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Tina Calogirou (Traducteur)
EAN : 9782379353000
176 pages
Alisio (24/08/2022)
4.08/5   6 notes
Résumé :


Vous êtes désarçonné par la riposte de votre chef qui, en seulement trois mots, a mis fin à votre objection ? Ou par votre collègue qui vous cloue le bec par des attaques personnelles sans fondement ? Face à ces personnes qui refusent d’argumenter et qui déjouent les règles de l’art oratoire classique, oubliez le discours « thèse - antithèse - synthèse » et adoptez de nouveaux codes.

En analysant des confrontations politiques comme cel... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un ouvrage d'utilité publique, surtout si vous êtes de ces personnes qui ont une confiance absolue et naïve dans le pouvoir de l'argumentaire. Car face à certaines personnalités, qui fonctionnent diamétralement autrement, l'échange peut facilement tourner à l'aigre. L'auteur commence par rappeler la "double malédiction de l'incompétence" abordée dans les sciences de l'éducation : ne pas savoir est une chose, mais ne pas savoir qu'on ne sait pas, là est souvent l'écueil... Les adeptes de la dialectique et de l'analyse restent ainsi souvent pantois face à la répartie redoutable de ceux qu'ils considèrent comme des ignorants (qu'ils soient d'ailleurs de bonne volonté ou de mauvaise foi, c'est un peu comme le bon et le mauvais chasseur pour les connaisseurs).

Car les outils communicationnels utilisés par ces derniers ne se fondent pas sur le raisonnement, il s'agit plutôt pour eux, lors d'échanges conflictuels, d'effectuer une sorte de performance. Cette prestation scénique, sorte de danse qu'ils maitrisent et dont ils savent qu'elle placera certains locuteurs en état de sidération, est dénuée pour eux d'affect, incarnant simplement leur mode de communication privilégié.

Il est donc important pour l'avenir de la démocratie de mieux comprendre ces deux système qui coexistent et s'entrechoquent souvent. L'auteur l'illustre très justement avec les analyses des débats successifs entre Hillary Clinton et Donald Trump (maître de l'art de l'ignorance s'il en est), particulièrement édifiants : la première s'estimant plus légitime, ayant une connaissance aiguë des dossiers et une analysé plus aboutie des situations et problématiques et pourtant, se retrouvant régulièrement mise en difficulté par quelques formules vides ou gestes outranciers.

Ce choc des modes communicationnels, dont ces exemples sont désormais considérés comme "cas d'école", doit être pris en compte par ceux qui doivent échanger avec de tels interlocuteurs. L'on considère ainsi qu'il existe deux systèmes communicationnels, l'un horizontal et l'autre vertical. Chaque humain utilise de manière privilégié l'un ou l'autre, mais nous sommes en théorie tous aptes à manier les deux, ou du moins à décrypter celui de l'autre. Alors que les personnes horizontales axent l'essentiel sur le contenu et l'équilibre, celles qui utilisent le mode vertical sont plus réceptives aux messages de pouvoir et de rang, en particulier non verbaux,et aux stratégie de territoire. Lorsque deux personnes échangent sur des modes différents, c'est un peu comme si elles parlaient deux langues étrangères l'une à l'autre. Aucun jugement de valeur n'entre alors en compte, c'est juste le mode de communication qui diffère et ne permet pas un échange productif.

L'auteur détaille ainsi les trois niveaux d'escalade constatés lors d'échange verbaux "conflictuels". le high talk, qui se fonde sur l'argumentaire et l'échange "diplomatique", le basic talk, dans lequel on passe à une expression presque lapidaire, en répétant simplement si besoin le message réduit à son strict minium ou en recourant à des "formules toutes faites", puis le move talk, qui s'appuie sur le langage corporel et les jeux de scène pour assoir son rang et faire valoir sa supériorité. de fait les adeptes d'une communication horizontale utilisent de façon privilégiée le premier échelon, mais sont déroutés lorsque leurs interlocuteurs "verticaux" recourent aux deux autres, qui sont pour eux le mode communicationnel le plus adapté et pertinent. Pour parvenir à s'entendre et à s'écouter il s'agit donc de recourir alternativement à ces trois modes, en fonction de celui utilisé par le locuteur, qui lui fera tout pour éviter le premier niveau, surtout lorsque la conversation porte sur un domaine d'incompétence manifeste pour lui.

