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sur 6232 notes
Lu étudiante. Premier roman qui a fait découvrir au public une jeune auteure belge de 24 ans, laquelle a continué par la suite de publier un livre par an. Je n'avais lu cet ouvrage qu'après cinq ou six autres romans d'Amélie Nothomb, mon choix étant plus hasardeux que chronologique, ou thématique.
Ce huis-clos aux relents de thriller psychologique m'avait laissée assez perplexe, davantage conquise par la plume que par l'histoire en elle-même. Un récit sur l'absurde, la provocation, la séduction, la destruction, la folie et la mort.
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Parmi les thèmes récurrents chez l'écriture Nothombienne, la laideur et la beauté se partagent la part du lion avec son corollaire, la nourriture, et l'ensemble du système digestif.
Je m'empresse d'ajouter que, chez l'autrice Belge, la laideur peut être élevée au rang de la sacro-sainte beauté (Péplum).
Tout commence en 1992 par un livre prémonitoire mettant en scène un écrivain octogénaire, misanthrope et misogyne.
Dès lors, la boulimie de l'écriture ne la quittera plus (le rapport à la nourriture dans ses romans déborde même sur celle d'une gloutonnerie de mots : elle écrit au moins quatre romans par an pour n'en publier qu'un et, contrairement à son premier personnage, entend bien laisser les autres dans un coffre sous haute surveillance tout en entretenant dans la même foulée une correspondance assidue avec quelques-uns de ses fans – à tel point que l'on peut se demander s'il n'y aurait pas plusieurs Amélie pour abattre un tel labeur).

Elle publiera chaque été, un mois avant la médiatisée rentrée littéraire, un court roman avec cette régularité de métronome que possèdent celles et ceux qui veulent se rassurer contre quelque chose.
Roman prémonitoire ? Certes mademoiselle Nothomb n'a rien de commun avec son premier personnage, à part ce rapport fusionnel et quasi charnel à l'écriture. le titre du seul roman inachevé dans le roman porte le même titre (hygiène de l'assassin), elle énonce les 22 écrits comme une litanie, un chapelet que l'on déroule en psalmodiant une prière sans objet (en fait, Amélie est déjà au-delà du chiffre 22 concernant les simples parutions annuelles).
Autre trait particulier chez Miss Nothomb : le choix des mots (elle truffe ses courts romans d'au moins cinq ou six vocables que même le petit Robert ou la grande Larousse ne recensent pas) jusque dans les patronymes.
Prétextat Tach sera le premier d'une longue lignée.
Prétextat... ça ne s'invente pas ! Tout juste : Saint Prétextat fut un évêque de Rouen mort en 586 qui se fête le 14 avril.
Chez Nothomb, les mots ne sont jamais inventés, mais déterrés d'un oubli collectif. Miss Nothomb, paléontologue de la langue française ?
Revenons plutôt à nos moutons, en l'occurrence cette hygiène de l'assassin. Prétextat, à quelques mois d'une fin proche (cancer des cartilages), convoque quatre journalistes pour le simple et seul bonheur de les ridiculiser, les humilier. Et ça marche à la perfection avec les trois premiers. Des hommes, justement.
