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sur 2185 notes
1850. Sethe, esclave de la plantation de Mme Garner, le Bon Abri, s'est enfuie pour retrouver ses trois enfants envoyés chez sa Belle –mère Baby Suggs à Cincinnati. Son fils Halle, le mari de Sethe l'a en effet « rachetée » à Mr Garner moyennant de travailler tous ses dimanches afin de payer sa dette.
Arriver à Cincinnati n'est pas une mince affaire, surtout si l'on est noire, en fuite , et enceinte de surcroit presqu' à terme. Marchant de nuit , se cachant le jour, morte de faim et de soif elle finira par accoucher au fond d'une barque aidée par la seule fille blanche qui lui ait jamais tendue la main, en cavale comme elle Amy Denver. Sa ténacité, l'aide des noirs de la ville lui permettront d'atteindre le 124 , la maison relais de Baby Suggs, sa belle-mère.

la suite sur:
http://www.biblioblog.fr/post/2012/10/23/Beloved-Toni-Morrison
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Certains livres dès les premières pages nous promettent un voyage inoubliable et bouleversant.
Beloved est de ceux la. de par son propos d'abord. Pour avoir lu nombre d'ouvrages sur l'esclavage et la condition des Noirs et alors que je pensais avoir tout lu ou presque et ne plus pouvoir m'étonner de rien sur le sujet, je suis restée scotchée de la première à la dernière page....
Toni Morrison livre un récit haletant et passionnant mais plus que tout, sa plume, la virtuosité avec laquelle elle en use, le mot toujours juste, tranchant, sublime, rien de trop, rien de "pas assez", tout contribue à mettre en valeur la profondeur d'âme de ses personnages et à nous faire toucher du doigt la Négritude jusqu'à devenir soi-même le noir encore debout même si chancelant, l'homme bafoué, torturé, humilié.
C'est, à travers un récit captivant mêlant fantastique et réalité qu'elle
nous embarque dans la découverte de la culture afro américaine, ses origines, ses blessures, ses espérances ..
Un livre poignant et superbement bien écrit....
Un gros coup de coeur pour moi....
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Ce que j'ai ressenti:

Le 124 était habité. Tantôt bruyant, tantôt calme ou encore malveillant. le 124 était hanté. Tantôt par des hommes malveillants, tantôt par des femmes calmes ou encore par le fantôme bruyant d'une enfant. le 124 vous ouvre ses portes et laisse des traces dans notre chair, nos entrailles et nos esprits. le 124 raconte tantôt l'esclavagisme, tantôt l'infanticide ou encore des histoires d'amour de femmes tristes. C'est au 124 que nos coeurs implosent, et c'est Toni Morrison qui nous emporte dans un roman flamboyant, dramatique et superbe.

Au 124, l'amour n'y est pas léger, il est tellement lourd et coupable qu'il hante tous ceux qui se risque à passer la porte…J'ai exploré les recoins de cette maison, vu des phénomènes étranges, pleurer avec ses habitantes et compris ce que le mot douleur peut contenir de poids. Au 124, le temps n'est pas linéaire, il est tellement flou qu'on le dirait inversé, inconstant, comme si dire ces horreurs éprouvées dans la chronologie des faits pouvait bouleverser plus que de raison les blessures à vif de ces femmes meurtries. Au 124, le chant n'est pas un écho vide, il est tellement puissant qu'il purifie les âmes et les bannis, il ramène les fantômes et les amis, il unie les forces et fait des collines d'hommes. Au 124, le lien n'est pas vain, il est tellement enchainé dans l'ADN, empêtré dans le sang et la tragédie, qu'il fait renaître les morts à la vie, qu'il réveille les peurs et les souffrances, qu'il continue de faire mal au delà de l'entendement. Au 124, la folie n'y est pas petite, elle s'invite en grande pompe et laisse un chaos indicible, tellement violent qu'il exhume un zombie qui rampe -Elle rampe déjà?-Beloved, petit être au pouvoir destructeur.

