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4,18

sur 1477 notes

Je ne sais pourquoi, après avoir appris les conditions d'écriture de ce roman et le destin tragique de l'autrice, je m'attendais à une lecture triste. Et ce ne fût pas le cas. Bien entendu, vu le propos, ce n'est pas non plus le roman joyeux de l'année, mais nous ne sommes ici ni dans la tristesse ni dans l'apitoiement.

Suite française, c'est donc deux volumes d'une série qui aurait du en compter sans doute trois de plus si la vie en avait décidé autrement.
J'ai particulièrement apprécié le premier, "Tempête en juin", car il aborde exclusivement un moment de l'histoire qui en général ne fait que passer dans les romans historiques qui portent sur l'époque: l'exode des parisiens (entre autres) vers le Sud au début de la guerre.

Ce qui marque à travers tout le roman, c'est cette attention que l'autrice porte à la construction de ses personnages, qu'ils soient principaux ou secondaire; tout en nuance, sans manichéisme.
Souvent, quand on lit des romans sur une guerre, ils sont le produit d'auteurs qui connaissent la fin de l'histoire. Sans même le vouloir, cette connaissance de l'après les influence, essentiellement dans la psychologie de leur personnages ou dans leurs intentions. Et ici, ce n'est pas le cas et par moment, on le sent, ce qui ajoute au réalisme de l'intrigue qui correspond sans doute en partie aux observations de l'autrice in situ.

Enfin, le style de Irène Nemirovsky est très moderne. A aucun instant je n'ai eu l'impression de lire un ouvrage rédigé au début des années 40. Ce qui renforce mon sentiment que je viens de refermer une oeuvre remarquable, d'une artiste de talent, dont la disparition a causé une grande perte à la littérature.
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Il y a beaucoup de justesse dans ce texte, beaucoup d'humanité. Les personnages sont si réalistes qu'ils pourraient avoir existé. Et en quelque sorte c'est le cas. Ils sont tous ceux qui ont vécu l'exode de 1940, ceux qui ont vécu l'occupation, ceux qui ont dû vivre avec l'occupant, gérer l'absence des proches.
Il y a un côté frustrant au caractère inachevé du roman. Et surtout un caractère tragique avec la destinée de son auteure. Cela rend encore plus marquant cette lecture, en sachant que le texte a été écrit "à chaud".
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Irène Némirovsky a écrit ce roman inachevé au début de la guerre 39-45, alors qu'elle-même et sa famille se voyaient refuser la nationalité française.
La première partie, «Tempête en juin», relate comme si c'était en direct, l'exode qui jeta les Français sur les routes, fuyant devant l'avancée de l'armée allemande. On suit des Français de toutes les classes sociales dans cette fuite chaotique, et la plume élégante de l'autrice se fait grinçante, décrivant la petitesse des fuyards, alors que le sauve-qui-peut se conjugue au chacun pour soi. À travers les portraits des petits-bourgeois, banquiers, maîtresses, se glissent ceux d'un soldat blessé hébergé par une famille de paysans, Jean-Louis Marchand, et de ses parents qui le recherchent à travers leur exode. La deuxième partie, «Dolce», nous transporte dans une petite ville occupée et s'attarde à nous faire vivre cette occupation dans son aspect quotidien, où l'on côtoie l'occupant et qu'on apprend à le connaître. Chez les Angellier, famille de petite noblesse, la veuve et sa bru sont sans nouvelles du fils et mari au front et doivent héberger un officier allemand. Une relation interdite se noue à petites touches délicates entre Lucile Angellier et ce dernier, chacun se réalisant sans attache à leur conjoint lointain d'un mariage de convenance. Puis, par un concours de circonstances, la jeune femme se transforme en résistante alors qu'elle accepte d'héberger un paysan recherché par les Allemands qu'elle veut aider à se rendre à Paris. L'autrice avait prévu qu'elle y rencontrerait Jean-Louis Marchand, mais ce chapitre n'a pas été écrit, on le sait grâce à ses notes miraculeusement préservées, à l'instar du manuscrit.
L'écriture est fluide, tour à tour tendre et sarcastique, Irène Némirovsky est une fine observatrice de la nature humaine qui se révèle encore davantage, souvent laide ou parfois belle, en ces circonstances extrêmes.
C'est très bouleversant de réaliser que l'écriture de ce roman fut interrompue par son arrestation et sa déportation à Auschwitz, dont elle ne revint pas. Son mari subit le même sort funeste peu après, mais ses deux petites filles furent cachées, aidées, sauvées et avec elles, grâce à elles, le manuscrit de Suite française.
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C'est une amie qui m'a prêté ce livre : il me faisait déjà de l'oeil depuis un petit moment, mais j'avais été un peu refroidie en lisant “le bal” du même auteur qui m'avait mise très mal à l'aise.