Un misogyne de cet acabit ne saurait souffrir d'être interviewé par une « femelle » (ce sont ses propres mots). Et pourtant.
Commence alors une joute verbale sur près de cent pages où il sera question de percer à jour le grand mystère, l'imposant secret dont Prétextat garde jalousement la clé.
Au-delà de cette simple rhétorique – j'ai un titre alternatif à cette « hygiène » : la rhétorique des cartilages – se développe une réflexion sur le rapport au corps, que l'on retrouvera dans quasiment TOUS les romans d'Amélie, y compris ceux, plus intimes, parce qu'un brin autobiographiques dont elle émaillera son oeuvre.
Nothomb possède une écriture charnelle. Pas juste sensuelle, bien que parfois les deux se superposent. Charnelle. En cela, aucun homme ne pourrait écrire ses livres. Peut-être est-ce pour cette raison que son public est majoritairement féminin.
Les femmes ont un rapport plus proche avec leur corps que ne peuvent l'avoir les hommes, même les plus maniérés. Cela découle (désolé pour cette digression langagière) de la menstruation. Voir s'épancher chaque mois son propre sang change radicalement la donne. Pour moi qui voue une peur bleue (comme le sang?) des prises de sang, je trouve que les femmes puisent leur force dans le fait qu'elles connaissent mieux leur corps. Elles y sont obligées, quelque part. L'homme restera toujours un peu étranger à lui-même. Un rustre qui ne connaîtra ni les hauteurs insoupçonnées d'un plaisir multiplié par quatre chez la femme, ni les affres de la souffrance ultime. Il fera la guerre, sera outrageusement égoïste, imbu de lui-même jusqu'à une compétition affolante dans tous les domaines (tous les sports sont, à l'origine, masculins, à part le seul qui allie grâce et corps : la danse). Je n'insiste même pas sur le côté Freudien de l'apparence évidente du sexe de l'homme, tandis que celui de la femme reste caché, mystérieux, plus intime.
Dans les livres d'Amélie, il sera toujours question du corps, qu'il soit effrontément sublime ou démesurément repoussant. Chaque personnage aura sa propre définition de la beauté et de la laideur. Mais tous auront un corps fait de chair et de sang.
La chair et le sang, tel pourrait être cette entreprise globale que je fais le pari de mener à bout cette année : relire TOUS les Nothomb et en parler.
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Quelle énorme claque ! Je ne dirai pas qu'il s'agit d'un chef d'oeuvre, ça n'en est pas un, c'est juste un récit absolument exceptionnel que ce soit dans la forme ou dans le fond.
Certes, les 4 premiers chapitres sont passables, mais selon moi à juste titre. C'est poser un cadre pour ce qui va être quelques 120 pages d'un échange complément absurde, pervers, mystique, révoltant, dégueulasse, fantastique. Amélie installe toujours le personnage de la femme forte, spontanée, intelligente, courageuse et au répondant acéré, pour confronter cet énergumène dont l'invention même relève en soi du délire genial. Je reste bluffée par une telle imagination.

