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sur 2184 notes
Quelle claque! Quand on me parlait de ce livre, je répondais l'avoir lu, effectivement - je le confondais en fait avec un autre - et je ne partageais jamais tout-à-fait l'enthousiasme de la personne. C'est quand mon beau-frère, qui m'a déjà plusieurs fois recommandé des livres fantastiques, m'a parlé de Beloved avec passion que je me suis décidée à le relire.
Je l'ai acheté et là, dès la première page, j'ai compris: non je ne le connaissais pas et oui, la magie a tout de suite opéré. J'ai étéimmédiatement saisie par la richesse, la complexité de cette langue - je l'ai lu en anglais et je ne comprenais pas tout... - qui rendait ce texte mystérieux.
Tout au long de la lecture, et une fois le livre posé avec regret sur la table de chevet, Sethe ne m'a pas quittée. Je repensais à cet arbre qui avait poussé sur son dos, à cet acte terrifiant de Sethe et à cette petite fille sans repos.

Je pensais également en savoir pas mal sur l'esclavage, mais en réalité, jamais encore je n'avais lu de livre où l'on se retrouve si intime lié à un esclave, sa vie quotidienne. Je ne savais pas que les familles d'esclaves n'existaient pour ainsi dire pas, les enfants étant très vite séparés des parents, revendus, passant d'un propriétaire à un autre comme, bien sûr, une simple marchandise. Je n'avais jamais vraiment vu ces dos atrocement mutilés, ni supposé que la liberté, quand on avait été esclave, était un état très difficile à appréhender. bref je me suis sentie bien naïve.
J'ai également découvert, ensuite, que Beloved avait été inspiré de la vie de Margaret Garner, une esclave qui s'est échappée dans les années 1860 et a traversé les Etats-Unis du Kentucky à l'Ohio pour être libre, a été pourchassée par ses propriétaires d'un état à l'autre et a tué son enfant pour qu'il ne subisse pas, comme elle, l'esclavage.

Pour la force et la beauté des mots, pour cet hommage qu"elle rend aux esclaves noirs américains, je pense que Beloved est un livre à lire absolument, et quand je pense que j'ai failli passer à côté de ce trésor!

Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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"Home" m'avait fait pressentir ce que "Beloved" me confirme : Toni Morrisson est une gastronome haut de gamme de la littérature américaine, d'un raffinement aussi subtil que son accès est délicat, un peu difficile même (*)
(difficulté corsée pour ma part par une lecture en anglais).

Sethe, mère de Beloved et de trois autres enfants, est une esclave libérée de ses maîtres au lendemain de la guerre de sécession, mais pas de ses chaînes.

Paul D, un des hommes auprès desquels elle a vécu dans ses années d'esclavage, arrive chez elle et peine à l'ouvrir à un amour qu'elle n'arrive pas à donner, sous le regard suspicieux et souffrant de sa fille Denver habitée des fantômes de sa mère.

Par tableaux successifs et touches délicates emprunts d'une profonde humanité, Toni Morrisson dévoile peu à peu - très peu d'abord, et c'est assez déroutant à la lecture - ce que sont ces chaînes, et révèle lentement dans un style très allusif les raisons d'être de Sethe et celles de ses filles, qui lui sont intimement liées.

Sensible à ce plaidoyer universel tout en profondeur et délicatesse contre la condition épouvantable faite aux esclaves, en Amérique ou ailleurs, et pour l'amour maternel, la liberté, la dignité humaine, je dois avouer qu'y rentrer m'a demandé pas mal d'efforts mais qu'ils en valent la peine, car ils sont de nature à sédimenter définitivement les convictions les plus ancrées.

(*) Sur le même sujet, "Racines" d'Alex Haley est beaucoup plus accessible
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Lecture ardue que celle-ci.
Ardue en raison de la construction éclatée du récit. Toni Morisson fait le choix de proposer une narration avec de multiples points de vues, des aller-retour permanents dans le temps, des digressions multiples mais jamais gratuites, des éléments clés pour la compréhension donnés au compte-goutte et dans le désordre.
Non, « Beloved » n'est pas une lecture facile. Elle exige une concentration de chaque instant, une implication sans faille.
Une fois impliqué ainsi, le lecteur ne peut que se glisser dans les mémoires meurtries des personnages et saisir toute l'horreur que fût l'esclavage.
Toni Morisson écrit merveilleusement bien, une écriture d'une poésie incroyable, faussement naïve et d'une efficacité redoutable quand il s'agit de traduire l'inhumain.

J'émettrais juste une réserve toute personnelle quant à l'aspect « fantastique » du récit qui m'a gênée au point de me paraître par moments presque incompréhensible et m'a freinée dans ma lecture.


