Je t’écris
Par la bouche des branches où des oiseaux fleurissent
par les mille niches du silence
et par la peau du lac tendue comme un tambour
je t’appelle et te crie
Dans la corne brouillée de ce matin qui monte
dans le porte-voix du petit soir de sept heures
et par le corridor exsangue des rues mortes
je t’appelle et te crie
Par toutes les eaux blanches à l’orée des champs mûrs
par la proue et la poupe des îles
par les paumes pressantes de l,air
je t’appelle et te crie
À travers les grilles briseuses de mon corps
à travers mes fenêtres abouchées au ciel d’eau
la tête séparée par les larmes du cœur
je t’appelle et t’écris…
Les mots
Les mots
fruits de nos feux dans l’âme
tournoieront dans les remous de l’eau
avec le bruit noyé des hélices
nous ne verrons plus qu’une tache blanche
qui bouge
rien qu’un amour subtil au ventre de la vague
Tout au fond
Tout au fond dedans moi les mots se sont couchés
Sans parfum ni couleur la palette est séchée
Dedans moi tout au fond se sont couchés les mots
Comme une source more le verre n’a plus d’eau
Les mots son étendus sans vie au fond de moi
Tel un endroit blessé mon amour reste coi
Abattus morts les mots dedans moi tout au fond
Je ne puis même dire la peine qu’ils me font