bien. le jeune homme finit par comprendre que ces individus le connaissent depuis son enfance et ne comprend pas ce qu'ils lui veulent. Durant l'été, se sentant menacé, il fuit Paris et se rend sur la Côte d'Azur pour écrire un roman sur cette histoire, après quoi il ne revoit plus aucun de ces personnages, mais il connaît le secret de René-Marco, il sait où est caché son trésor, mais ce dernier ne vaut plus rien aujourd'hui.

On retrouve dans ce livre tout ce qui fait la magie de l'univers de Modiano, comme dans la plupart de ses livres, des gens peu recommandables qu'il fréquente dans sa jeunesse, la fameuse ligne téléphonique désaffectée (qui change de numéro à chaque fois mais permet toujours d'entendre des voix du passé, datant de la deuxième guerre mondiale), cette fois le numéro est Auteuil 28-15, mais Kim lui conseille de préférer le numéro actuel car l'ancien donne aussi accès à des personnes qu'il faut éviter. La guerre est très peu évoquée dans ce roman, même si on comprend que les mafieux sont d'anciens trafiquants du marché noir.

La solitude du petit Jean, gardés par des personnes pas très nettes et l'absence totale de ses parents m'ont frappée, il semble complètement abandonné à lui-même. Il se met en quête de sa mémoire, mais ses souvenirs le fuient. Camille et se amis semblent en savoir plus que Jean sur sa propre histoire, ils mettent en scène le décor pour le réveiller.

L'écriture est précise, fluide et magnifique. L'auteur sait évoquer les lieux à demi-mots et nous entraîner dans son songe. Au début il se demande jusqu'à quel point on peut rêver sa vie, et on peut tous se poser cette question. Au fil des livres, une terre émerge des brumes, comme s'ils se passaient dans un Paris parallèle et mythique, qui ne change pas, loin de l'agitation de la ville réelle. J'aime passionnément ces chemins de traverse, je me sens chez moi dans cet univers onirique et flou, j'ai envie de visiter l'auberge en ruine dans la forêt, d'entendre les voix sur la ligne téléphonique d'autrefois. La magie opère à chaque roman, même si Modiano reprend les mêmes éléments arrangés autrement et qui complètent peu à peu la carte de ce pays perdu qu'il recherche si obstinément dans son oeuvre.

Je pense que je suis tombée amoureuse de ses livres car Paris évoque aussi de vieux souvenirs. Mon grand-père emmenait chacun de ses petits-enfants une semaine à Paris pour notre quinzième anniversaire (en 78 pour moi), il était amoureux de cette ville et nous la faisait visiter avec passion. Ce premier contact était très touristique bien sûr, on visitait tous les monuments incontournables, la Seine en bateau-mouche etc. Plus tard quand j'ai gagné ma vie, je suis aussi tombée amoureuse de cette ville, j'y allais trois ou quatre fois par an, j'aime particulièrement certains quartiers. Je n'y suis plus allée depuis dix ans et je ne suis pas sûre d'y retourner un jour, mais je garde une nostalgie pour cet endroit. Les romans de Modiano contribuent à la nourrir je pense. Chevreuse est un nouveau coup de coeur, qui enchantera les admirateurs complètera ma carte du « Pays perdu » qui existe quelque part au fond de mon coeur.

