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EAN : 9782764605813
390 pages
Boréal (15/05/2008)
3.86/5   28 notes
Résumé :
Dans Les Aurores montréales, Monique Proulx nous a en quelque sorte donné le livre définitif sur la ville. Elle a su y rendre, de façon inégalée, le paysage urbain et toute la faune qui s’y agite. Ce nouveau roman pourrait bien être le livre définitif sur la campagne – sur la « champagne », ainsi qu’on désignait au Moyen Âge tout territoire s’étendant hors de la ville.

Avec cette écriture ferme, exacte, chatoyante qu’on lui connaît, Monique Proulx f... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce roman raconte moins une histoire qu'il nous fait vivre un moment dans l'univers des chalets, des domaines de plaisance et des petits chemins de campagne (« champagne » est d'ailleurs l'ancienne épellation de « campagne » comme l'auteure l'explique), où une petite communauté de québécois existent au sein d'une nature omniprésente, bien que menacée.
Cette force fragile de la nature est à mon avis ce qui ressort de plus beau de ce roman et particulièrement lorsqu'il est question de la nature humaine. L'écriture, variant en subtilités pour suivre l'esprit des personnages, nous fait très bien sentir les caractères, l'effet de l'âge, des lieux, des évènements passés, des angoisses, des consommations. On trempe littéralement dans la vérité de ce qui se passe au cours de notre lecture.
J'ai également beaucoup apprécié l'humour très british de l'auteure, humour souvent très noir, voir glauque, au point où certains ne le décèleront probablement pas et y trouveront plutôt un objet d'agacement.
Mais, comme la nature, le texte comporte sa part de fragilité dans sa puissance. Proulx a en effet tendance à lancer de grandes phrases péremptoires qui ne fonctionnent que dans l'économie du roman, voir, parfois, dans le cadre encore plus restreint d'un chapitre ou d'un seul court passage. J'apprécie plus que tout des phrases qui font réfléchir et qui peuvent être utilisées presque universellement, comme, par exemples : « En se résignant, le malheureux consomme son malheur. »(Balzac), ou encore, « On a voulu, à tort, faire de la bourgeoise une classe. La bourgeoisie est tout simplement la portion contentée du peuple. »(Hugo), mais on trouve plutôt ici ce genre de phrases : « Tant de choses dans la vie, y compris la vie elle-même, ne font que descendre. »(11), ou encore « Les souvenirs heureux sont des armes fourbes qui vous saignent à blanc. »(342) qui, formulées de la sorte, résonnent plutôt maladroitement.
Il y a également la présence de passages réflexifs et de points d'informations, souvent entre parenthèses, qui n'ajoutent rien au roman et qui nous sortent de la vérité littéraire que l'on vit à la lecture de Champagne.
Ceci étant dit, le roman est vraiment réussi.
Lire Champagne, c'est un peu comme passer une saison en forêt. le contact réel avec la nature nous sensibilise forcément à sa beauté, il nous conscientise face aux périls qu'elle court bien d'avantage que n'importe quel discours moralisateur. Et lorsqu'on termine notre lecture, un peu comme à la fin des vacances au chalet, on a la nostalgie des arbres, des bêtes et de nos semblables qui sont restés là-bas.
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Au bord du lac de l'Oie dans les Laurentides se cotoient des amoureux de la nature venus se réfugier loin des contingences bruyantes et aliénantes de la ville. Lila Szach est la propriétaire de ce domaine qu'elle défend jalousement. D'autres écorchés de la vie sont venus se réfugier sur ces terres préservées : Claire qui écrit des scénarios, Simon et son kayak, Jérémie le neveu de Simon, Violette qui fuit l'horreur de sa vie. Autour d'eux rôdent les Clémont, prédateurs inquiétants.

En pleine nature, l'être humain a tendance à revenir à l'essentiel, à retrouver l'accord perdu avec ce qui l'entoure. Si Lila aime se rouler dans la mousse, Simon préfère se laisser porter par l'eau sur son kayak pour que ses soucis coulent dans les tréfonds du lac. Dans l'innocence de l'enfance, Jérémie quant à lui communique avec les exprits de la nature. La forêt devient à la fois lieu de guérison et d'émerveillement pour ces êtres déracinés, perdus dans un monde trop grand pour eux.

