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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Premier roman de Ryû Murakami, ce roman a créé un fort engouement et choqué plus d'un lecteur au Japon à sa sortie, et a valu à son auteur de recevoir le prestigieux prix Akutagawa.
L'auteur nous offre un premier livre intense qui malgré son aspect provocateur se révèle subtil. Cependant il reste clivant : tout est une question de personnalité !
A titre personnel, j'ai beaucoup apprécié ce livre, récit de la vie désordonnée de Ryû et de sa bande d'amis, jeunes japonnais en perte de repères qui partagent leur temps entre drogues, alcool, sexe et musique.
J'ai été saisi par la puissance du texte, par la force de ces instants de vie. Tout le roman semble irradier une sombre énergie : ces jeunes mènent une vie dissolue et paraissent pris dans une spirale destructrice à laquelle ils n'ont aucun moyen d'échapper. Les personnages ne semblent avoir aucun futur et portent tous un sentiment de vide désabusé ou d'expectative fébrile et pourtant ils brûlent d'une fureur de vivre, dont témoigne la frénésie avec laquelle ils pratiquent toutes sortes d'activités. Mais toute cette action ne peut pas masquer ni au lecteur ni à ces jeunes le sentiment de vide qu'ils ressentent, que ni les plaisirs artificiels des drogues ni ceux fugaces du sexe ne peuvent tromper.

C'est toute l'habileté de Ryû Muakami que de parvenir avec autant de justesse à montrer la rupture de toute une frange de la jeunesse nipponne avec une société qui apporte certes stabilité matérielle mais qui est dépourvue de toutes valeurs. de cette déliquescence s'explique le choix de cette jeunesse qui préfére se réfugier dans sa propre destruction par la recherche toujours plus vertigineuse d'un plaisir artificiel, qui ne peut amener qu'à la destruction de l'être.

En tant que lecteur, je me suis surpris en manifestant un intérêt croissant au fur et à mesure que ces jeunes s'enfonçaient de plus en plus dans leur propre débauche, ce qui a créer en moi une sensation de malaise assez forte née de ma curiosité, il faut bien l'avouer, malsaine. Ce qui m'a fasciné est le déni d'avenir de la part des personnage et leur plongeon dans l'autodestruction. En outre, j'ai beaucoup apprécié le style très particulier de l'auteur.

En effet, le mérite de l'écrivain est aussi stylistique. La violence du style, parfois assez cru et le choix de faire du roman dans sa plus grande partie une suite ininterrompue de débauches signe la volonté de bousculer le lecteur, voire de le provoquer, choix qui s'il détourne du livre certains stimule l'intérêt d'autres. L'action du livre est également bien bâtie, alternant de courts chapitres qui sont autant de moments aussi intenses les uns que les autres et permettent au lecteur de voir toute une gamme de jeunes aux personnalités différentes. Par ailleurs quelques passages sont réellement des moments assez poétiques.
Par dessus tout , j'ai vivement apprécié la fin, qui tranche de manière spectaculaire avec le reste du récit. Alors que jusque là il était donné à lire au lecteur un style vif mettant la réflexion au second plan, la fin est poétique et symbolise le message que l'auteur veut nous faire passer : l'ombre que Ryû croit s'abattre sur lui et qui le plonge dans la confusion et la terreur symbolise la victoire d'un monde funeste et vide de sens qui s'impose au personnage, en dépit de toute sa volonté d'y échapper par tous les moyens possibles.
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Une claque!!!! Déroutant devant tant de désespoir et de violence, décrit de l'intérieur par un junkie, appelé Ryû. Sans espoir, le lecteur attend la prochaine catastrophe, la violence qui transparaît à chaque page, ou désespoir plus profond encore. Terrible mais superbement écrit!!!!
On suit le parcours de Ryû, jeune junkie de 22ans, qui alterne les séances de défonces et de sexe débridé, avec Lili, sa compagne, et ses partenaires de galère. Ce qui peut choquer, c'est la crudité des scènes de sexe et la description très appuyée de la violence associée. Pourtant, derrière cette façade, transparait l'amour du jeune homme pour Lili, qu'il tente malgré tout de protéger. Ces jeunes gens crucifiés par la société modernes ne peuvent que répondre à leurs besoins primaires qui sont se nourrir (parfois), boire (que de l'alcool), se soulager (n'importe où fait l'affaire), dormir (idem que pour se soulager) et avoir des rapports sexuels (hetéros ou homos en fonction de l'état de défonce). Seul l'amour et l'attachement entre ces êtres abimés leur permet de conserver une part d'humanité en alternance avec ses périodes de déchéances de plus en plus profondes.