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Je suis passée complètement à côté de ce livre, resté pour moi complètement hermétique et auquel je n'ai pas trouvé le moindre intérêt !
J'avais déjà dû lire du Modiano il y a quelques années, sans qu'il ne m'en soit resté un grand souvenir. Il est clair que Chevreuse ne fera pas date non plus parmi mes lectures, ou alors dans les rendez-vous manqués !
L'auteur, sous les traits de Jean Bosmans, ressasse de vieux souvenirs de son enfance et des souvenirs plus récents qui remontent à 15 ans. Il croise, recroise et re-recroise les mêmes personnages, tout le long de ces années et semble être poursuivi par certains pour un motif obscur.
On espère à la fin du roman sortir un peu du flou, Jean Bosmans, est-il paranoïaque, un rêveur patenté, un écrivain qui se perd entre réalité et fiction, est-il lui-même un autre personnage ?
Et donc ? et, ben le problème, c'est que … rien de tout cela. Les personnages se croisent, avec toujours le narrateur au centre, et c'est à peu près tout ! C'est brouillon, ennuyeux, à tel point que l'auteur nous fait même un schéma de ses enchevêtrements de personnages de peur que le lecteur décroche (p.74) …
J'ai peut-être un peu trop bloqué sur cette phrase du livre qui m'avait semblé prometteuse : « Son professeur de philosophie lui avait confié jadis que les différents périodes d'une vie -enfance, adolescence, âge mur, vieillesse, correspondent aussi à plusieurs morts successives. de même pour les éclats de souvenirs qu'il tâchait de noter le plus vite possible : quelques images d'une période de sa vie qu'il voyait défiler en accéléré avant qu'elles ne disparaissent définitivement dans l'oubli. » (p.14). J'y ai vu une clé donnée par l'auteur pour comprendre ce livre, mais à tort semble-t-il, ou alors le message m'a échappé.
La pseudo « révélation » dans les dernières pages m'a paru bien décevante, une fin bâclée, terne et prosaïque. J'aurai préféré que l'auteur reste dans le flou et l'onirique jusqu'au bout, il y aurait eu un véritable parti pris, une constance dans cette histoire et cela aurait pu apporter une touche de poésie finale en laissant au lecteur le soin de dériver, de divaguer… Là, je me suis juste pris dans la figure le fameux mur dont il est tant question à la fin…
Vraiment, non, la magie n'a pas opéré …une lecture à réserver aux aficionados. Pas la meilleure pour une première rencontre avec M. Modiano, il me semble …
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Et je retrouve cette ambiance si particulière de Modiano. Ce retour confus dans un lointain passé trouble comme déposé sur un sol humide tapissé de feuilles mortes avec une pierre dessus. Mais là c'est encore plus nébuleux. Les évènements remontent à une cinquantaine d'années mais aussi à une quinzaine d'année encore en arrière.
Tout remonte par à-coups, par rebonds.
Tout se mêle, s'entremêle.
Des hasards enchevêtrant le tout, y mettant bon ordre ou bon désordre…

Accrochez vous bien. Tout tourne, il y a un demi-siècle, autour d'une maison de Chevreuse que l'amie de l'amie de Bosmans va louer alors que lui-même l'a habitée sans leur dire. le nom de la propriétaire lui fait remonter un flot de souvenirs plus vieux encore d'une quinzaine d'année alors qu'il était un enfant âgé d'une dizaine d'années.
Et là ça devient modianisime car l'associé d'un ancien employeur de son amie était le mari de cette propriétaire.
Me suivez-vous ?

Une chose étrange dans ce texte est la consonance anglaise des noms propres, pas tous. Comme si Patrick Modiano voulait nous narrer une histoire dont les protagonistes britanniques ou américains étaient enferrés dans le moule obsessionnellement parisien de l'écrivain. Et voilà qui ajoute un trouble aux méandres des souvenirs brumeux de Bosmans

Et ce n'est pas tout car Jean Bosmans, je vous le donne en mille, est un écrivain d'environ 75 ans.

Tout est construit pour diablement mettre le lecteur sous cette pierre étouffant la mémoire de Bosmans tentant de reconstituer cette enfance confuse.
Tout comme dans notre mémoire parfois les évènements trouvent une simultanéité qui n'exista jamais, des personnages des rôles qui ne furent jamais les leurs. Lorsqu'un pathos rajoute une couche on arrive à ces totales confusions dont le talent de l'auteur est de nous faire y goûter.
L'art de nous faire pénétrer le subconscient n'appartient qu'à Modiano et moi j'adore ça…

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Jean Bosmans, le personnage de ce roman fréquente une jeune femme surnommée Tête de mort. Elle l'entraîne souvent dans un appartement à Auteuil fréquenté par des personnes peu recommandables qui finissent par s'entremêler la nuit venue, sur les canapés. Ils se déplacent beaucoup l'un et l'autre, surtout dans Paris. Un jour, il accompagne Tête de mort et Martine dans la vallée de la Chevreuse car cette dernière doit visiter une maison. C'est la maison d'enfance de Jean. Les émotions remontent et il ne pourra entrer, attendant les deux femmes sur le trottoir d'en face. Les souvenirs affluent, d'abord confus, puis se précisent au fur et à mesure des présentations de certaines personnes connues de Camille Tête de mort et déjà présentes dans l'enfance de Jean. Est-ce de la manipulation ? Que lui veulent ces gens ? À deux reprises dans sa vie, ces souvenirs reviennent.

C'est mon premier Modiano et j'ai adoré pour plusieurs raisons. L'écriture fluide, magnifique et maîtrisée, donne le ton de l'ambiance un peu glauque et mystérieuse. Les balades dans Paris et la vallée de la Chevreuse, terrain familier de mon enfance, étaient un plaisir nostalgique. L'auteur joue avec la réalité des souvenirs d'un enfant devenu adulte. le temps, la distance, la chronologie d'un fait peuvent être trompeurs et distendus. C'est un labyrinthe où le personnage et le lecteur reviennent toujours au point de départ.