Beloved, est une lecture bouleversante. Tout comme ce fantôme, elle ne se laisse pas apprivoiser si facilement, et pourtant, la résonance de ce passé douloureux est très forte. On ressent presque sa présence au-delà des mots. Qu'importe ce que le fantôme de cette petite fille disparue vous soufflera, c'est bel et bien, une histoire à faire circuler. Un devoir de mémoire à partager, et je le sais bien aussi, un mauvais rêve trop familier…Beloved n'est assurément pas à oublier. J'aimerai revendiquer un de ses baisers, et ne plus voir ses traces disparaître le long de la rivière derrière le 124…Reviens Beloved, nous hanter encore un peu par ta poésie intemporelle et la fureur folle du mot Liberté…


Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Depuis que je viens régulièrement sur Babelio, c'est souvent que je lis des avis sur les oeuvres de Toni Morrison mais sans vraiment m'intéresser au contenu des oeuvres . C'est donc avec surprise que je découvre en lisant Beloved que c'est un roman fantastique. Je pensais lire un roman traitant de l'esclavage et de la ségrégation.
Le texte est fort et émouvant; les personnages ont subi des atrocités physiques et morales mais luttent sans rien lâcher. C'est plutôt leur raison qui les lâche.
Je suis toujours retournée quand je lis les humiliations que l'humain est capable de faire subir aux autres. J'ai fini le roman hier soir, je me suis endormie en y pensant et c'est la première chose à laquelle j'ai pensé en me réveillant.
L'histoire développe le thème de l'esclavage passé, les personnages sont en 1870 dans l'Ohio la guerre de sessesion est finie et chacun tente de vivre une vie correcte mais la crainte des blancs persiste.
Si j'ai énormément aimé lire la plume de Toni Morrison, j'ai tout de même trois objections à faire: la première il y a parfois de longues pages de narration qui pour moi auraient mérité de l'aération par des dialogues. Chaque dialogue redonne un souffle utile au lecteur et permet aussi aux personnages de sortir de leur enfermement. La seconde je ne comprends pas le message de l'autrice. Alors que la part de fantastique trouve une explication lors d'un dialogue, la suite nous replonge dans l'invraisemblance. Et j'en viens au troisième point: qui peut m'expliquer la fin ?! J'en ris mais je suis un peu déçue après un si beau roman qu'il finisse ainsi.
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Avec Beloved, il faut accepter de marcher dans la pénombre de ses mots.
Elle nous enrobe d'une brume cotonneuse où des fantômes de douleurs s'emparent de notre esprit égaré.
Dans ce brouillard épais et moite, nous souffrons de connaître les débris d'un passé où une mère tue par amour son propre enfant.
Elle nous parle d'un temps où son peuple n'avait nul destin, nul autre choix que de mourir ou survivre.
Elle nous raconte cela à la manière d'un conte maudit qui hante chaque personnage et nous emprisonne dans une douloureuse allégorie.
Avec elle, Toni Morrison, nous sommes proches d'une certaine folie. Pris dans un tourbillon de mots, de phrases désarticulées, de pages qui se tournent et se détournent en spirales porteuses de temps. Elle embrasse tout à la fois le passé, le présent et le futur qui ne font qu'un et peignent un tableau trouble qui n'offre à voir ce qu'il dessine qu'en reculant pour vraiment le discerner.
Toni Morrison est une auteure pas comme les autres : certes talentueuse, mais terriblement exigeante.
Avec une narration déstructurée, Beloved nous plonge dans une confusion - parfaitement maîtrisée - qui peut laisser perplexe.
Ce livre-ci, plus qu'aucun autre peut-être nous déstabilise et réclame de nous de s'y consacrer entièrement.
Une auteure qui a acquis ses lettres de noblesse et qui est vraiment intéressante. Mais pour la découvrir, je vous déconseille de commencer par Beloved.
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Si Beloved est puissant par son sujet, superbe hommage aux femmes et aux esclaves, ses constants allers-retours entre présent et épisodes passés plus ou moins proches, son Southern Gothic hanté par une nature envoûtante et des fantômes inquiétants, son ambiance lourde, pesante, le malaise qui y est prégnant rebuteront plus d'un lecteur. En réalité, c'est le dernier tiers qui fait de ce roman un livre vibrant : les personnages y acquièrent davantage d'épaisseur, notamment grâce à des passages à la première personne, et le rythme chantant de la langue de Morrison s'envole, enfin (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/05/01/beloved-toni-morrison/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Ce roman se déroule après la fin de la guerre de Sécession, dans une ferme de l'Ohio où une femme vit avec sa fille et le fantôme d'une enfant. L'arrivée d'un homme dans la maison chasse le fantôme mais alors surgit Beloved (Bien-aimée), une mystérieuse jeune femme …