Là j'ai sauté le pas et j'ai vraiment bien fait, parce que ce livre est incroyablement formidable ! Il rejoint immédiatement la catégorie des coups de coeur et la liste des romans que je dois acheter !


Irène Némirovsky a été arrêtée, déportée et assassinée à Auschwitz en juillet 1942. le manuscrit de ce roman a survécu grâce à sa fille aînée, qui l'avait dans sa valise au moment de sa fuite : Manuscrit qu'elle a lu des années plus tard en 1998.


Il a été publié sous le titre de “Suite française” en 2004.


Ce roman n'est donc pas terminé. On a seulement les deux premières parties (sur 5) dont les titres sont :
1. Tempête en juin
2. Dolce
3. Captivité
4. Batailles ?
5. Paix ?

La première partie raconte l'exode des habitants de Paris dans les heures qui ont suivi l'arrivée des allemands. On voit donc la fuite sur les routes, les bombes, les morts et la façon dont les français réagissent à cette exode, jusqu'à la capitulation de la France et le retour aux choses normales.


La deuxième partie relate l'arrivée des allemands dans une petite ville, durant la première année de l'occupation. On voit donc comment la cohabitation se fait et comment la vie quotidienne tente de continuer…


D'après les annexes du roman, ces deux premières parties servaient surtout à présenter les personnages, à montrer les liens qui les unissaient, à organiser le cadre de l'histoire.


Pour les autres parties, grâce aux notes d'Irène N. on a les informations suivantes:

La troisième partie devait parler de la résistance, de ses origines, de son organisation et des arrestations qui en résultaient. Les quatrième et cinquième parties devaient avoir les titres de “batailles” et “paix”…mais elle avait mis des points d'interrogation…en effet en 1942, difficile d'imaginer la fin de la guerre et comment celle-ci se ferait !

Mais apparemment, Irène Némirovsky avait déjà prévu des dernières batailles, puis une paix entre les différents pays…Comment est ce qu'elle imaginait cette paix, j'aurais bien voulu le savoir !


J'ai adoré les deux parties !


Dans la première partie, “Tempête en juin”, elle nous décrit un beau spectacle de l'humanité:
C'est dans ces moments là, qu'on voit ce que valent les hommes. Il y a ceux qui aident les autres, ceux qui partagent, ceux qui gardent tout pour eux, ceux qui pillent, ceux qui partent et ceux qui restent…C'est très intéressant de voir les raisons différentes, les peurs, selon la classe, l'âge et le sexe des personnages.


On peut détester certaines personnes à cause de leur égoïsme et sentiment de supériorité, en voyant leurs priorités dans la vie…parfois c'est quand même assez pathétique!


Je dois avouer qu'à ma grande honte j'ai éclaté de rire quand madame Péricand se rend compte une fois tous les évènements de la nuit passée, les bombardements, son fils qui part rejoindre l'armée, la course vers la gare…qu'elle a oublié son beau-père infirme!


Elle qui était tellement fière d'elle, qui se rengorgeait d'avoir tout prévu, d'avoir gardé son sang-froid, de ne pas avoir oublié l'essentiel et d'avoir sauvé sa famille…et là vlan! L'oubli!


Mais je n'ai pas pu m'empêcher un peu de la comprendre et de vouloir la soutenir, même si c'est une idiote plein de préjugés : elle est une femme seule, avec des enfants en bas-âge, un grand-père infirme, un mari absent : seule responsable au milieu de la panique et des bombardements. A part son beau-père qu'elle oublie, je trouve qu'elle s'est très bien débrouillée pour survivre avec tous ses enfants.


