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sur 2185 notes
Beloved… bien-aimée. C'est l'inscription que Sethe a mis sur la tombe de sa fille…
Près de Cincinnati, dans le bourg de Bluestone Road, années 1870, une petite maison que toute le monde évite, le Bon-Abri. La cause : un bébé-fantôme qui retourne la maison de sa colère.
Beloved, c'est l'histoire d'un amour trop fort, d'une liberté revendiquée, de vies trop tôt prises. Il n'est pas facile de suivre le fil de l'histoire de Sethe, Denver, Paul D. et autres Noirs brisés par la haine de certains Blancs. Quelques années après la fin de la Guerre de Sécession, l'égalité entre Noirs et Blancs prend du temps à se mettre en place. Les Noirs sont comparés à des animaux, il n'y aucun respect pour leurs corps, les témoignages de violence sont nombreux dans le roman.
Beloved, c'est un puzzle dont les éléments s'assemblent : l'accouchement de Sethe avec l'aide d'Amy, les moments avec Halle, les confessions de Paul D. … Au lecteur de remettre en place les événements afin de comprendre leurs vies, leurs souffrances et pourquoi Sethe en est arrivée à commettre cet acte-là. Toni Morrison mélange réalité et fantastique pour montrer les sentiments complexes de Sethe à travers de puissantes métaphores, des répétitions entetantes.
Je n'avais pas apprécié Jazz de cet auteur mais j'ai aimé Beloved malgré sa complexité, son rythme étrange, ses fantômes, ses malheurs… Il faut savoir être persévérant avec ce genre de romans, parce qu'ils sont des livres d'amour et de liberté.
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L'histoire touchante d'une mère qui va commettre le pire pour que sa famille et surtout ses enfants ne connaissent pas l'esclavage qu'elle a elle-même vécu.
Toni Morisson sait mettre le ton, elle nous balade entre histoire présente et passée, imaginaire et métaphores, le récit bien que dur et violent est captivant à suivre. Je lui ai quand même trouvé quelques longueurs et parfois quelques passages difficiles à suivre avec les multiples informations concernant deux périodes.
Un livre marquant, sur l'amour sans limites d'une mère pour défendre sa liberté, ses droits et se revendiquer comme un être humain égal à tout autre.
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Beloved est un roman qui plonge le lecteur au plus profond d'un océan de noirceur. La noirceur de l'histoire américaine du XIXe siècle qui s'est étendue trop longtemps encore au XXe. La noirceur des actes atroces commis de manière la plus naturelle qui soit par les blancs envers les noirs avant que l'esclavage ne soit prohibé juste après la guerre de sécession.
Roman de la « négritude » étendue au contexte américain, contre l'exploitation des hommes, contre l'indifférence et l'oubli, contre la barbarie.

Beloved est aussi un roman d'amour. Amour maternel qui dépasse tout le reste. Amour qui peut dans des situations de désespérance extrême conduire à des actes fous. Quand la folie des hommes est la référence, où se situe le crime ? Quand tout n'est que cassures et que plus rien ne peut être réparé que veut dire commettre l'irréparable ?

Toni Morrison nous plonge – au sens propre car on se sent réellement noyé – dans un univers à la fois onirique, car peuplé de fantômes, et à la fois cruellement réel, bien qu'on soit tenté par l'oubli tant les atrocités des hommes sont difficiles à comprendre.
Ce roman nous montre la pureté de l'esprit et la force de l'amour que les meurtrissures de la chair les plus mordantes ne peuvent faire vaciller. Un roman sur les liens du sang, sur la force des femmes, sur le pouvoir des âmes.
20 mars 2012
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Enfin, je découvre Toni Morrison, cette grande dame de la littérature américaine.
Inspiré de l'histoire de Margaret Garner, Beloved nous conte l'histoire de Sethe, ancienne esclave du Bon Abri, ayant fui sa condition. Lorsque ses anciens propriétaires se présentent chez sa belle-mère, Baby Suggs, afin de ramener Sethe et ses enfants au Bon Abri, la jeune femme

Il est rare de trouver une telle intensité dans un roman écrit aussi simplement.
Car, en fin de compte, l'écriture de Toni Morrison est simple. Elle n'utilise pas un vocabulaire tellement compliqué qu'il nécessite un dictionnaire pour comprendre la moindre phrase. Non, tout est simple et direct dans ce texte. Et pourtant on ressent la souffrance de Sethe, de Paul D, de Baby Suggs et de tous les autres personnages comme si c'était la nôtre. Peut-être justement parce que Toni Morrison explique les choses simplement. Elle n'édulcore aucun passage des vie de Sethe et Paul D et ne nous épargne aucun détail des humiliations endurées. Il faut tout supporter, jusqu'au bout, pour tenter de comprendre.

