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3,77

sur 459 notes
Un premier Modiano pour moi .
De jeunes adultes , dans une sorte de parenthèse de leur vie , flânent le temps d'un été , dans une station balnéaire près de la frontière suisse.
Au sein de cette ville fastueuse et pleines d'apparâts , ces jeunes personnages errent désoeuvrés et faussement désabusés , se donnant le genre du moment pour se fondre dans le décor et appartenir à une société mondaine qui n'en finit pas de languir d'ennui, dans la torpeur de ces gens qui n'ont que le paraitre pour unique souci .
La passion d'un jeune homme se faisant appeler Comte Victor Chmara pour Yvonne , petite starlette du moment s'exprime dans une mélancolie lente et brumeuse ...Le temps même n'en finit pas de s'étirer .

Une délicieuse impression de flottement surgit de cette écriture si particulière : Si Modiano s'attache à fournir des détails géographiques d'une précision de guide Michelin , il n'emprisonne pas ces personnages par une description fouillée ..Et cette opposition particulièrement marquée entre un décor très planté et l'absence de jalons psychologiques crée une ambiance très particulière ..

..
On se croirait dans un film de la nouvelle vague : quelle sensation étrange , apaisante , loin de toute exaltation , dans une douceur émotionnelle liée à l'écriture froide et détachée de l'écrivain .
L'imaginaire du lecteur a tôt fait d'investir les lieux et de s'approprier la vacuité des personnages : la lecture vous emporte dans une histoire unique , celle que vous choisirez grâce au talent de l'écrivain qui donne autant de liberté au lecteur !
Une belle découverte ....et une nuit imprégnée de cette ambiance Modianesque j'en redemande .
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J'avais lu ce livre il y a bien trente ans (je sais ça ne me rajeunit pas !), je ne me souvenais plus de l'intrigue mais encore de l'ambiance. J'ai décidé de le relire dans le cadre du challenge multi défis de Babelio pour l'item concernant un livre basé sur la mémoire. Ce thème est d'ailleurs récurrent dans l'oeuvre de Modiano.

Le narrateur revient douze ans plus tard, en hiver, dans une ville d'eau dans laquelle il a passé l'été 1963. La ville est un mélange d'Annecy et d'Evian, mais elle n'est pas nommée, toutefois les lecteurs qui connaissent ces deux villes les reconnaîtront facilement. Tout est désert et désolé, il voit de loin le docteur René Meinthe et c'est l'occasion de laisser libre cours à ses souvenirs et à sa nostalgie .

Durant l'été 1963, le narrateur a dix-huit ans, il a peur de la guerre d'Algérie et part se cacher dans cette ville située au bord du lac Léman (pas non nommé mais facile à reconnaître) car il pense qu'il lui sera facile de s'enfuir en Suisse si le besoin s'en fait ressentir. On ne connaît pas son vrai nom, mais cet été-là il choisit de s'appeler le comte Victor Chmara et se dit émigré russe. Il vit dans une modeste pension et évite de se faire remarquer, il se promène dans la ville et se sent séparé des autres jeunes qu'il observe de loin. Un jour il rencontre Yvonne dans le hall d'un hôtel luxueux, ils parlent, se promènent dans les jardins. le soir René Meinthe se joint à eux, il est un ami de longue date d'Yvonne. Il est homosexuel et se fait appeler la Reine Astrid. Yvonne et Victor ne tardent pas à s'installer ensemble au palace. La jeune fille a eu un petit rôle dans un film d'un réalisateur autrichien. Les trois amis passent un été de rêve, entre fêtes et évènements mondains, mais quand Victor croit à son rêve et veut lui donner corps, Yvonne refusera de s'engager. le rêve prend fin brutalement. Yvonne et René gardent leur mystère.