Finalement, il y avait très peu de personnage tout à fait détestable (même si il y en avait un ou deux tout de même).


C'étaient surtout des êtres humains, qui avaient peur, qui se retrouvaient seuls, en danger et qui ne savaient plus vraiment vers qui se tourner… Ils se sont donc débrouillés comme ils le pouvaient. Certains ont eu de la chance, d'autres beaucoup moins. Et tous ont eu ce sentiment de stupéfaction quand soudain, l'armistice est arrivé et qu'il fallait rentrer chez soi.


La deuxième partie m'a un peu fait penser AU “Le silence de la mer” de Vercors, qui est un autre roman formidable sur l'occupation allemande dans la vie de tous les jours (que je conseille également!).


Le plus drôle dans cette partie est le titre : “Dolce” c'est-à-dire “doux” en italien. Je trouve cela très ironique et fin.


Car oui, en effet, le peuple français est tout doux dans cette partie là…il se courbe, il s'aplatit, il ne fait pas de vagues, pas de bruits, rien…on pourrait le croire apprivoisé…


C'est d'ailleurs ce que les allemands se disent, après plusieurs mois d'occupation : qu'ils ont fait des progrès avec les français, que les relations s'améliorent…et pourtant, cette douceur est entièrement superficielle…
Il ne se passe pas à un jour, sans que les français à mi-voix d'abord, insultent et maudissent les occupants, pour des raisons ou d'autres…


Et un jour, cela finit par exploser, et là Benoit, un paysan qui en a assez de voir un allemand tourner autour de sa femme le tue. Plus de douceur…la résistance prend de l'ampleur, l'hypocrisie aussi et ce village que les allemands trouvaient si paisible leur parait soudain bien dangereux.


Dans cette partie, on suit particulièrement la vie d'une jeune femme, dont le mari est prisonnier, qui est obligée d'accepter un officier dans sa maison.
Si sa belle-mère refuse tout contact avec l'ennemi, Lucie, elle ne le voit pas d'un aussi mauvais oeil. Sans être aimable, elle s'efforce d'être courtoise, d'abord par politesse et éducation, ensuite parce que cet officier est un homme charmant et gentil, dont le seul défaut est finalement d'être allemand.


Faits, que le village découvre d'ailleurs avec stupeur: Les soldats et les officiers ne sont pas particulièrement méchants ni pervers. Ce sont des hommes comme des autres!


Ce qui est impressionnant, c'est la capacité d'Irène Némirovsky d'analyser tous ses éléments, tous les caractères, les impressions les visions, les réactions de tous, français, allemand, vieux, jeunes, femmes et hommes, sans le moindre problème. Tout sonne tellement vrai, tellement réel, c'est fait sans pathos, sans fioritures, sans exagérations! Cette femme avait un talent incroyable.


A la fin de cette deuxième partie, on commence à voir lentement tous les liens invisibles qui se font entre les personnages, on reconnait des relations, des rencontres, des évènements…ces deux parties étaient vraiment une sorte de longue introduction pour poser le contexte et les personnages !


——————————————

Ma critique est un peu longue…C'est un roman fabuleux, un coup de coeur, aussi bien pour la forme que le fond (ce qui est assez rare quand même!).Qu'est ce que j'aurais voulu lire le livre en entier!