L'histoire se construit petit à petit autour de nombreux retours en arrière qui évoquent l'époque où les protagonistes étaient encore des esclaves. Ses nombreux tours et de détours dont les méandres dissimulent l'énigme du réel, font la peinture d'un monde cruel où les esclaves étaient privés de leurs parents, de leurs enfants, de leurs compagnons. Un monde qui révèle la réalité de l'esclavage aux Etats-Unis dans toute son horreur. L'extrême violence dont ont fait preuve les esclavagistes était d'une cruauté telle que la souffrance engendrée pouvait rendre fou et que certains lui préféraient la mort.

C'est ce que nous raconte Toni Morisson dans ce roman sublime. J'ai tout aimé. De l'écriture si particulière, pas toujours facile à comprendre quand l'auteur procède par allusions (elles s'éclaircissent au fil des pages) ou en utilisant des images qui ne m'ont pas parlé, à l'histoire elle même qui fait appel au surnaturel, écho de l'imaginaire africain.
L'évocation de l'utilisation du mors, parmi tous les mauvais traitements infligés aux esclaves, m'a profondément choquée. Il faut avoir totalement perdu le sens de l’humanité pour pour imaginer mettre cet attirail dans la bouche d'un homme ou d'une femme. A elle seule cette pratique en dit long sur la façon dont les esclavagistes considéraient les Noirs. Pire que des bêtes... car il ne serait jamais venu l'idée des esclavagistes de torturer leurs chevaux.
Ceci dit, un grand moment de lecture !
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Bel exemple de « réalisme magique », un style littéraire que j'ai un peu de mal à aborder d'habitude (ne pas tout comprendre m'agace beaucoup !) ce livre exigeant, m'a oppressé, remué et pourtant vraiment fasciné.
Sethe, ancienne esclave échappée de la plantation du « Bon abris »il y a 18 ans, vit dans les souvenirs de sa vie « d'avant » et d'un épisode tragique en particulier : la mort de sa fille de deux ans, qu'elle a tué de ses mains.
Ecrites dans un style très lyrique, les premières pages m'ont données du fil à retordre, car j'avoue avoir été un peu submergée par les passages oniriques, à la frontière du surnaturel, où les époques et les voix s'entremêlent... Et pourtant, je n'ai pas pu abandonner, j'étais comme hypnotisée par la beauté et la poésie de la langue et par la violence de l'histoire.
Comment trouver la rédemption, se réconcilier avec soi même et avec la vie, quand on a commis l'impensable, un infanticide ? c'est sur cette question terrible que Toni Morrison invite à la réflexion, avec en toile de fond les dégâts psychiques, séquelles de l'esclavage, d'une population noire américaine non encore affranchie.
D'une écriture sublime, Toni Morrison tend un miroir ou se reflète la folie des âmes privées de leur liberté d'aimer.
Un très beau roman, qui toutefois se mérite.
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On voudrait croire au paradis....sur terre. Et puis l'enfer...pour personne.
Beloved, bien aimée. Toni Morrison a ouvert les entrailles du monde, elle nous les a écrites.
A nous de trouver le courage de les lire.
« L'oeil le plus bleu »... « Home ». Et puis Beloved. Bien aimée, Beloved, l'enfant sans nom, le nom de tous et de personne.
On tue d'amour, comme on peut en mourir parfois.
