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EAN : 9782493083067
204 pages
Les Bons Caractères (24/06/2022)
2.17/5   3 notes
Résumé :
Désiré Nogrette été toute sa vie un ouvrier, fier de l’être. Embarqué à 20 ans dans la sale guerre d’Algérie, il apprit à résister à l’entreprise d’abêtissement de l’armée. Gagné aux idées communistes révolutionnaires, il travailla, à partir de 1964, à l’usine automobile Chausson. Son quotidien fut rythmé par son activité politique et syndicale, la rédaction des journaux d’entreprises de Voix Ouvrière, puis de Lutte Ouvrière, et par sa participation aux grandes grèv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les éditions Les Bons Caractères publient, en 2022, le témoignage de Désiré Nogrette, qui détaille sur 261 pages (annexes comprises) ses années de "lutte heureuse".

Mais de quelle(s) lutte(s) parle-t-on ? Car elles s'écrivent au pluriel. "La vie, c'est un combat et, comme vivre c'est lutter, alors autant lutter utilement, pour améliorer la vie des exploités en vue de se débarrasser de cette société d'exploitation de l'homme par l'homme, qui laisse végéter les uns dans la misère pour que d'autres gaspillent, se goinfrent dans une boulimie d'opulence bien dérisoire"(p. 216).

Le ton étant donné, on ne peut que constater la succession de(s) luttes, depuis l'enfance de l'auteur, en passant par la guerre d'Algérie, et surtout le récit très exhaustif des années où il travailla à l'usine Chausson (1964-1990).

Sur ce dernier point, Désiré Nogrette tente de nous immerger dans plusieurs évènements-clés : 1968 mais surtout, la grève qui dura 3 mois en 1975, qu'il documente avec ferveur, tracts et photos à l'appui.

Au delà de la violence des rapports de force entre patronat et ouvriers, on y découvre des aspects sans doute moins connus, et notamment les conflits larvés ou franchement ouverts entre le PC, la CGT, la CFDT, l'hebdomadaire Voix ouvrière devenu Lutte ouvrière et le reste des ouvriers non syndiqués (militant VO puis LO, exclu de la CGT en 68, D. N. a ensuite rejoint la CFDT). Fait plus étonnant encore : la solidarité extraordinaire entre grévistes français et immigrés ("L'ambiance était chaleureuse, les interventions les plus importantes étaient traduites en trois langues : arabe, wolof (Sénégal et Mauritanie) et bambara (Mali)", p. 112) mais aussi avec la population de Genevilliers et d'autres délégations de travailleurs. le rôle saillant et l'organisation exemplaire des Comités de grêve offrent une belle leçon de démocratie participative.

En bémol, on peut reprocher à l'auteur une plume quelque peu désincarnée : l'ouvrage est une succession de petits paragraphes ou épisodes, qui se lit donc très vite, mais qui aurait mérité (en dehors des chapitres sur 1975) davantage de détails, mise en perspective ou tout simplement... d'émotions. Car tout est extrêmement descriptif ; on croirait lire un journal de bord, et non la biographie d'un ouvrier soucieux de nous convaincre que l'on peut "vivre heureux en luttant". Autre bémol plus personnel : si de nombreux sites Chausson sont évoqués, celui de Creil* n'est que brièvement mentionné (pas de chance, c'est celui au sein duquel mon grand-père a travaillé plusieurs années et qui m'intéressait particulièrement). Les chapitres consacrés aux années 90 sont trop courts : dommage qu'on en sache pas plus sur les mouvements ouvriers qui ont accompagné la douloureuse restructuration du groupe, car même si je comprends que l'auteur n'était plus dans le "système" (il a fait de l'intérim de 90 à 94), on aurait aimé savoir ce qu'il est/était advenu de ses camarades de lutte...

En conclusion, je recommande ces anecdotes de vie à toutes celles et à tous ceux, ouvriers ou non, qui s'interrogent sur le monde du travail, ainsi que sur l'histoire politique et syndicale française, et qui cherchent peut-être à "travailler sans peur en se faisant respecter... [tout] en souriant discrètement". Merci à Babelio et à l'éditeur pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la dernière opération Masse Critique.


* Chausson, en 1975, appartient à quatre actionnaires principaux : Renault 19%, Peugeot 19%, Ferodo 17% et Chausson 13%. [...] À Asnières, on compte 2 200 travailleurs, cadres compris". À Genevilliers, 4 500, à Meudon, 600, à Maubeuge, 2 200, à Reims, 2 000 et à Creil, 4 000. D'après la page 95 du livre.
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Aïe ... Non, vraiment je ne peux pas conseiller ce livre, malgré les meilleures intentions du monde qui sont sensibles dans l'écriture.

Déjà, le livre est un condensé de vie qui est principalement articulé autour des grandes grèves des usines de Chausson. Et cela impacte le livre dans un gros déséquilibre : une petite introduction au personnage et à ses motivations et idées, puis mai 68, bascule vers les grèves de 75 et ensuite petite suite et conclusion. Ce qui est problématique lorsque le titre parle d'une vie complète, qui est bien plus balayé pour passer au coeur du sujet : la grande grève.
D'autre part, ce procédé passe par un découpage en chapitres thématiques, que l'on sent bien plus fait pour l'auteur (qui structure sa pensée) que pour le lecteur, qui voit sa lecture interrompu chaque moment par des titres gras qui coupent le rythme. D'ailleurs, ce découpage très chronologique ne permets pas de dépasser le cadre du simple témoignage.

