Après avoir lu la BD de
Sfar sur l'esclavage, les Lumières de la France (deux chroniques pour les 8 plumes, celle de Caroline et la mienne), j'ai découvert avec intérêt celle de Nury et Brüno, dans un genre complètement différent. En adaptant un roman d'
Eugène Sue,
Atar Gull, paru en 1831, les deux auteurs axent leur BD sur un terreau historique (la traite des noirs, la piraterie) mais l'album ne se cantonne pas à cela.
L'intrigue est simple mais saisissante :
Atar Gull, le chef de la tribu des petits Namaquas, est capturé pour être vendu en tant qu'esclave. « C'est un article spécial », comme le précise Paul van Harp, qui l'a capturé avec l'aide de Taroo, ennemi des petits Namaquas.
Atar Gull se retrouve enchaîné sur le bateau de Claude Benoît, négrier et capitaine du brick la Catherine (du nom de sa femme). Destination : la bonne ville de Nantes. Malheureusement, le bateau croise sur sa route le sanguinaire pirate Brulart qui récupère la « cargaison » à son profit.
Après quelques aventures trop longues à expliquer ici, Brulart vend en Louisiane les 17 nègres qui ont survécu au voyage (sur cent au départ !). L'acquéreur du lot est le planteur Tom Will, qui se soucie de ses esclaves « avec compassion et bienveillance » mais qui fait quand même pendre un vieil esclave au motif qu'il est hors d'usage.
Atar Gull découvre qu'il s'agit de son père. Sa vengeance sera terrible…
la première planche de l'album
Ce très bel album est impressionnant : par le scénario très bien ficelé, par les faits évoqués qui nous glacent d'effroi, par l'aspect documentaire, par les couleurs qui font ressortir le côté expressionniste des dessins.
Une BD coup de poing, implacable comme
Atar Gull.