Je le conseille vivement à toute personne qui a envie de découvrir un chef d'oeuvre!
Lien : http://writeifyouplease.word..
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L'autrice, juive d'Europe de l'Est arrivée en France avec sa famille, est morte en déportation durant l'été de 1942.
Ce livre se compose de deux romans : "Tempête en juin" sur l'exode de quelques français de toutes conditions sociales et de tous âges et "Dolce" sur les débuts de l'occupation, dans lequel on retrouve certains personnages de la première histoire et quelques autres, nouveaux.
Irène Némirovsky sait parfaitement capter la mentalité des Français d'alors, celle des grands et petits bourgeois égoïstes et mesquins, celle des paysans et des simples employés. Elle écrit merveilleusement bien, (quoique dans le ton de l'époque) - en particulier dans la description des paysages et le rendu des sentiments.
Les annexes sont toutes deux fort intéressantes.
L'annexe I nous renseigne sur les trois suites prévues et qui dramatiquement n'ont pu voir le jour.
L'annexe II se compose de lettres de l'intéressée exposant sa douloureuse situation, puis de lettres de suppliques de son mari, et enfin de lettres de la tutrice de ses deux fillettes, sauvées car cachées.
Hélas, j'ai constaté que ces romans, pourtant relativement favorables à l'armée allemande (le deuxième raconte l'histoire de soldats, eux aussi victimes de la guerre), n'ont pu lui permettre d'échapper à son triste sort !
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Lire Suite française, c'est vivre l'histoire comme si on y était : l'annonce des allemands qui entrent dans Paris, l'exode effréné sur les routes, le chaos, la perte de tous ses repères et surtout la nature humaine dans toute sa franchise, sans complaisance.

Ensuite, vient l'occupation : comment continuer à vivre dans ces villages, dans ces maisons réquisitionnées par l'ennemi, ? Comment se comporter ? Quels choix faire ?

Avec une plume admirable, l'auteure nous fait partager le quotidien de ces hommes et de ces femmes. On vit avec Irène Némirovsky l'instant T, et j'ai trouvé surprenant qu'elle ait pu voir et écrire sur son présent avec ce recul et cette analyse, alors qu'elle devait se cacher en tant que juive.

J'ai lu que le roman devait comporter 5 parties, elle put en rédiger seulement deux, elle fut arrêtée, puis déportée et exécutée.

C'est un récit puissant et bouleversant. Un récit qui m'a énormément plu, énormément marqué. Une très grande découverte.
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Dès la mi-juin 1940, c'est l'exode des Parisiens vers les campagnes : familles bourgeoises et ouvrières, riches banquiers, écrivains, domestiques, chauffeurs, tous quittent leur foyer fuyant l'avancée inexorable de l'armée allemande. Cette première partie intitulée Tempête de juin déploie le contexte dans lequel la seconde partie, Dolce, évoluera. Après la débâcle initiale, ces Parisiens rentreront au bercail dès l'armistice conclu entre l'Allemagne et la France le 22 juin 1940. S'ensuivront alors les jours de l'occupation ennemie dont s'accommoderont les habitants d'un petit bourg non loin de Paris.
Irène Némirovsky, assassinée dans les camps d'Auschwitz, n'a pu terminer son roman ni en voir la parution. Contemporaine des événements qu'elle décrit avec acuité, elle use d'une écriture poétique par moments mais sait aussi employer des termes plus durs pour évoquer la bassesse humaine. L'absence d'antisémitisme dans son récit, explique peut-être le fait qu'elle écrivait au plus près de la réalité et de l'instant vécu. Rétrospectivement, ce roman contient toute une charge émotionnelle.
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Fuite française aurait été de circonstance. Sur les routes de l'exode devant l'avancée fulgurante de l'armée du Troisième Reich, des portraits d'hommes et de femmes dont l'instinct de survie les pousse souvent à des bassesses mais quelques moments de grâce aussi... Fuite ou plutôt résignation de la grande majorité des Français devant l'occupant, et parfois comme dans le silence de la Mer, l'amour qui éclot entre ennemis...
Ne croyez pas que je les juge tous ces personnages. C'est peut-être le roman sur cette période qui m'a le plus poussé à me demander ce que j'aurai fait, sans trouver de réponse naturellement. Mon coeur à moi aurait peut-être aussi balancé devant cet "ennemi" cultivé, poli et respectueux ; mais en même temps, accaparant la nourriture et réduisant la population au rationnement... Si ce texte m'a autant interrogé est-ce parce qu'il fut écrit au moment des évènements et est donc presque un reportage sur l'époque ? Je ne sais pas. Je regrette très fort que Madame Némirovsky fut déportée et assassinée. C'était une grande écrivain(e ?) qui avait sans doute encore beaucoup à nous offrir.
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Suite française réunit « tempête de juin » et « Dolce », deux récits qui n'ont pas pu être terminés car leur auteure fut exterminée en 1942 à Auschwitz. Ce roman aurait donc certainement été relu, retravaillé par l'auteur si elle en avait eu le temps.
L'écriture est élégante, chaque mot choisi avec soin.
J'ai été impressionnée par le talent de visionnaire d'Irène Nemirovsky qui semble percevoir ce dont va accoucher cette guerre.
Les personnages, singulièrement les bourgeois, sont lâches, ne font preuve d'aucune solidarité ; la fin justifie les moyens.
Il est aussi question de classes sociales qui s'opposent, d'abus de pouvoir.
Malgré le style impeccable, il y a beaucoup de descriptions et certaines longueurs qui empêchent, si ce n'est l'attachement aux personnages, leur compréhension.
Foudroyée à 39 ans, Irène Némirovsky laisse derrière elle une pépite inachevée.
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Suite Française rassemble en réalité deux ouvrages.