4ème Nothomb d'affilée, et 2ème dans mon classement. Quel sera le suivant ?
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Encore un roman d'Amélie Nothomb que j'ai dévoré.
Elle a ce talent unique de nous offrir des portraits de personnages atypiques, et Prétextat Tach ne faillit pas à la règle.
Cet illuste écrivain mourant est abominablement misogyne, détestable au possible, mais apporte un relief et de la truculence à l'histoire.

Le style de l'autrice est percutant, les dialogues savoureux, c'est un régal de suivre les conversations entre Tach et les journalistes. Il retourne chaque situation en sa saveur, les écoeure par sa condescendance... jusqu'à Nina.
Lorsque la journaliste entre en scène, tout bascule et le rapport de force change de camps.

C'est un roman jubilatoire, Amélie Nothomb est très forte, elle excelle dans la maîtrise de ses histoires, les parsèment de références littéraires, de néologismes, et c'est un vrai plaisir d'assister aux débats dont on ne connaît pas le vainqueur avant la dernière ligne.

De l'excellent Nothomb 💙💙💙
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En lisant son premier roman après en avoir déjà lu une bonne quinzaine, ce qui frappe c'est que Nothomb avait déjà son style dès le début, et qu'elle l'a conservé jusqu'à aujourd'hui. C'est assez impressionnant pour un premier roman de proposer quelque chose d'aussi singulier et excessif tout en étant comme à son habitude assez drôle et très facile à lire, sans être creux pour autant. C'est pas son meilleur, et encore heureux, le contraire aurait été triste, mais c'est un très bon premier roman qui annonce tout de suite la couleur pour la suite.
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Certainement un des meilleurs Amélie Nothomb. Pour ma part, je l'ai découvert avec ma professeur de français qui était fan. Je la remercie de nouveau aujourd'hui. Ce livre et cette personne m'ont fait de nouveau aimer la littérature après en avoir été vraiment dégouté au collège. Depuis, je relis les classiques. Je rajouterai que pour l'avoir rencontré, cet autrice est vraiment une très belle personne.
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Un célèbre écrivain, Prétextat Tach, est prêt à mourir. Des journalistes s'empressent l'un après l'autre de l'interviewer. En sortant de l'entretien, ils sortent tous écoeurés. Tach se montre on ne peut plus cynique, cruel, misogyne et imbus de lui-même. Il réussit à les rabaisser au maximum. Ceux-ci sont désorientés et chacun écoutant le récit du précédent, pense qu'il pourra faire mieux. Ils sont pourtant tous au même niveau. La cinquième journaliste est une femme. Tach tente la même approche mais celle-ci est rusée, connaît parfaitement son oeuvre et a fait des recherches sur sa vie personnelle. Elle a découvert un secret que Tach avait pourtant résussi à cacher pendant de longues années. Il y a alors revirement de situation qui va mener bien loin nos deux personnages.
Beaucoup d'humour dans la première partie, de référence littéraires dans tout le roman. La deuxième partie, tout aussi intellectuelle, est bien moins drôle et difficile à suivre. Ce personnage est fou !
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Je suis probablement trop dur mais ce roman ne raconte rien, expose de ci de là de trop nombreuses formules qui donnent à penser que Nothomb s'envoie d'énormes fleurs (pas présomptueuses mais carrément prétentieuses, se portant à la hauteur d'un Goethe ou d'un Baudelaire) à travers son personnage. Et on ne voit pas en quoi cet infect héros pourrait être l'objet d'autant de convoitises du reporter qui l'interviewe tout le long du livre car de fameux il n'a que son égo.

Autant j'ai très apprécié mon 1er Nothomb, Stupeur & Tremblements, autant ce 2nd m'aura fait abandonner l'auteure masturbatoire (dans ce bouquin-ci, du moins). Il y a tout de même quelques bons mots sur lesquels on peut se complaire mais, de par sa forme qui les enchaîne les uns après les autres à la manière d'un Desproges qui se prendrait au sérieux, tout est détestable.
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Si on m'avait dit de deviner le dénouement comme j'ai essayé de faire, je me serais dit « facile » qu'elle erreur de croire ce qui va se passer, même si j'avais des intuitions comme le dernier journaliste, je ne me serais jamais imaginé une telle scène et une audace pareille de la part de l'auteure. Ce livre est composé principalement de dialogues et il fallait osé le faire ! Heureusement que j'étais assise pour le lire car le nombre de fois où j'ai faillit m'assoir un peu plus ne se compte plus sur les doigts d'une main. Sans parler de mon dégoût que j'ai eu à plusieurs reprises, encore de l'audace de donner des détails que l'on croit insignifiant et qui nous retourne l'estomac alors qu'ils sont beaucoup plus important quand on comprend où l'auteure veut en venir, enfin devrais-je dire, où le journaliste veut en venir !
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Roman atypique et intéressant. Dans ce huis-clos, on découvre la personnalité intrigante de Prétextat Tach, un géant littéraire obèse et cauteleux en quête de souffre-douleur.
Ce récit est un savoureux cocktail de monstruosité et de finesse. Lorsqu'on pénètre dans l'antre de l'écrivain comme dans un appendice, on explore un microcosme, tout à la fois étroit, sombre, organique, malsain, oppressant.
La présence écrasante et impavide de Tach s'impose rapidement. Tapie dans son repaire tel le Sarlacc de la Guerre des Étoiles, cette forme humaine aux encolures cyclopéennes va phagocyter un à un ses interlocuteurs, jusqu'à une épreuve de force inattendue.
Ce qui fait la richesse de ce livre, c'est tout à la fois la méchanceté hilarante de Tach - qui prend un plaisir visible à traumatiser ses visiteurs - et l'intelligence avec laquelle il fait rissoler ses contradicteurs, dans le jus brûlant de ses répliques et réflexions.
Cet enchaînement croustillant de dialogues acérés s'épuise malheureusement, à mesure que le roman s'achève, dans des redites, et l'histoire se finit plus ou moins en queue de poisson.
Il reste néanmoins une excellente narration, inspirée par une grande maîtrise littéraire et un humour audacieux et décapant.
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