Juste après la guerre, surtout vers les années 50, la Roumanie partage l'expérience culturelle de l'Union soviétique, en montrant plus d'intérêt pour le dessin animé que la bande dessinée. Elle subit le contre-coup d'un isolement culturel, et le monde de la B.D. se voit privé de toute importation, à l'exception de Vaillant, Pif-Gadget, qui exercent une certaine influence sur B.D. roumaine des années 50 et 60.
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Grâce à la création, par l'Ambassade de France en Roumanie, d'une bibliothèque française à Bucarest, en 1969, des albums de B.D. comme Astérix ou Tintin furent enfin connus, et rencontrèrent un vif succès. D'autres pays suivirent l'exemple de la France.
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Notre époque est à la nostalgie. Nous nous penchons sur de vieux grimoires, cherchant dans la craquelure du papier, la jaunissure qui le nimbe de quelque tendresse, les signes d'un bonheur disparu, d'enfances effondrées, d'un temps qui a glissé dans la nuit immobile des silences éternels. Et le miracle de la mémoire fait renaître nos compagnons, nos complices d'antan. Ceux qui partagèrent nos premiers émois, les éveillèrent, nous ouvrirent les portes de l'aventure. Prisonniers que nous étions alors de la prudence familiale, qui nous maintenait dans la quiétude, et la solitude où se façonnent les désirs les plus aigus, se préparent les plus grandes frustrations.
Ces compagnons bavards, remuants, narquois, malicieux, qui osaient pour nous l'impossible, s'agitaient dans des cadres qui, dans leur successeur linéaire, tissaient comme une tapisserie. C'était une bande dessinée.
Jean-Jacques Lévêque (Préface)
Le manque [en Roumanie] d'informations et de contact avec l'Occident se fait, dans ce dernier cas, cruellement sentir. Et l'on assiste à un progressif désintéressement des éditeurs, au moment même où la création s'améliorait.
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Le Journal de la BD, spécial confinement N 14 avec Mircéa Arapu - 23 avril 2020