Enfer,... paradis, entre les deux ? de la terre, toute la terre dans le creux de nos mains.
On ne tue jamais par amour, mais de la haine, celle que l'autre vous a infligé.
Sethe n'est pas Médée. Sethe ne tue pas par dépit, par vengeance, elle ne détruit pas, elle ne sacrifie rien. Elle choisit. Elle choisit de sauver ses enfants. de la seule façon qu'il lui reste. Avec sa raison, avec son instinct, elle porte la main sur ses enfants pour crier le Non le plus irrémédiable qui soit. L'enfer pour personne. Beloved. Qu'ils meurent plutôt qu'ils ne respirent en enfer. Parce que l'enfer la fait naître, elle l'a traversé, elle en revient, elle s'en est échappé. Alors : Non. Ils ne prendront pas ses enfants. Elle garde ce qu'elle a de plus cher, de plus précieux. Elle garde ses enfants. Ceux qui sont déjà sur terre, de sa propre main elle décide de les délivrer. Ils ne sont pas des bêtes, des animaux, de la chair à coton, ils sont ses enfants. Ils ne seront jamais le bétail du Maître et Maîtresse. Sethe n'est pas Médée. Sethe devient folle à lier, une mère déliée.
Toni Morrison a porté son esprit au delà, au delà de l'infanticide.
Elle nous fait entendre des voix. Profondes, terrifiantes, bouleversantes, puissantes, sublimes, terriblement humaines.
Elle n'effleure pas un drame, elle appose ses mains sur le cauchemar pour que nous puissions toucher la profondeur de l'Enfer. Elle fait remonter le fantôme du traumatisme des abîmes pour que nous puissions voir le vrai visage des crimes.
Pourrons nous comprendre ? Comprendre totalement, véritablement ? Non.
Mais nous pouvons tenter d'imaginer l'horreur du geste.
Pas celui d'une mère qui décapite l'enfant qu'elle a mis au monde, mais celui d'un monde qui a fait naître l'enfer sur la Terre en jetant le paradis au fond d'un puits.

Astrid Shriqui Garain

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CHALLENGE NOBEL 2013/2014 (11/15)

Après mon troisième livre de Toni Morrison (challenge Nobel oblige), peut-on dire que je me suis habituée à son style d'écriture que je qualifierais de "tourmenté" ? Pas vraiment, mais j'admets cependant lui trouver une explication : j'ai l'impression que cette auteure porte sur les épaules le poids des souffrances que ses frères de couleur ont connues au temps de l'esclavage, thème que l'on retrouve souvent dans ses romans. Comme dans "Un don", il est question ici aussi d'amour maternel, celui que l'on ne peut arracher du coeur d'une femme, même réduite à l'état d'animal, même privée de son identité, amour qui peut aller jusqu'à la mort pour préserver ses enfants du destin qui les attend.

Comment Sethe, l'ancienne esclave peut-elle se reconstruire (ou plutôt se construire), quand les fantômes du passé ne cessent de hanter son présent ? En mettant des mots sur ce qu'elle a vécu lors de ses discussions avec Paul D, qui a partagé autrefois son sort ? En recueillant Beloved, cette jeune fille, apparue mystérieusement dans sa vie et qui connait certains de ses secrets ? Pourra-t-elle, un jour se libérer de ses chaînes ou la folie aura-t-elle raison de sa force ?

Entre poésie et drame, entre surnaturel et métaphores, dans une atmosphère étrange, l'histoire se construit en alternant passé et présent (comme souvent chez Toni Morrison). Aussi puissant que difficile ! 13/20
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