Vous allez me dire, quel est l'intérêt de ce roman, sinon un besoin morbide de voyeurisme ? J'ai ressenti immédiatement les mêmes sensations du film Transpotting de Danny Boyle (1996) : c'est une sensation d'être bousculé, de voir tous ses repères d'une humanité cohérente explosée, d'être évidemment touché par le profond désespoir de ces jeunes gens, d'être confronté directement par cette réalité crue et cruelle de millions de personnes, que l'on souhaite oublier ou nier la plupart du temps. Ce livre a reçu le prix Akutagawa en 1976 (le Goncourt japonais). le roman devient un immense succès commercial et Murakami, lui-même, en fait un film en 1978.
L'écho qu'a eu cette oeuvre mérite qu'on s'y attarde et surtout que l'on réponde à la volonté de l'auteur, de s'interroge sur ce que la société peut offrir à cette jeunesse.
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Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce livre ne fait pas l'unanimité. Deux camps d'affrontent dans les critiques à propos de ce livre, dans une mésentente digne de la querelle des Anciens et des modernes, de la bataille d'Hernani ! Dans un coin du ring littéraire, ceux qui ne voient dans le récit de la vie dissolue de Ryû et de sa bande d'amis qu'une suite de beuveries, toxicomanie, sexe et violence sans intérêt sinon le scandale. de l'autre côté, il y le camp de la Raison, les lucides, les clairvoyants, qui se rallient à mon blanc panache !

Toute plaisanterie mise à part, je comprends parfaitement que ce livre ne plaise pas. C'est presque une fatalité quand on connaît la radicalité d'un auteur comme Murakami Ryû. Ce qu'il aime dépeindre, c'est ce qu'il nomme les poubelles de la société japonaise, ces personnages refusant annihilation sociale et cherchant vainement à se différencier, à exister en tant qu'individus. Leur tentatives ne trouvent à s'exprimer que dans l'auto destruction, la violence, l'absurde. Murakami développe une écriture photographique, compacte,baroque et dense, qui ne ménage pas le lecteur. Alternent impitoyablement des scènes de calme, d'introspection où l'on ressent de plein fouet le vide des personnages, et des scènes débridées, paroxysmes de violence psychologique et morale, pics de délires de toutes sortes. Mes passages préférés sont ces monologues des personnage, palimpsestes de fantasmes, de faits, de propos absurdes, ces flots sans aucun sens sont un opposé et en même temps un écho terrible au vide interne des personnages. C'est donc la genèse de cette esthétique que Murakami nous fait voir dans son premier roman, bleu presque transparent, un vrai roman punk sur le mode no future !