L'auteur donne quelques astuces pour parvenir à alterner ces systèmes linguistiques différents. Comme toujours c'est une question d'entrainement et d'évaluation du niveau de l'échange ; pour les personnes "horizontales", se préparer au pire et le mettre en scène en amont avec d'autres permet de pratiquer et d'affuter ses répliques ou son jeu. Lorsque l'on est décontenancé par les propos d'un interlocuteur "vertical", il est également conseillé de laisser un silence, de passer en move talk le temps de se reprendre, puis de réduire ses phrases au stricte minimum en ralentissant son débit de parole, de répéter ces formules simplistes voire toutes faites plusieurs fois si nécessaire, le tout avec aplomb. Passer en mode "maître Yoda" en somme, cela permet en plus de dédramatiser la situation et son propre désarroi. Peter Modler termine cet ouvrage édifiant avec une sélection de quelques formules impersonnelles à utiliser en cas de "légitime défense", comme "l'avenir nous le dira", "sans commentaire". Il donne quelques astuces pour désarçonner les menteurs pathologiques, en posant quelques questions sournoises et liste les dix règles d'or qui vous permettrons de survivre à toutes les situations.
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Dans “L'art de parler avec des crétins”, l'auteur propose une plongée audacieuse dans les méandres de la communication interpersonnelle, se concentrant sur les interactions avec des individus perçus comme difficiles ou moins compétents. Cette exploration se situe dans un contexte où la communication est souvent considérée comme un art subtil, nécessitant tact et diplomatie.

D'emblée, le livre se distingue par son titre provocateur et son approche non conventionnelle. L'auteur cherche à équiper le lecteur avec des stratégies pour naviguer dans des conversations complexes, souvent chargées d'un déséquilibre de pouvoir ou d'une incompréhension mutuelle. le coeur de l'ouvrage repose sur l'idée que certaines interactions exigent des techniques de communication spécifiques, particulièrement lorsqu'on se sent confronté à de l'ignorance ou à de la maladresse verbale.

L'un des aspects les plus intrigants du livre est sa profonde analyse des dynamiques de pouvoir dans la communication. L'auteur examine minutieusement le langage non-verbal, le positionnement physique et l'utilisation du silence, offrant ainsi des perspectives enrichissantes sur des aspects souvent négligés de la communication. Ces observations sont appuyées par des exemples concrets, rendant les concepts plus accessibles et pertinents.

Cependant, le livre n'est pas exempt de défauts. La classification simpliste des interlocuteurs en “crétins” est une approche qui manque cruellement de nuance. Cette étiquette, potentiellement dégradante, risque de stigmatiser certains types d'interlocuteurs et de simplifier à outrance la complexité des interactions humaines. de plus, l'utilisation de ce terme pourrait être perçue comme manquant de respect et d'empathie, qualités essentielles dans tout échange constructif.

En outre, bien que l'ouvrage offre des stratégies de communication intéressantes, leur applicabilité pratique peut être mise en question. Les lecteurs pourraient trouver certaines techniques peu adaptées à leurs contextes personnels ou professionnels, voire les percevoir comme manipulatrices. Cette approche utilitariste de la communication peut donc s'avérer limitée dans sa portée et son efficacité.