La nostalgie est partout dans ce livre magnifique. Des souvenirs imaginaires se mêlent aux vrais, alors qu'il se promène avec Yvonne à Evian, Victor rêve du Berlin d'avant-guerre qu'il ne peut avoir connu. Toute l'histoire est une sorte de rêve dans lequel les personnages se mentent à eux-mêmes et entre eux. Il s'écroulera quand Victor voudra lui donner une réalité et une durabilité. La langue est absolument magnifique et riche, les descriptions inattendues et originales. Même s'il ne se passe pas grand chose, l'univers de Modiano recèle une grande magie.
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Que dire de ce roman où, très honnêtement, il ne se passe pas grand chose ? le narrateur, que l'on devine être un jeune oisif passablement mythomane, se met en couple avec une jeune "actrice", oisive elle aussi... Leur vie à l'hôtel, leur vie sociale avec le mystérieux Meinthe, l'ambiance des palaces et des villes touristiques. Ne rien faire, sortir, claquer son pognon, s'enivrer de rien...
Une ambiance comme Modiano sait en créer, quelque chose de très complet, un tableau impressionniste d'une époque et d'un mode de vie.
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Nous sommes à l'aube des accords d'Évian dans une petite station balnéaire à la frontière suisse...qui a tout de la petite ville d'Annecy. le narrateur se souvient des quelques mois qu'il y a passé à dix-huit ans pour échapper à la conscription.
Il rencontre la sublime Yvonne, jeune actrice originaire de la région qui, malgré sa beauté, ne semble pas vraiment percer. Elle n'a joué que dans un obscur film pour un obscur réalisateur allemand. Ensemble, ils forment avec le « docteur » Meinthe, un homosexuel excentrique qui semble jouer un rôle dans les négociations avec le FLN, un trio inséparable. Les trois protagonistes, accompagnés du dogue allemand d'Yvonne, vont de mondanités en mondanités et participent même à la coupe Houligant. Ce concours d'élégance est en réalité le théâtre de toutes sortes d'intrigues ridicules de province.

Malheureusement, le roman porte bien son nom : il est triste. D'une tristesse enveloppante et protectrice, certes, mais terriblement ennuyeuse et terne. Dans cette ville dont on a vite fait le tour, la bourgeoisie en villégiature fait plus pitié qu'envie et le jeune couple semble terriblement paumé. L'un dans son exil qui ne parvient pas à le faire échapper à lui-même, même sous cette fausse identité de « comte Victor Chmara ». L'autre dans son incapacité à réussir dans le milieu impitoyable du cinéma et à s'extraire de son enracinement dans cette petite ville terne.

Bref, un roman qui a pour principale qualité sa longueur raisonnable tant il est ennuyeux…et triste. À éviter.

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Mille fois commencé, mille fois abandonné, je ne suis définitivement pas très attirée par cette littérature française des années 70. Mais voilà, un prix Nobel de littérature plus tard, il faut bien qu'une fois au moins je le finisse!

Ca y est. Ce fût long. Les 100 premières pages ( sur un livre qui en compte assez peu de plus), je ne comprenais pas. Les personnages m'étaient peu sympathiques, l'écriture me donnait l'impression d'avoir fait un saut dans le passé, avec les stéréotypes de l'auteur français qui se complaît dans sa langue, et cette ambiance 70's de faux riches. En fait, l'ambiance qui s'en dégage me faisait penser à ces vieilles séries comme "drôle de dames" mais sans les actions qui tenaient en haleine. Je l'ai lu en ebook et pourtant, j'avais dans les doigts la sensation du vieux papier de livre de poche et l'odeur de grenier.

Et puis, soudain, sans que je comprenne ni comment ni pourquoi, j'ai commencé à accrocher. Peut être 50 pages vers la fin, j'ai voulu savoir, j'ai voulu comprendre les personnages. Et je n'ai pas regretté d'avoir pour une fois continué! A partir de là, j'ai même été déçue du manque de suite...