Le premier, intitulé Tempête en Juin, est davantage une galerie de portraits qu'un roman. Dans des chapitres qui s'intercalent on peut suivre plusieurs personnages contraints, en juin 1940, à prendre la route de l'exode : la famille Pericand, des bourgeois catholiques aux moeurs réglées comme du papier à musique et encombrés d'un aïeul impotent ; l'écrivain Gabriel Corte accompagné par sa maîtresse Florence ; Maurice et Jeanne Michaud, tous deux employés de banque depuis longtemps sans nouvelles de leur fils Jean-Marie ; Jean-Marie lui-même qui, blessé, a été recueilli par de jeunes fermières ; Charles Langelet enfin, un célibataire égoïste et vain, amoureux d'antiquités.
La réalité de la guerre est la même pour tous, mais chacun l'appréhende différemment en fonction de leurs intérêts personnels, souvent matériels.
Tempête en Juin s'achève cinq mois plus tard en novembre. L'hiver marque la fin de l'exode, certains des personnages ont trouvé la mort, personne n'est rentré indemne de ce douloureux épisode, et la guerre quant à elle n'est pas terminée.

Le second volume, intitulé Dolce, se présente davantage sous la forme d'un roman «classique ». Irène Nemirovsky s'intéresse de plus près à certains personnages secondaires évoqués dans Tempête en Juin, notamment les jeunes fermières et le retour de Benoît, le mari de l'une d'elle. Mais le personnage central de Dolce est Lucile Angellier, jeune femme fine et sensible qui depuis le départ au front de son époux Gaston qu'elle n'aime pas, partage l'ennuyeux quotidien de son acariâtre belle-mère. L'occupation leur impose d'accueillir sous leur toit un officier allemand, Bruno, dont les moeurs délicates font peu à peu la conquête de l'esprit, puis du coeur de Lucile qui reste tiraillée entre son sens du devoir et l'éveil d'une sensualité jusque-là ignorée.

L'exode, puis l'occupation : deux pans de l'histoire des Français, dépeints avec une riche palette d'émotions et de sensations, liées aussi aux bruits, aux odeurs : minutieuses descriptions d'un jeune chat qui s'apprête à partir en chasse, d'un jardin abandonné envahi par les fleurs champêtres, des objets d'un intérieur bourgeois, uniques par leur histoire, que l'on veut soustraire aux mains de l'ennemi, ...

L'édition Folio comporte en outre, en annexes, les notes manuscrites d'Irene Nemirovsky sur son projet d'écriture de Suite Française, et la correspondance (1936-1945) adressée notamment par Irène à son éditeur de l'époque (Albin Michel), puis par ses proches, notamment son époux Michel Epstein, engagé dans de vaines démarches pour faire libérer Irène.

Suite Française est un témoignage vrai, vibrant, qui ne sombre pas dans le pathos malgré le vécu de l'auteure, ne prend pas parti mais donne à voir et à revivre. La lecture est très facile, agréable, avec de petites touches d'humour qui allègent la terrible réalité. Je recommande ce roman, qui donne je pense une vision juste des événements. Un roman qui nous amène aussi à réfléchir sur les intérêts contradictoires qui peuvent, dans une situation qui nous est imposée, infléchir nos pensées et nos réactions.
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