Et là, on rentre dans le vrai souci de ce genre de livre. Je suis totalement d'accord avec les idées de l'auteur, ce n'est donc pas un souci de fond, mais bien de forme. Ici, l'idée du témoignage ne dépasse jamais ce simple postulat de base et manque cruellement de développement. Alors que la conclusion (et quelques brèves pistes de ci de là) nous laissent entrevoir une mécanique profonde, l'auteur s'arrête à sa propre vie et expérience sans développer quoi que ce soit de plus. Ce qui est problématique. de parler de soi devient vite lassant si l'on arrive pas à extrapoler quelque chose au-delà, quelque chose de plus fort et de plus grand.
Ici, malgré la bonne volonté, le discours anticapitaliste ou la charge contre la bourgeoise, le patronat et les syndicats vendus ne dépasse pas les critiques de ce que l'auteur a vécu. Il manque une mise en relief qui permette d'élever le tout au-dessus du simple vécu, de comprendre des mécanismes, des enjeux, des idées. Concernant les syndicats, j'ai été frustré de voir apparaitre si tardivement l'idée qu'ils se battaient avant tout pour plus de pouvoir et non pour défendre les ouvriers. Cette idée serait très bonne à développer pour comprendre le développement du capitalisme sauvage dans les années 80, mais elle n'est ici qu'effleurée.

Et c'est ce qui me dérange à la lecture : le potentiel. On sent une possibilité d'élargir cette question de grande grève et de combats pour des droits à des interrogations plus large, peut-être aussi plus actuelles et qui rappellent la raison d'une lutte syndicale. Rappeler aussi qu'il faut se battre et contre quoi. Certes, la conclusion le fait, mais il est à ce moment-là trop tard. le livre est assez assommant, avec force de dates et de partis se tapant dessus, plusieurs évènements décrits très factuellement ce qui empêche de s'impliquer. Ou même des ajouts manquants, comme la description d'un intérieur ouvrier de ces années-là permettant de comprendre ce qui se joue lorsqu'on demande un peu plus d'argent (combien représentaient 250 F à cette époque). Ces manquements font du livre un ouvrage très dispensable parce qu'il ne permets pas de dépasser le simple témoignage, ni original ni particulièrement remarquable.
A mon sens, je pense que le livre aurait gagné à avoir un(e) relecteur(e), ou un(e) auteur(e) qui organise thématiquement l'ensemble et en dégage des réflexions et des axes. Pour diminuer le poids de cet ensemble très indigeste (on se perd dans les dates, les jours, les sigles et les personnes) mais aussi pour tirer de tout cela des réflexions qui feront échos de nos jours. Malheureusement, je pense que bien peu de gens trouveront ce livre à leur gout de nos jours, et c'est dommage. Car dans l'idée, il a raison : il faut encore et toujours se battre. Pour nos droits, pour la dignité et pour notre avenir.
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Un récit reçu grâce à une opération masse critique.
Desire Noguette nous raconte sa vie et, en particulier, sa vie d'ouvrier et de syndicaliste.
Jeune appelé lors des "événements" d'Algérie, il nous parle de cette guerre qui ne dit pas son nom. Il y découvre le monde de l'armée, des copains de caserne, des relations avec les supérieurs. Il ne décrit pas des combats mais plutôt des heures de veille, de surveillance dans des endroits paumés.
Puis, c'est le retour en France et il est alors embauché dans les usines de Chausson et va nous décrire le travail dans les chaînes, c'est la description du monde des 3/8, du travail à la chaîne.
Il est militant et syndicaliste et va nous raconter les méandres des militances, des conflits entre syndicats, des réunions, des décharges d'horaires. Il nous parle d'un monde qui a l'air si loin de nous, dans notre époque où nous avons l'impression qu'il y a plus de monde ouvrier, de solidarité ouvrière et que les avantages sociaux sont de plus en plus attaqués et cela dans un silence assourdissant.
J'ai apprécié la narration de l'histoire des luttes ouvrières, que ce soient celles de 1968 ou des années suivantes, de l'histoire des grandes usines et du travail en ateliers en 3/8, à la chaîne, de l'histoire des syndicats et des rapports entre les organisations, syndicales et politiques, et d'un constat pessimiste de notre monde actuel.
Desire Noguette nous parle d'un monde ouvrier, qui nous semble si loin mais ce n'est peut être qu'une impression. le monde ouvrier a changé, je pense qu'il y a moins de travail à chaîne, mais même si ces conditions de travail physiques se sont améliorées, le monde du travail a changé mais il reste encore des avantages à défendre, même si nous avons l'impression qu'il y a un peu moins de solidarité entre les ouvriers, employés, mais peut être qu'une impression.
Un récit sociologique qui nous parle d'une autre époque mais qui nous interpelle sur les revendications, qui peuvent être toujours actuelles et qu'il faut continuer à préserver et qu'il faut donc vivre heureux en luttant, même si les formes de combat ont changé.




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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Lorsque je suis parti au service militaire, j'étais contre cette guerre coloniale et je voulais croire un peu au pacifisme. Mais je suis revenu d'Algérie révolutionnaire. Cette guerre coloniale et la violence que la bourgeoisie a utilisée pour essayer de s'opposer à l'indépendance de l'Algérie m'ont convaincu qu'il fallait changer la société.
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Quelques années après avoir découvert ce qu'était vraiment le père Noël, je me suis posé des questions sur la religion. J'ai l'impression d'avoir très vite douté de ce conte incompréhensible. Sur mes 10 ans, je me suis dit sur la religion, c'était un peu comme un père Noël pour adultes.
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