En somme, si vous avez envie d'un saut dans la littérature des années 70, allez-y tête baissée. Si vous cherchez du rythme et du moderne, n'y pensez-même pas!
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Je viens d'acheter le magnifique volume sur Modiano de la collection Quatro de Gallimard. Dix romans, 1100 pages. Villa Triste est le premier roman du volume. Je l'ai terminé hier et je suis encore bouleversé. Je connaissais des romans plus tardifs de Modiano, mais dans Villa Triste on retrouve déjà le Modiano de toujours.
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Le narrateur a dix-huit ans en 1962. Il a fui Paris pour une ville proche de la Suisse, non désignée mais qui est semblable à Annecy, par peur de la conscription pour la guerre d'Algérie. Il rencontre une jeune femme éthérée, Yvonne, qui a joué dans un film et qui rêve mollement de devenir actrice. Souvent accompagnée de René Meinthe, un homosexuel provocateur et excentrique, elle se laisse entraîner dans des soirées louches et participe à un concours d'élégance qu'elle remporte. le narrateur, qui se fait désormais appeler Comte Chmara, partage la chambre d'hôtel d'Yvonne, qu'ils ne quittent qu'avec regret pour suivre Meinthe dans ses nuits parfois mystérieuses. Elle veut être actrice, Chmara, être écrivain. Il organise leur départ en Amérique sur les traces de Marylin Monroe et d'Arthur Miller
Dans ce livre qui est son quatrième roman, Patrick Modiano, se pose dans une ville moyenne de province, triste en hiver avec ses militaires qui transitent en gare et ses notables qui s'ennuient, de villégiature et plus animée en été avec ses soirées mondaines et ses touristes plus ou moins conventionnels.
Yvonne et Chmara sont pris de torpeur, en apesanteur. Quand Yvonne emmène Chmara chez son oncle, garagiste dans un faubourg de la ville, un calme les envahit : « Une nouvelle vie aurait pu commencer à partir de cette nuit-là. Nous n'aurions jamais dû nous séparer. Je me sentais si bien entre elle et lui, autour de la table de jardin dans ce grand hangar qu'on a certainement détruit depuis ».
Dans ce roman, plus que dans le suivant « Livret de famille », plus directement autobiographique et factuel, Patrick Modiano installe son style et sa magie qui s'épanouiront totalement à partir de « Rue des boutiques obscures ».
Ce livre, tout en atmosphère, donne envie de revoir Annecy, son lac, ses ombrages, ses avenues, si délicieusement décrits.
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Modiano, pour moi, c'était du passé : oubliée sa "Rue des boutiques obscures", déserté son "Café de la jeunesse perdue". Je ne pensais plus à le lire et, à vrai dire, aujourd'hui, j'en suis à me demander si je l'ai vraiment lu, le "Café..." D'ailleurs je ne lis pratiquement plus, occupé que je suis à la construction de mon magnum opus à moi.
Son prix Nobel de 2014 avait un instant remis le projecteur de mon attention sur cet auteur de mon âge, mais la banalité décevante de son discours de réception me l'avait fait vite oublier.
Un an auparavant, son éditeur, Gallimard, avait sorti un livre de 1088 pages, toutes signées Modiano. Il s'agit en fait de la republication de dix de ses romans.
J'ai de la chance, pour la fête des pères 2017, on me l'a offert. Alors, par politesse, j'ai lu le premier de ce volume, Villa triste.
Villa triste
(Gallimard, 130 pages, 1975, Prix des Libraires 1976. Impossible de vous donner le prix de vente, occulté par une pastille bleue, c'est un cadeau.)
Un garçon flou, incertain, dont on ne sait pas grand-chose sinon qu'il n'est pas ce qu'il prétend être, une grande et belle jeune femme molle, paresseuse, lascive, au passé mystérieux.
Un soi-disant médecin, probablement pervers, peut-être espion, peut-être ange gardien, une ville d'eau, brièvement réveillée pour la saison d'été, avec ses pianos de la plage, ses airs de rumba, ses concours d'élégance, ses oisifs, leurs automobiles, leurs femmes et leurs chiens, d'interminables après-midi, allongés n'importe où dans une chambre de palace, à regarder la lumière baisser, à faire l'amour, sans jamais le décrire ni même le dire, au son feutrés des balles de tennis, une atmosphère à la Souchon...
Un roman à lire l'été, mais pas un "roman de l'été" ; on en sort tout ensommeillé, comme après une longue sieste,
On dirait presque un premier roman, presque un chef d'oeuvre de débutant.


