Villa triste/
Patrick Modiano/
Prix Nobel de littérature 2014
Ah ! Si le temps pouvait suspendre son vol !
Ce roman paru en 1975 a obtenu le Prix des Libraires 1976.
Un homme de trente ans se remémore ses dix-huit ans et les événements qui ont accompagné son errance fortunée le long des rives du lac d'Annecy dans le début des années 60.
Comte Victor Chmara et le nom qu'il s'était alors donné, lui qui se dit apatride et semble dissimuler bien des éléments de sa vie. Il fait la rencontre d'une jolie fille qui se dit actrice, Yvonne, et de son mentor, le Dr Meinthe.
Victor et Yvonne deviennent vite amants mais la suite ne va pas se dérouler comme Victor le voudrait.
Ce roman presqu'initiatique, offre une peinture saisissante d'une aristocratie surannée en villégiature sur les bords du lac. Une galerie de portraits étonnante.
Et tout ce petit monde excentrique au possible évolue dans une ambiance de mystère, de secret et de mensonge. Victor lui-même s'invente une vie et se montre attentif, prévenant, délicat et passionné pour séduire.
Cette ambiance se teinte aussi d'une certaine nostalgie pour décrire l'amitié, l'amour et la trahison tandis que l'on se promène avec Victor sur les bords du lac à la découverte de lieux mythiques.
L'écriture subtile et élégante de
Patrick Modiano comme dans ses autres
romans a vite fait de séduire même si ce n'est pas l'action qui vous tiendra en haleine. C'est plutôt un roman contemplatif et un retour vers le temps passé. C'est aussi le roman du non dit, ce qui jusqu'à la dernière ligne vous laisse supposer tout les possibles.
« Sa peau avait pris une teinte opaline. L'ombre d'une feuille venait tatouer son épaule. Parfois elle s'abattait sur son visage et l'on eût dit qu'elle portait un loup. L'ombre descendait et lui bâillonnait la bouche. »