En vérité, on passe son temps à lutter contre la terreur du vivant. On s’invente des définitions pour y échapper : je m’appelle machin, je bosse chez chose, mon métier consiste à faire ci ou ça.
Quel est le point commun entre le visage et les mains ? C'est le langage, que l'un parle et les autres écrivent.
Qu'est-ce qu'un rapport humain aujourd'hui ? Il afflige par sa pauvreté. Quand on voit à présent du beau nom de "rencontre", on se désole. Rencontrer quelqu'un devrait constituer un évènement. (...)
La vulgarité du nombre a accompli son œuvre : une rencontre, ce n'est plus rien.
"Ensuite se déclenche le circuit. Chacun a le sien, café-cigarette, thé-toast ou chien-laisse, on a réglé son parcours de manière à avoir le moins peur possible.
En vérité, on passe son temps à lutter contre la terreur du vivant."
Sexuellement, on dit que la première fois n'est pas la meilleure. Mon expérience confirmait ce constat. Pour le meurtre j'avais atteint au premier coup une telle ivresse qu'il me semblait impossible d'imaginer mieux.
Certains sont assez malchanceux pour trouver l'amour de leur vie, l'écrivain de leur vie, le philosophe de leur vie, etc. On sait l'espèce de gâteaux qu'ils ne tardent pas à devenir.
C'est une histoire d'amour dont les épisodes ont été mélangés par un fou.
Les seules filles qui m'inspirent un amour incurable sont celles qui ont gardé l'incroyable complexité du réel. Elles existent à proportion d'une sur un million.
On n'est jamais si heureux que quand on a trouvé le moyen de se perdre.
L'odorat a ceci de merveilleux qu'il n'implique aucune possession. On peut être poignardé de plaisir, dans la rue, par un parfum porté par une personne non identifiée. C'est le sens idéal, autrement efficace que l'oreille toujours bouchée, autrement discret que l'oeil qui a des manières de propriétaire, autrement subtil que le goût qui ne jouit que s'il y a consommation. Si nous vivions à ses ordres, le nez ferait de nous des aristocrates.