J'avais apprécié l'essai de
Camille MOREAU de 2022 "
Lire écrire jouir quand le texte se fait chair" qui abordait les influences réciproques entre la littérature érotique et nos expériences érotiques, entre le fantasme enflammé par nos lecture et le passage à l'acte, entre le rêve et la réalité. Déclaration d'amour à la littérature érotique, source d'éveil et d'émancipation. Rien de vulgaire chez
Camille MOREAU, au contraire, elle tire l'érotisme vers le haut, loin de la pornographie sans histoires :" Ayons des moeurs légères, mais ne les pensons pas avec légèreté.", écrit-elle.
Dans cet autre essai de 2021, on retrouve les mêmes thématiques mais ici
Camille MOREAU se mouille érotiquement puisqu'elle glisse abondamment des anecdotes vécues, se met à nue en nous dévoilant son mode de fonctionnement érotique, comment dans sa vie s'interpénètrent l'amour de la littérature érotique, le plaisir à jouer avec le langage et le texte, les initiatives pour traduire en actes le fruit de ses fantasmes et de son imagination. Elle est une écrivain de l'amour en actes, et nous apprend que, depuis toujours, elle retranscrit toutes ses expériences. Peut-être aurons-nous la chance de lire un jour ses carnets de sa vie sexuelle selon le modèle amélioré d'
Anaïs Nin, qui elle, malheureusement, a renoncé à partir de 1939 à relater sa vie sexuelle et affective dans son Journal.
Camille MOREAU redonne ses lettres de noblesse au mot libertinage. Elle se déclare une femme libre. Elle se veut exploratrice. Elle aime les gens qui osent. Comme elle l'affirme dans sa conclusion : "Devenons des personnages de roman. J'ai bâti mes expériences dans l'idée qu'elles pouvaient être aussi grandioses que celles que je lisais dans les romans. Si l'on embrasse l'idée que l'érotisme est une fiction réalisée, alors c'est un monde de plaisirs qui s'ouvre, aussi vaste que le langage."
Cet essai est joyeux et plein d'énergie. Il est vraiment stimulant et offre de multiples pistes d'exploration pour tous ceux qui voudraient enrichir leur vie érotique en associant leur goût pour la littérature, pour le langage, pour les mots et leur appétence pour les joies de la chair. Il n'y pas d'âge pour s'engager dans cette voie, au contraire, quand les corps s'émoussent, l'imagination et l'esprit peuvent toujours prendre le relais.
Joignons le geste à la parole !
Il ne me reste plus qu'à espérer croiser une gente dame de profil idoine à qui j'oserai offrir, ultime hommage et clin d'oeil à l'auteure, ce
Manifeste d'Erotologie, en espérant que la cible, émoustillée et comprenant le message, veuille bien entrer dans une joute érotico-littéraire pleine de promesses et de joies entrevues...