Le fait que Beloved soit inspiré de faits réels rend le personnage de Sethe encore plus vivant et illustre encore de façon plus forte et dramatique ce qu'une mère est capable de faire pour protéger ses enfants. Pour leur assurer une vie meilleure que la sienne.
Si, à notre époque, ce genre de notion n'a plus beaucoup de sens, elle en avait au contraire énormément au moment de l'esclavage.

En ces temps troublés outre-Atlantique, des romans tels que celui-ci doivent plus encore être lus. Ils symbolisent à eux seuls la souffrance de tout un peuple, déraciné de force et soumis aux pires outrages.
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Organique est le mot qui me vient à l'esprit après avoir terminé la lecture de ce roman fascinant. Son écriture est de chair comme son héroïne Sethe. Peut-être ais-je tort d'identifier cette histoire au mythe d'Orphée et de sa descente aux enfers.
Toni Morrison a écrit une oeuvre magnifique sur l'identité, la résilience, l'espérance, la langue. C'est un roman qui a un corps, une odeur. Il est bruyant et violent.
Je conçois parfaitement que l'auteure ait obtenu le prix Nobel pour ce titre.
J'admire son écriture et les images qu'il porte. Bouleversant et enthousiasmant.
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J'ai eu énormément de mal à venir à bout de ce roman monument de la littérature américaine. J'ai hésité à le lire en version originale, je n'y serai sûrement pas arrivée.
Dès le début, j'ai eu beaucoup de difficultés à entrer dans l'histoire. Plusieurs temporalités pas vraiment séparées, des phrases à rallonge, des dialogues mal définis.
J'ai abandonné, recommencé, abandonné à nouveau et cette nouvelle tentative aura été la bonne.
Les cent premières pages difficilement dépassées j'ai trouvé ma vitesse de croisière et ai plutôt bien apprécié ma lecture. Je me suis attachée aux personnages et avais envie de mieux les découvrir, en apprendre plus sur leur vie et leur histoire si douloureuse.
Et, patatra.
Les cent dernières pages sont redevenues très compliquées car je n'ai pas adhéré au délire/parabole de la culpabilité.
Je termine donc ce roman très mitigée, ce n'est pas ce que j'espérais d'où ma déception.
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Ce roman est très profond, très puissant, même s'il n'est pas toujours facile à lire.
Les anciens esclaves, en Amérique, sont marqués par leur histoire, le récit est donc d'abord réaliste. Mais il est aussi un peu « fantastique » : l'enfant que Sethe a tuée pour la sauver de l'esclavage revient plus tard, d'abord sous la forme d'un fantôme furieux, ensuite dans la peau d'une jeune fille avide d'amour. Petit à petit, elle grossira, comme si elle était enceinte, et la mère redeviendra un « bébé ».
Tout cela est raconté sans cliché ni manichéisme.
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Bien que je me sente toute petite face à la puissance et à l'intensité de ce roman, j'ai bien envie d'essayer de mettre des mots sur mon ressenti pour vous convaincre de le lire au moins une fois dans votre vie.

Ce que j'aime beaucoup dans les livres de Toni Morrison, lauréate du prix Nobel de littérature en 1993, c'est qu'elle vous installe très rapidement dans une histoire dont vous avez envie de palper les moindres contours au fur et à mesure des pages tournées. Avec toujours un point de départ que vous sentez bouillonnant, comme un oeuf qu'on laisserait cuire trop longtemps dans l'eau et dont la coquille serait sur le point d'éclater pour révéler des filaments de matière échappant à tout cadre préétabli. L'atmosphère de départ de Beloved est un concentré de tensions saisissantes : Cincinnati dans l'Ohio à la fin du XIXème siècle, une maison hantée par le fantôme d'un bébé égorgé, et habitée par une jeune fille, Denver, et sa mère, Sethe, grevée de souvenirs violents de son ancienne vie d'esclave. Survient un jour une jeune femme nommée Beloved, qui bousculera leur vie. Face à des hommes qui se révèlent être finalement les véritables fantômes de cette histoire, car toujours de passage, trois générations de femmes tentent de s'enraciner dans une nouvelle vie d'affranchies, en luttant pour refouler un passé d'esclavage, sans pouvoir pour autant rêver d'un futur.

La beauté de Beloved réside dans le talent de Toni Morrison pour conjuguer la poésie d'un surnaturel nébuleux avec la rugosité du réel, à laisser en cadeau au lecteur des silences à interpréter et des morceaux d'histoire et d'Histoire à assembler. Limbes du passé, poids de la communauté, trop-plein d'amour à en mourir, secrets exhumés, cynisme des mots (à l'image du "Bon Abri", nom de la plantation dans laquelle Sethe était esclave), racisme ultra-violent et frontières de l'(in)humanité ... tout fragment de ce roman contribue à produire une gigantesque claque littéraire que je ne suis pas prête d'oublier.