Challenge Muli-défis 2018
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Superbe roman sur l'esclavage. C'est l'histoire de Sethe, esclave en fuite avec ses enfants. Roman choral où l'on retrouve le style si particulier de Toni Morisson qui fait ici de la dignité humaine la valeur ultime de toute vie. Rien n'est au-dessus, pas même la mort. Un livre poignant et magique, avec toutefois quelques longueurs pas instant.
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Quand un fantôme devient un personnage de chair et de sang, sous la plume de Toni Morrison, c'est du grand art.
La trame de l'histoire est en place dès le début du récit et tel un peintre à son tableau, l'auteur va affiner chaque détail, par touches minutieuses, précises. Revenir, encore et encore sur certaines parties, pour nous dévoiler les clairs-obscurs, accentuer peu à peu le relief et la profondeur de ses personnages jusqu'à la dernière page.
Beloved , c'est revenir dans les années 1870 aux Etats-Unis. L'esclavage a été aboli depuis quelques années mais les stigmates sont encore bien présents dans les corps comme dans les coeurs.
« Tout blanc avait le droit de se saisir de toute votre personne pour un oui ou pour un non. Pas seulement pour vous faire travailler, vous tuer ou vous mutiler, mais pour vous salir. Vous salir si gravement qu'il vous serait à jamais impossible de vous aimer. »
Ainsi les femmes sont violées, les hommes battus, pendus, brûlés, les enfants arrachés à leur mère et vendus. Ne pas s'attacher.
Tout cela est la toile de fond sur laquelle se déroule cette histoire de folie.
Peut-on imaginer ces destins pétris de douleur? Toni Morrison nous les laisse entrevoir…


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Un ouvrage de Toni Morrison ne peut laisser indifférent. Même si celui-ci, comme les autres est un peu embrouillé.
Au 124, la maison où habite Sethe, ancienne esclave, est hantée par Beloved, sa petite fille de deux ans qu'elle a tuée.
Les personnages sont tellement véridiques, les souffrances tellement prégnantes qu'on ne peut être qu'envahi de compassion et de révolte.
On a le sentiment de lire une tragédie antique.
Toujours et encore traiter de l'esclavage et de ses abominations, tel est le fil conducteur de Toni. Morrison.
Merci à elle de mettre des mots et des images sur des évènements pas si loin de nous et d'entretenir notre indignation.
Une mère qui sacrifie son enfant, un autre thème récurrent.
Une lecture ardue, confuse, mais une lecture magnifique qui imprègne l'âme et le coeur.
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Sethe est une ancienne esclave qui est hantée par le souvenir de son enfant morte, cette enfant dont elle a elle-même tranché la gorge. On dit que la maison qu'elle habite est hantée par la malédiction d'un bébé. « Pour un bébé, il est puissant le sort qu'elle jette, dit Denver. / Pas plus puissant que mon amour pour elle, répondit Sethe. » (p. 13) Au jour le jour, la mère assassine tente d'oublier son forfait et d'apaiser ses démons. « Pour Sethe, l'avenir reposait sur la possibilité de tenir le passé en respect. » (p. 65) Mais les souvenirs sont aussi collants que la mélasse et Sethe tente d'en protéger Denver, son autre fille, une enfant un peu sauvage.

Voilà que survient Beloved, une jeune fille qui porte une longue cicatrice autour du coup. Est-elle la réincarnation du bébé assassiné ? L'inconnue se rapproche de Sethe et s'accroche farouchement à elle. Pour Sethe, c'est certain, c'est son enfant qui l'a retrouvée. « Beloved, elle est ma fille. Elle est à moi. Voyez. Elle est revenue à moi de son plein gré et je n'ai rien besoin d'expliquer. » (p. 278) Hélas, il semble bien que Beloved n'incarne pas la rédemption tant espérée par Sethe, mais bien son châtiment fait de chair et de sang. « Denver croyait comprendre le lien qui existait entre sa mère et Beloved. Sethe essayait de se racheter pour la scie à main. Beloved la lui faisait payer. Mais il n'y aurait jamais de fin à cela, et voir sa mère diminuée lui faisait honte et la mettait en fureur. » (p. 345) Alors, Beloved est-elle bien ou mal nommée ?