En somme, “L'art de parler avec des crétins” est une lecture qui stimule la réflexion, mais qui pourrait gagner à adopter une perspective plus empathique et nuancée. Malgré ses aperçus utiles sur les dynamiques de communication, son utilité pratique et son approche manichéenne peuvent soulever des questions et susciter des débats. Ce livre s'adresse à ceux qui cherchent une perspective différente sur la communication, mais il est conseillé de l'aborder avec un esprit critique et ouvert.
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Il n'est guère motivant d'avoir un supérieur hiérarchique qui fait peu de cas de la vérité. Qui affirme aujourd'hui le contraire de ce qu'il a dit hier ; qui déforme les faits en sachant pertinemment qu'il ne dit pas la vérité ; qui omet délibérément des détails déterminants, créant ainsi une impression totalement erronée. Dans toutes les langues du monde, il existe des périphrases pour qualifier ce genre de comportement. Mais si on veut dire les choses clairement, on parlera tout simplement de mensonge. [...]
Il en va tout autrement si mentir est devenu une seconde nature chez un supérieur. Dans ce cas, le travail en confiance n'est plus possible, et les équipes passent en mode survie : je fais mon travail de mon mieux et je me tiens loin de cette personne. Si je ne peux malheureusement pas l'éviter, je me prépare au fait qu'il va falloir, d'une manière ou d'une autre, réparer les dégâts provoqués par ses mensonges. Ou je cherche un autre job ailleurs. (pp. 125-126)
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Pour être en mesure de contrer les tactiques rhétoriques des ignorants, il faut prendre la peine de décrypter leur comportement et de comprendre la dextérité avec laquelle ils utilisent des outils de communication allant à l'encontre de toutes les règles que nous avons apprises à l'école et à l'université, mais qui peuvent se révéler redoutablement efficaces. Les arguments y jouent un rôle extrêmement accessoire. Le bon vieux principe thèse-antithèse-synthèse, où l'on présente ses arguments, avant de faire la synthèse ? Quasi obsolète. Une présentation factuelle et sobre, sans grands mouvements physiques ? Dépassé. L'ignorant ignore tout cela. Il agit très différemment et arrive à ses fins. (p. 10)
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En parler simplement ne suffit pas non plus. J'ai besoin d'avoir vécu ce que je ressens lorsque je me trouve devant le conseil de surveillance, que j'ai présenté toutes mes données et que, là, quelqu'un lâche une remarque désobligeante sur ma coiffure ou le motif de ma cravate, sans aucun rapport avec le sujet et avec pour seul but de me déstabiliser. Que faire dans ce cas ? A quel point cela me fait-il perdre tous mes moyens ? Comment me défaire de la paralysie, comment surmonter l'effroi, comment agir avec assurance malgré la pression ?
Très souvent, ce n'est pas en misant sur mon sens de la répartie, ce qui génère encore plus de pression. Car, dans ce cas, j'essayerai désespérément de trouver une réplique géniale qui ne blesse personne, qui neutralise l'attaque, qui atteste de mon haut niveau de culture et qui de surcroît est drôle - tout ça çà la fois. Dans de rares cas, cela fonctionne. Mais, la plupart du temps, cela ne marche pas.
En s'entraînant à réagir à ce type de situations par des jeux de rôles, on se rend compte, qu'en général, c'est précisément ce désir de trouver une bonne répartie qui agit comme une barrière, conduisant au blocage du cerveau. En testant les différentes possibilités de réaction par ces jeux de simulation, d'autres moyens de sortir de cet état de sidération apparaissent souvent.
Généralement, dans un premier temps, cela ne passe même pas par les mots, mais par de petits mouvements... (p. 54)
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Rappelons les trois niveaux d'escalade dans un système de conflit vertical : le niveau le moins efficace est le high talk - un discours verbal élaboré, argumentatif et riche en données factuelles. Beaucoup plus efficace, dans ce type de conflit, est la basic talk : verbal, certes, mais pas intellectuel pour autant - simple, court, répétitif. Le niveau le plus puissant est le move talk : des mouvements délibérés, exécutés dans l'espace avec ses membres ou le corps entier.
Dans cette gradation de l'agression à trois niveaux, une double règle s'applique : une fois que l'adversaire est passé à une efficacité supérieure, il est inutile de revenir soi-même à un niveau inférieur. De plus, le camp qui a subi l'attaque doit se mettre au niveau langagier de l’adversaire, voire monter d'un cran pour passer au niveau supérieur. Pas ad vitam æternam, mais jusqu'à ce que l'on atteigne au moins un pat ou que l'interlocuteur émette des signaux clairs qu'il est de nouveau disposé à écouter. Là, on peut redescendre au niveau zéro. (pp. 62-63)
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Retenons ce qui suit : dans le système vertical essentiellement, l'ignorance célébrée avec ostentation fait partie des outils habituels. Elle va de pair avec les jeux de rang et de territoire qui y sont pratiqués. [...] Dans le système horizontal, l'ignorance est mise en œuvre de manière indirecte et plutôt en coulisses. [...]
Au sein de ce système vertical, l'affrontement va s'intensifier en trois temps : on passe du high talk au basic talk, puis au move talk. Les communicateurs horizontaux considèrent majoritairement que le high talk est la seule véritable forme de discussion. Souvent, ils ne remarquent même pas que l'autre camp pratique une escalade pour passer à des niveaux très différents. Tandis que les utilisateurs du high talk pensent avoir en face d'eux des gens de leur acabit et défendent une logique de contenu, à grand renfort de mots, leurs adversaires - avec une virtuosité qui leur est propre - sont déjà passés au basic talk et au move talk, souvent avec des effets dévastateurs (pp. 27-28)
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