Et si tout ceci ne réussissait pas à vous convaincre de l'entamer, sachez que Beloved a été couronné du prix Pulitzer en 1988, et qu'il est classé dans la liste des 100 meilleurs livres de tous les temps. Rien que ça.
Lien : https://www.chezlaurette.org..
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Si j'avais déjà entendu parler de l'oeuvre de Toni Morrison, je ne pensais pas découvrir ses ouvrages aussi tôt. Mais mon programme scolaire en a décidé autrement et me voilà partie dans une histoire plus que difficile, celle de Sethe.

Sethe, ancienne esclave enfuie du Bon Abri, a commis ce que le sens commun ne peut pas même imaginer. Sethe a tué son bébé, sa fille bien-aimée Beloved. Et ses trois autres enfants auraient subi le même sort si l'entourage de la jeune femme ne l'avait pas arrêté. Pour protéger la chair de sa chair de l'horreur de l'asservissement, Sethe a choisi d'assassiner ses enfants.
Dix-huit années plus tard, la vie au 124, Bluestone Road, où vivent désormais Sethe et sa seconde fille Denver, anciennement synonyme de partage et de convivialité, s'est transformé en un sinistre endroit. Depuis la mort du bébé, un fantôme semble avoir pris ses quartiers dans la maison de Baby Suggs, belle-mère de Sethe et plus personne dans la ville n'ose approcher la morne bicoque. Même les deux fils de la jeune femme ont fui la maison, même Baby Suggs a arrêté de croire en la vie.
Un jour pourtant, après la foire, une jeune fille à peine plus âgée que Denver arrive au 124. Et des questions se posent autour de cette jeune Noire qui dit s'appeler Beloved, comme le bébé disparue.

Derrière cette histoire ayant réellement eu lieu, Toni Morrison raconte l'horreur de l'esclavage dans les États-Unis du XIXème siècle. Derrière l'histoire de Sethe se trouve le passé du peuple Noir, peuple réduit à l'asservissement. L'auteure décrit la vie quotidienne des esclaves, leur travail dans les champs ou en tant que domestique pour les Blancs. de nombreuses scènes sont dures, celles qui m'ont le plus révoltée restent les épisodes du mors ainsi que le moment où les Blancs retirent le lait de Sethe. J'ai apprécié cette description de la société, de cette division Blanc-Noir qui permet de comprendre (ou non) le geste de Sethe. Dans tous les cas, j'ai aimé en savoir davantage sur leurs conditions.
Mais au-delà de l'aspect historique qu'approche Toni Morrison, reste le lien mère-fille et cet amour partagé. Je dois dire que l'appréciation de cet ouvrage tient pour beaucoup à la relation entre Sethe et ses filles, et notamment entre Sethe et Beloved. On assiste clairement à une scène de retrouvailles à laquelle je n'ai pas été indifférente.
Petit bémol seulement, la part de surnaturel dans le livre m'a souvent déplu, même si je dois dire que l'auteure est plutôt subtile dans ses passages d'au delà grâce à l'emploi de métaphores récurrentes et une description des sentiments qui a su me toucher, le mélange réalité et surnaturel m'a parfois fait perdre pied lors de ma lecture. D'autant plus que certains passages descriptifs ont été parfois longs, pour ma part.

J'ai beaucoup aimé ce livre, aussi dure l'histoire soit-elle.
Lien : https://marcelpois.wordpress..
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Une maison hantée par un bébé fantôme qui agit comme une personne, avec ses colères, ses afflictions, ses déchirements… … le ton est donné, comme un couvercle, lourd, pesant…
La lecture exige beaucoup de concentration car le récit intègre faits et souvenirs du passé et du présent.
Les sentiments ayant trait à l'esclavage sont décrits avec une puissance et une lucidité qui éveillent des réminiscences qui ne sont pas les nôtres, mais qui nous font réagir comme si elles l'étaient. Les mots touchent au plus profond et dérangent quelquefois.

Dans ce tourbillon d'émotions, de tourments et de souffrance indicible l'espoir se faufile, le malheur cède parfois la place à l'instinct de survie, les brefs moments de paix supplantent les plaintes d'un passé intolérable.
Peut-on refouler le passé pour avoir une possibilité d'avenir ?

Libéré mais pas libre.
Une question trotte encore dans ma tête : Les souvenirs peuvent-ils rester accrochés à certains endroits en attendant de pouvoir s'accrocher à quelqu'un d'autre ?

Effrayant mais salutaire !


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