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N°1652- Juin 2022

Villa tristePatrick Modiano – Gallimard .

« Il faut boire jusqu'à l'ivresse, sa jeunesse » comme le chante Charles Aznavour . Victor Chmara a bien 18 ans, c'est un garçon modeste qui s'invente pour la circonstance un titre de comte mais traîne son ennui dans cet hôtel au bord du lac près de la Suisse. Il regarde les gens autour de lui comme s'il était au théâtre, ce vague docteur Meinthe qui se fait appeler « la reine Astrid, la reine des Belges » et qui ressemble à un vieil acteur, Yvonne Jacquet, une jeune et frivole actrice de cinéma avec qui il aura une brève relation amoureuse. Il fera un passage dans sa vie et on parle même de mariage à leur sujet. Sa jeunesse à lui est indolente et artificielle quand des jeunes comme lui se battent et meurent en Algérie et chacun se compose un personnage, avec des dialogues en sourdine, dans une sorte de lumière blafarde d'aquarium et une ambiance frivole de raout mondain. Tout commence entre eux comme une sorte de période d'observation dans un décor irréel, des non-dits, des silences et des parfums capiteux. Dans cet univers tout est mélancolique, le décor du lac avec son bateau, un vieux rafiot qui en fait le tour, le funiculaire, une vieille Dodge et même le chien d'Yvonne. le temps passe les masques tombent, les projets qui ressemblaient à des châteaux en Espagne s'évanouissent et le quotidien reprend le dessus, c'est à dire, toutes égales par ailleurs, l'ordinaire de la vie. de tout cela je retiens une grande superficialité, une solitude pesante des personnages et je ne suis pas sûr que Victor ait été enivré par sa jeunesse.
Quand je lis un roman de Modiano, c'est à chaque fois la même chose, j'ai l'impression d'être dans une autre dimension, dans un autre monde et j'aime bien.
L'auteur, comme il en a l'habitude, explore le passé, un passé vieux de 12 années. Nous sommes dans les années 60 et c'est une page qui se tourne, avec ses projets avortés, ses trahisons , cette fuite pour échapper au quotidien et sûrement à la guerre...
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Quel bonheur de pénétrer dans « villa triste » ! j'ai oublié ces livres lus dernièrement, si terre à terre, ou violent, ou réalistes ou…Là, je me suis mise sur le mode « pause » et je suis retournée avec l'auteur qui revient 10 ans après, là où, âgé de 18 ans, il a séjourné sur les rives du lac d'Annecy, fuyant la perspective de se faire enrôler comme soldat dans la guerre d'Algérie. La Suisse ne serait pas loin pour s'y réfugier.
Charme suranné, images en noir et blanc des souvenirs imprécis, avec peu de descriptions, mais beaucoup de petites touches précises très évocatrices, écriture épurée et si travaillée, Modiano réussit à nous balader dans ce passé sucré salé. C'est magique.
Ce faux comte Victor Chmala rencontre Yvonne, actrice en herbe et le mystérieux René Meinthe, tous les deux plus âgés. Amoureux, notre narrateur va vivre avec eux quelque temps, de balades en automobile, promenades autour du lac, palaces, concours Houligant, et puis le chien d'Yvonne, cet énorme dogue dépressif, si aristocratique et que j'ai si bien imaginé. La guerre est présente aussi à travers les activités mystérieuses de René et son homosexualité déclarée. Et puis l'indolence de ses deux amoureux trainant, au sens propre, dans la Villa triste, avec ces appels téléphoniques à minuit, la sonnerie qui grelotte dans la nuit...
Mais Victor croit à ses rêves et veut partir en Amérique quand Yvonne, elle, reste dans l'immobilisme, cette « paresse de l'algue », accrochée à son rocher.
En fait, tout est incroyablement élégant dans ce livre, des personnes aux paysages.
Comment ne pas penser à Scott Fitzgerald et à notre cher Gatsby ?
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