Il s'en est fallu de peu que ce roman soit un véritable coup de coeur. D'abord totalement happée par l'écriture de Toni Morrison, si poétique et incantatoire, j'ai fini par en être écoeurée. Les constants aller-retour entre passé et présent m'ont également perdue et la brouille volontairement entretenue dans la chronologie a eu raison de mon attention. J'ai fini ce roman en le survolant et je le déplore parce que j'avais vraiment envie d'y rester plongée. Mais j'ai manqué d'air, comme ce fut le cas avec Un don de la même auteure.
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La 1ere chose qui frappe quand on lit ce livre, c'est l'écriture. C'est vraiment particulier et pas possible de comparer avec d'autres styles. J'avoue que j'ai eu beaucoup de mal au début. J'essayais de passer en force, d'analyser tout ce que je lisais. Finalement, je me suis laissée porter par cette écriture si différente et je l'ai reçue comme un cadeau.
Derrière le style, l'histoire est vraiment bouleversante, et encore plus quand on sait qu'elle est inspirée de la vie réelle d'une esclave.
"Beloved" reste tout de même un livre pas hermétique mais difficile d'accès. Je pense qu'il faut être dans un état d'esprit disponible pour pouvoir se plonger dans ses pages. Bon, je vous laisse, je vais soigner ma migraine... ;)
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Ce roman se déroule après la fin de la guerre de Sécession, pendant la période au cours de laquelle beaucoup de violences se sont déchaînées sur les Noirs, à la fois les esclaves libérés par émancipation et les autres qui avaient été donnés ou avaient acheté leur liberté plus tôt. le personnage principal Sethe vit dans une ferme de l'Ohio avec sa fille Denver et sa belle-mère, Baby Suggs. la ferme abrite également le fantôme de la fille de Sethe, qui lui tranchée la gorge 18 ans auparavant, alors qu'elle avait 2 ans. Cet acte épouvantable, qui est relaté au début du roman, va être au coeur du récit.

La mort récente de Toni Morrison a été pour moi l'occasion de lire ce roman. Une lecture difficile, où je me suis souvent perdu dans les différents allers et retours entre passé et présent. Il n'y a aucune chronologie dans le récit, pas facile donc de garder le fil de l'histoire. Il m'a fallu plus de 100 pages pour entrer dans ce roman qui est envoûtant. Un livre sur l'esclavage qui n'élude jamais la barbarie et les horreurs à travers la parole des uns et des autres, noirs ou blanc, esclaves ou maîtres, esclavagistes et abolitionnistes. Les femmes noires considérées comme des reproductrices, jouets sexuels d'un maître tout puissant. Une période sombre. Un livre porté les croyances africaines où les fantômes des morts vivent au milieu des vivants. Un roman sur l'amour absolu d'une mère pour son enfant.

‘Que si je ne l'avais pas tué, elle serait morte et que je ne l'aurai pas supporté.'

Le pire est ans aucun doute que ce roman est basé sur des faits réels.


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Voilà un ouvrage très exigeant à l'égard de son lecteur. J'ai la conviction en le refermant que cette intention est délibérée de la part de son auteure. Toni Morrison veut faire sortir de sa zone de confort celui qui daignera porter les yeux sur ses lignes. le placer dans un trouble à la hauteur de la douleur que les mots seraient en peine de traduire. Douleur cumulée sur des siècles par la communauté raciale dont elle est une descendante pas si lointaine que ça. Douleur dont elle veut faire s'élever le blâme au-dessus du silence gêné qui voudrait l'étouffer à jamais. Comme une exhortation à faire écho au « I have a dream » d'un pasteur devenu prix Nobel de la paix et qu'un ségrégationniste blanc a cru réduire au silence.

Un ouvrage d‘une exigence telle qu'il n'est plus un plaisir de lecture. le lecteur doit donc payer son écot à la souffrance. Et quelle plus grande souffrance pour une mère que de sacrifier son enfant ? Un sacrifice pour lui épargner une vie d'esclave. Un sacrifice pour l'affranchir. Ce sera alors pour cette mère acculée au crime le point de départ d'une vie d'expiation. Expiation pour avoir libéré un être de l'asservissement.

Et si le poids des mots n'était pas assez lourd pour exprimer l'indicible, la forme donnée au texte mettra son lecteur à la torture. le seul réconfort est de savoir que ce traitement est délibéré de la part de l'auteure. Elle veut que son lecteur soit à la hauteur du malaise qu'elle ressent en couchant les mots sur le papier.

Ce lecteur devra donc faire un effort pour suivre les pensées qui se bousculent dans l'esprit de l'auteure et se précipitent dans le même désordre sous sa plume. Un ouvrage qui chaque fois qu'il le réouvrira à la page marquée, lui rappellera qu'il devra faire effort de concentration, d'application pour restituer leur chronologie aux événements.

Mais qu'est-ce que l'ordre des choses dans le temps qui courre avec obstination et égrène les instants de vie avec le mépris de qui les subit. Qu'est-ce que le sens des pensées et des actes qu'elles génèrent pour les fantômes d'un passé honni.

Beloved sera la seule épitaphe sur la tombe de celle qui restera une inconnue au monde de la ségrégation. Mais pas à celui de l'amour d'une mère qui a voulu, en lui ôtant la vie, affranchir son enfant de la souillure de l'esclavage.

Il est des ouvrages dont on reconnaît la valeur mais dont on peine à dire qu'ils furent un bon moment de lecture. Peut-être sont-ils trop dérangeants.
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