"C'était l'été, comment avait-elle osé douter de l'été ? c'était l'été dans son infinie luxuriance, trente degrés à l'ombre et le soleil au zénith, c'était l'aboutissement grandiose de toutes les explosions commandées par le jeune roi été, et elle Lila Szach, mortelle si incomplète, on lui permettait de se rouler dans la jeunesse parfaite de l'été aux côtés des grives solitaires, des frédérics mélodieux, des rudbeckias, des marguerites foisonnantes, de la sève ruisselant aux doigts des épinettes, des petits chevreuils sur leurs pattes de deux mois, des vanesses amiral aux robes de satin noir et blanc, des maringouins à la musique aigrelette et des chanterelles recommencées, des sublimes chanterelles..." p. 180

La nature qui entoure les êtres est aussi source d'apprentissage, ils retrouvent leur statut animal, avec ses pulsions, ses heurts, la paix intérieure ne s'offrant pas si facilement. Mais ils prennent aussi conscience de la beauté du monde à préserver, à observer dans un amour inconditionnel pour l'infiniment petit.

"Elle se voyait affalée sur elle-même à dorloter sa noirceur et à en redemander et ça lui faisait soudain horreur. Quitte ça, quitte ça. Elle sortait de sa tête à grands coups de respiration et elle recommençait à voir et à entendre, les fougères, les monotropes et les pyroles, et tout ce temps la cigale qui n'avait pas cessé de l'interpeller ni les frédérics et les troglodytes de s'épuiser en récital, et elle se redressait vite au risque de s'occasionner des étourdissements - quel sacrilège d'ignorer les vrais spectacles réjouissants pour s'en inventer des douloureux, quel sacrilège et quelle sottise." p. 173

Cette nature millénaire leur apprend la vie qui passe et ne revient pas, comme les saisons, la mort qui les guette au détour d'un chemin, les épreuves de la vie, faites de hasards et d'aléas...

Lila est comme la grande prêtresse des lieux, sauvage et humaine à la fois. Elle enseigne au petit Jérémie la sagesse , en transformant par exemple son "Faites que le mois d'août n'arrive jamais." en "Faites que je traverse le mois d'août sans encombre." "Tout était dit dans cette formule en apparence anodine. Ne crois jamais que les obstacles - en l'occurence le mois d'août- vont se dissiper par miracle. Ne crois jamais que tu ne pourras pas les affronter." p. 175

Un récit magnifique aux confins du monde qui nous enjoint à ne pas perdre notre capacité d'émerveillement !
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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En lisant ce livre, j'avais l'impression désagréable de lire non pas un roman mais un scénario. Bien sûr, les descriptions— de la nature surtout — ne manquent pas mais je les ressentais presque des indications au directeur de la photographie. Ce qui concourt à cette impression c'est le découpage en chapitres qui n'ont presque rien à voir les uns avec les autres où tous les personnages sont secondaires et traités de façon à éveiller la curiosité du lecteur sans jamais la satisfaire. Oui, ça m'a fait penser à une série télé même si je les regarde jamais, justement à cause de cette impression d'être mené en bateau: si vous voulez en savoir plus, ne ratez pas le prochain épisode. Et immanquablement, l'épisode suivant est tout aussi frustrant que le précédent, riche en narration mais pauvre en développements. Par moments, on se croirait même dans un documentaire sur les arthropodes ou autres bestioles, champignons ou même parties du corps humain, une leçon de choses agaçante à force de détails scientifiques. Et les personnages sont un peu outrés dans leurs traits de caractère, trop heureux ou pétris de trop résilience pour être humainement vraisemblables. Bien sûr, je ne suis pas insensible à l'écriture foisonnante et qui semble couler de source mais cette facilité même a fini aussi par m'agacer; comme le titre du roman, d'ailleurs qui sonne à mon oreille comme un faux-sens...
C'est peut-être dur mais je ne mets pas plus de trois étoiles pour ce roman qui s'éparpille tellement en digressions qu'on ne sait où est finalement l'essentiel.
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La campagne ou la champagne est le personnage central autour duquel voguent d'autres éléments : le lac-aux-oies, le Mont-Diamant, les écureuils, les insectes et des êtres humains qui se partagent ces parcelles de nature, qui traînent leurs vies dans cet oasis en danger. Les autres êtres de cette champagne, ce sont Lila la protectrice, Simon le bon et sa famille, Claire qui écrit, Violette qui veut se sauver d'un passé trouble. L'histoire de ce roman, ce sont les interactions entre la champagne et tous ses habitants. Champagne est un roman sur le beau et le laid.

