Souriez, on vous espionne

Je crois avoir entendu ce monsieur sur bfmtv à l'occasion de l'affaire Merah. Je suis tombée sur ce livre par hasard et les thèmes plus qu'actuels m'ont donné envie de le lire. C'est un livre qui se veut dénonciateur, agitateur de consciences, et alarmiste.

Il aborde une panoplie de sujets avec une investigation très pointue, ponctuée de centaines de références politiques, scientifiques, journalistiques.



Ce document est intéressant ,c'était censé être un ouvrage de vulgarisation sur la question de la sécurité intérieure et extérieure et sur la cybercriminalité, mais je dois avouer qu'énormément de choses m'ont échappé. Il fourmille de détails sur l'électronique et l'informatique qui me sont très difficilement accessibles et que j'ai lu d'un oeil assez distrait; il distille par le menu détail une myriade de services chargés de la sécurité des Etats en insistant principalement sur le cas de la France et des Etats-Unis, sans omettre leurs différentes ramifications et leur coopération; il évoque également la mutualisation croissante des moyens d'investigation, de contrôle et de prévention tant à l'échelle nationale qu'internationale, ainsi que la compétition permanente qu'exige l'espionnage et le contre-espionnage à travers les programmes de logiciels espions, de virus etc visant notamment à contrer les lobbyes adverses...



C'est un ouvrage destiné à des lecteurs avertis qui ont déjà quelques -de nombreuses- notions sur la question. Il aborde des sujets brûlants d'actualité même s'il date de 2005. L'empiètement croissant de l'Etat sur la vie privée n'a cessé de s'accentuer, avec tous ces nouveaux gadgets apparus depuis, la vidéosurveillance globale qui ne cesse d'étendre son filet au nom de la sécurité, la biométrie qui connait un franc succès ou encore la multiplication de fichiers policiers qui se croisent et qui portent atteinte au droit à l'oubli, ou de fichiers informatiques destinés aux entreprises pour servir leur marketing sauvage...

J'ai apprécié particulièrement le début où il évoque plus spécifiquement la mine d'or que constitue de nos jours notre fameux portable et particulièrement cette citation " le téléphone portable est une véritable laisse électronique payée par celui qui le porte". Il y est question également de puces sous-cutanées permettant de devenir membre VIP d'une boîte de nuit en Espagne et qui permettent au client d'être identifié et de payer ses consommations : et dire qu'il y en a qui payent pour la frime!

En outre, à propos de la vidéosurveillance, il décrit le laboratoire géant que constitue la ville de Londres où un citoyen serait filmé en moyenne 300 fois par jour. Les exemples foisonnent et donnent le tournis...



Finalement, au-delà de la paranoia qu'il génère qu'en reste-t-il? Beaucoup d'interrogations. J'aurais aimé lire son avis personnel puisqu'il s'agit d'un éminent spécialiste. Que doit faire la France patrie des droits de l'homme comme il aime à le rappeler? Passer outre certains droits individuels au nom du bien collectif? Respecter ses grands principes et courir le risque d'imploser? A l'heure où on parle de clivages de plus en plus profonds dans notre société, quelle serait l'arme la plus efficace contre le terrorisme, la nationalisme, l'intégrisme? Quel serait le garde-fou le plus efficace pour garantir le respect de la vie privée si décriée par le citoyen lambda?

Quel serait le moyen pour l'état français de continuer à peser sur la scène internationale quand ses alliés sont en même temps ses ennemis stratégiques, économiques qui ne s'encombrent pas de tant de scrupules?



Je constate tout de même cette propension qu'ont les grands défenseurs des libertés à s'épancher sur la toile, sur les nombreux réseaux sociaux auxquels ils sont abonnés sans se soucier de raconter leur petite vie.

Ils s'indignent, s'insurgent, mais ce sont eux les principaux acteurs de ce qu'ils dénoncent. Après tout qu'ont-ils à craindre s'ils n'ont rien à se reprocher?



Biensûr personne n'apprécie de savoir que son compte en banque est scruté, ses appels ou messages, ses opinions politiques, ou religieuses, ses préférences sexuelles, ses fréquentations, sa carte vitale, ou ses tickets de caisse passés à la loupe de plusieurs big brothers accrédités...



Il me reste à conclure que le débat est houleux, que personne ne détient plus à l'heure actuelle de solution concrète et viable, que chacun aujourd'hui exige dans une démocratie de vivre en paix et en sécurité avec son petit confort personnel mais n'accepte plus le fait que la technologie est telle aujourd'hui qu'elle dépasse les espérances et les attentes du simple usager. On ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre.



Le juste milieu semble dans le futur très proche impossible à trouver. de toute façon avons-nous encore un choix?