Se perdre dans sa propre histoire, dans son enfance et l'écrire c'est du grand art, non ?
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Modiano l'insinue lui-même : chacun de ses romans n'est que la partie d'un tout. Un livre, un chapitre d'un roman global, d'une vie. Voilà donc un nouveau morceau du puzzle où il nous met en lévitation au-dessus des souvenirs flous de notre héros. Pourquoi ce mot, cette région, "Chevreuse" lui sont si familiers ? Pourquoi doit-il se faire patient, et nous avec, pour se re-mémorer ? C'est quoi ce groupe secret et nyctalope de personnages, presque tout droit sortis d'un bon polar des années 50. Beaucoup de silences aussi (c'est Modiano !), comme une poésie lorsque tout n'est pas dit. Un poème, ou peut-être un roman...
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Il suffit d'un mot pour que les souvenirs ressurgissent. Patrick Modiano convoque à nouveau le passé, nous parle de ce temps d'autrefois parfois flou, des trajets en voiture, de maisons abandonnées et d'un drôle d'hôtel , de filles qui fréquentent des gars peu recommandables. Toujours cette même petite musique que scandent les pas dans les rues de Paris. L'écriture de Modiano reconnaissable entre mille qui réécrit à l'infini le temps passé.


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Une fois encore je me suis laissée séduire par Modiano et son écriture si particulière, son écriture pleine de silences.
Selon son habitude Modiano part d'un détail, d'un mot qui parle à sa mémoire. Chevreuse ...un mot, une image , des mots, des images ... et la mémoire s'éveille.
D'Auteuil à Chevreuse de Chevreuse à Auteuil . C'était il y a 50 ans et même d'avantage il n'était encore qu'un enfant mais "on ne pensait pas à écouter le témoignage des enfants, en ce temps-là " C'est à cette époque là d'ailleurs qu' il a appris à se taire ou à parler le moins possible.
D'Auteuil à Nice et de Nice à la Rive gauche c'était il y a cinquante ans et eux étaient ils réels ou sortis d'un rêve éveillé?
A lire bien sûr ...

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C'est toujours un plaisir de retrouver un Modiano.
Il y a toujours un charme particulier, indéfinissable, qui fait la marque du Prix Nobel.
Cela commence par un air fredonné par un certain Serge Latour – inconnu pour moi – et ce surnom pour une femme, « Tête de mort » qui interpelle. Et puis des noms de lieu, comme celui d'Auteuil.
Et surtout le second : Chevreuse.
« Ce nom attirerait peut-être à lui d'autres noms, comme un aimant » dit l'auteur, dès le début. Et c'est bien ce qui se passe.

Le personnage principal s'appelle Jean Bosmans. Au début du roman il accompagne « Camille » alias « Tête de mort » et « Martine Hayward » visiter une maison que Martine a louée. Et c'est le début d'une remontée de souvenir, parce que Jean a habité cette maison précisément. Il se souviendra que la propriétaire s'appelle Rose marie Krawell – toujours ce goût de l'écrivain pour ces noms d'une autre époque et qui sont sa marque de fabrique.
Et il sera question aussi d'un appartement, d'un numéro de téléphone désaffecté – AUTEUIL 15.28 – et de gens étranges qui fréquentent cet appartement la nuit. Il y a sera question d'un enfant, qui habite l'une des chambres de cet appartement, de la baby-sitter qui garde cet enfant, une certaine Kim à qui Jean Bosmans va rendre visite plusieurs fois, et d'un certain René-Marco.

Quinze ans se sont passés entre les deux moments. Et près de cinquante ans avant que le personnage principal ne repense à tout cela.
Car le sujet principal, comme très souvent chez Modiano, c'est la mémoire.
Mémoire D un lieu, mémoire d'un visage, d'un numéro de téléphone d'une autre époque, d'un territoire que le personnage principal – l'auteur ? – vient revisiter en pensée. Peu importe l'histoire en fait, c'est toujours la même ritournelle et cela qui me plaît chez Modiano. « On ne peut revivre la passé pour le corriger, le meilleur moyen de les rendre définitivement inoffensifs et de les tenir à distance, ce serait de les métamorphoser en personnage de roman. » explique-t-il.

L'essentiel se trouve donc dans les blancs que le lecteur tisse de lui-même, dans ses « silences » dont parle Jean Bosmans à propos de Camille : « la prose et la poésie ne sont pas faites simplement de mots mais surtout de silences » fait-il dire à son personnage, et on a l'impression que tout Modiano est là, dans ces silences autour de l'histoire qu'il nous conte, dans le style fluide qui glisse d'une indication à l'autre sans vraiment s'arrêter et du charme de son écriture qui m'emporte d'une traite jusqu'à la fin : merci Mr Modiano pour ce plaisir de lecture
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