J'en ai amorcé la lecture assis sur un quai donnant sur le petit lac Neuf. Sa faune est peut-être moins pittoresque que celle du Lac-aux-oies, mais j'ai croisé un vison et j'ai entendu les hurlements des coyotes.
Lien : https://rivesderives.blogspo..
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J'ai d'abord apprécié que ce roman soit une hymne à la nature. Il se passe dans les Laurentides, au coeur d'une contrée presque sauvage que certains (Claire, Lila...) tiennent à préserver. J'ai aimé la délicatesse de certains personnages, leur respect envers la nature et les animaux. L'affrontement entre Claire et Rongeur Céleste ne manquera pas d'amuser le lecteur.

Ensuite, j'ai trouvé que les personnages étaient bien campés. Ils ont tous de l'épaisseur. On les comprend, même si on ne les approuve pas. Par exemple, Claire m'a parfois semblé un peu prétentieuse. Lila m'a un peu agacée: en effet, plus on la découvre, plus on se rend compte qu'elle a pas mal de torts dans certains événements.
[...]
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il avait ainsi par moments l'impression de la tenir dans sa main comme un petit oiseau sans défense dont il touchait le moindre contour, et puis paf elle s'envolait et il la perdait de nouveau.
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God breaks your heart again and again, until it stays open. (Djalâl ad-Dîn Rûmî)
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Videos de Monique Proulx (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Monique Proulx
Événement passé - 19 septembre 2015 / 14h00
La Librairie Monet, en collaboration avec les Éditions du Boréal, vous invite à une rencontre avec la romancière Monique Proulx, à l'occasion de la parution récente de son roman Ce qu'il reste de moi.
Marie-Andrée Lamontagne animera cette causerie.
L'auteure:
Née à Québec, Monique Proulx a obtenu un baccalauréat en littérature et en théâtre de l'Université Laval. D'abord animatrice de théâtre, puis professeur de français et agente d'information au siège social de l'Université du Québec à Montréal, elle est aujourd'hui connue comme romancière, nouvelliste et scénariste.
Le roman:
Qu'ont en commun l'hassid de la rue Durocher se pressant vers la synagogue, l'artiste qui donne une performance dans son atelier du quartier des spectacles et la foule au centre Bell galvanisée par un but des Canadiens ? Ils ont Montréal. Ils ont la ferveur, l'appel au dépassement, la quête de transcendance enfouie dans le sol montréalais. Selon Monique Proulx, un gisement mystique se cache sous les pieds des Montréalais, les contaminant et les embrasant, et c'est là leur plus grande richesse - bien davantage que le gaz de schiste.
Vingt ans après son recueil de nouvelles Les Aurores montréales, Monique Proulx donne ici le grand roman de la métropole. Remontant aux origines mêmes de la ville, elle décrit le rêve insensé qui lui a donné naissance. Elle montre comment la vision incroyablement audacieuse des fondateurs perdure dans le concentré d'humanité que Montréal est devenue aujourd'hui.
Marie-Andrée Lamontagne est écrivaine, éditrice et journaliste. Parmi ses dernières publications, on trouve: L'homme au traîneau (Leméac, 2012) et Montréal, la créative (Autrement, coll. «Mook»/ Héliotrope, 2011). Elle publie régulièrement des textes de fiction et de critique dans diverses revues littéraires et anime l'émission littéraire Parking nomade, à l'antenne de Radio VM (91,3 FM Montréal). Elle prépare actuellement une biographie de la romancière et poète Anne Hébert (à paraître aux éditions du Boréal).
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