Paris. Dix-neuvième siècle. Un incendie ravage les stands des femmes nobles qui tentent de trouver le sens de leur existence un peu vide dans le don de soi. le feu se propage rapidement, atrocement, férocement. Les morts sont nombreuses, les grands brûlés aussi. Les familles éplorées cherchent dans les cendres encore chaudes leur femme, leur fille, leur cousine, leur amour évanouies dans la formidable fumée qui emporta ce 4 mai 1897 le bazar de la charité.
Mais laissons l'Histoire aux historiens et plongeons plus avant dans les pages de «
La part des flammes » qui est bien plus qu'un roman historique.
Avez-vous déjà entendu parler de la part des anges ? La part des anges c'est cette vapeur éthérée qui émane de la macération du raisin dans le processus de vinification ; la part des anges c'est cette substance sublime, impalpable, qui échappe aux Hommes, la part dont seuls les êtres des cieux sont capables de s'enivrer ; la part des Anges, c'est ce qui reste. Voilà toute la substantifique moelle de ce roman ;
la part des flammes, c'est ceux qui restent,
ceux qui restent dans l'incendie,
glissant hors d'un monde un peu trop hypocrite, un peu trop étriqué,
ceux qui restent après l'incendie,
s'émerveillant d'être en vie,
pleurant les âmes évaporées,
ouvrant enfin les yeux sur la vanité de leur petit monde…
La part des flammes c'est aussi la part des femmes, ce qu'elles parviennent ou échouent à retirer de cette société où elles n'ont pas toujours le droit à la parole. C'est avec un immense talent et une plume parfois presque zolienne, que Gaëlle Nohant leur redonne une place dans l'Histoire.
Vous l'aurez bien compris, j'ai été absolument transportée par ce récit de l'après-drame où les personnages féminins à la psychologie particulièrement fouillée s'éveillent des cendres parisiennes et cherchent à s'émanciper, pour toucher leur part, elles aussi. Un roman criant de vérité et minutieusement documenté, à lire quand le désir vous prend de voir le vent se lever.
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