Ce roman tourne autour de la vie dissolue de ces jeunes. Au fur et à mesure que la spirale d'excès toujours grandissant s'amplifie, on distingue de plus en plus le vide que semblent tenter de combler ces personnages. Excès devient recherche d'un étourdissement dans les douleurs et plaisirs. c'est aussi l' abandon d'un avenir qui n'est jamais dessiné sinon pour entrevoir la mort prochaine ( Okinawa le toxicomane ) ou des plans sur la comète pathétiques ( Yoshiyama ). Ryû lui ressent un vide qu'il tente de faire taire mais qui se manifeste dans les moments d'ennui, qui le couvre comme une chape de plomb. Cette tension connaît son épilogue avec la prise de conscience de Ryû sur qui s'abat la transparence délirante et les ombres opaques de ce monde qui ne lui laisse aucune perceptive, aucun avenir, le condamnant à être cet atome humain vulnérable et négligeable sans contrôle sur le monde.
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Une grande partie du livre me saoulait, des scènes affreuses de délires sous substances, et des scènes sexuelles pas du tout excitantes, puis d'un coup, les pièces se sont mises à prendre du sens. Parce que ce livre est juste une explosion de sensations, de descriptions fines de ressentis, de perceptions, de feelings, de liens au naturel, au bord du désespoir, au bord de la folie, au bord du gouffre tout le temps. Tout le temps le désespoir guette, tout le temps il y a un scarabée doré qui illumine un chemin qui est à la fois là et inexistant.
Une masse de chair ignoble qui se meut, voilà l'humain, et une bête d'une profonde délicatesse, de sentiments... purs.
Si la Roche tarpéienne est proche du Capitole, ça veut aussi dire que le Capitole est proche de la Roche tarpéienne.
Rêver tue et rêve protège le sommeil.
Des idées rebattues.
Périr jeune.
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Le corps est réceptacle et dispensateur de plaisir. Cette matérialité n'est pas dénuée de poésie. Ainsi une méduse de sang s'épanouie dans le tube avant que le reflux du piston propulse le rush et l'oubli. Et pour briller et éclairer, la bougie doit brûler et se consumer.

Ainsi de ce groupe de jeunes tokyoïtes qui consomme et consume leur vie, sans utopie ni illusion. Ils ont fait leur l' apophtegme de William Blake "Le chemin de l'excès mène au palais de la Sagesse". Lui qui déjà disait "Si les portes de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l'homme telle qu'elle est : infinie. Car l'homme s'est refermé sur lui-même jusqu'à considérer toute chose par les brèches étroites de sa caverne. Ces personnages s'ils semblent peut être repliés dans leur trip, ils ne restent pas moins dans la temporalité d'une expérience commune, essayant d'agrandir ses brèches étroites par le déferlement du sexe et l'effet coruscant des drogues corrosives. Ce cours roman est plus le fruit d'alternances de scènes pornographiques, de descriptions brutes d'usage de psychoactifs et d'interlude poétique que le fruit d'une narration suivie. Peut être qu'entre les césures de ces épisodes, réside le repos régénérateur, à moins que cela ne reflète le délitement progressif, le morcellement de ces vies sans repère.

Ce livre est un coup de poing dans le plexus solaire. On est loin des promenades nippones au premières tiédeurs du printemps le long des allées de cerisiers en fleur. Les descriptions cliniques des effets des substances consommées sont saisissantes. Je n'est pas vu d'équivalant dans ma modeste expérience de la littérature japonaise. Çà se rapproche plutôt de la production d'un William S. Burroughs. Si ces thématiques sont votre opium ou votre palliatif, allez-y, procurer vous le produit. Stupéfiant.
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Nous traversons des galeries de scènes tel un stroboscope qui déchire la lumière de flash et d'éclaire....Ryû coule le long de ses espoirs vers la rivières de ses paradis artificiels cher à Baudelaire ....
Une jeunesse en crise goute avec plaisir les joies de la chair ou Sade se remémore ses débauches....
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Mon premier rencontre avec la littérature japonaise a été à travers de « Bleu presque transparent ». Une histoire complexe et tordue d'une génération d'errances. Ryû Murakami est un expert en complexité sociale, un narrateur imprudent de la société d'aujourd'hui. Les personnages et ses relations, ainsi que l'utilisation d'éléments tels que le sexe, la drogue et la violence, impliquent le lecteur dans une quotidienne d'une bande de jeunes américanisés de Tokyo des années 70.
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J'ai adoré. C'était puissant.
Je le trouve meilleur que les bébés de la consignes automatiques. J'ai trouvé ce roman fou et poétique. Très très inspirant et qui fait réfléchir.
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