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4,01

sur 491 notes
Deuxième et dernier titre reçu lors de la dernière opération Libfly dédiée aux éditions Points et Point2 et deuxième titre de Joyce Carol Oates. J'en profite pour remercier une nouvelle fois Libfly, Points et Point2 pour l'envoi des livres.
En fait, j'ai entamé Petite soeur, mon amour bien avant Les Chutes mais, peinant à tourner les pages, j'ai fait une grosse pause. Résultat, j'ai mis un mois avant de parvenir à la 735ème page de Petite soeur, mon amour. Généralement, le temps de lecture est un bon indicateur d'engouement mais dans ce cas-là, malgré presqu'un mois pour en venir à bout, je ne peux pas dire que j'ai détesté. Non. le texte est loin d'être inintéressant, il est juste particulièrement dense et « pesant ». Et, comme Les Chutes de la même auteure, il restera un bon moment dans mon esprit !

Skyler, 19 ans, junkie, revient sur son passé et notamment sur la triste histoire de sa jeune soeur de trois ans sa cadette, née Edna-Louise, devenue Bliss à l'âge de 4 ans pour le bien fondé de sa carrière, retrouvée morte assassinée dans la chaufferie familiale quelques jours après ses sept ans.
Entouré d'une mère obsédée par son physique et la renommée de sa fille et d'un père toujours absent, Skyler le petit boiteux jalouse cette petite soeur tant adulée… au point de la tuer ?

Le sous-titre - « L'histoire intime de Skyler Rampike » - annonce la couleur, nous voilà en présence de 735 pages issues du journal intime d'un jeune homme. Mais pas n'importe quel jeune homme, un junkie de 19 ans. Autant vous dire que la narration est à l'image de son narrateur : parfois embrouillée, souvent lapidaire, exclusivement à la troisième personne du singulier. Et oui, Skyler parle du Skyler du passé en utilisant le « il », comme si l'enfant boiteux et réservé et plus tard l'adolescent isolé et perturbé, étaient deux autres lui complètement détachés. Alors oui, Joyce Carol Oates se met avec brio dans la peau d'un junkie paumé - et je la félicite pour la réussite de l'entreprise - mais sur 735 pages, c'est parfois très lourd, assez suffocant et souvent dérangeant.

Ajoutez à cela une intrigue plutôt « contemplative » comme pour Les Chutes, et vous comprenez qu'il fut parfois difficile de tourner les pages de Petite soeur, mon amour. Finalement, la découverte du coupable du meurtre de la petite Bliss passe au second plan, on veut juste savoir ce qu'il est advenu de Skyler et accessoirement de ses deux parents, après la mort de la petite patineuse.

Joyce Carol Oates s'en sort particulièrement bien pour brosser le portrait de ses personnages et ne se contente pas de leur enveloppe, elle va creuser en profondeur.
On suit donc, à travers le témoignage de Skyler, l'évolution de cette mère obsédée par la carrière et la réussite de sa fille, profitant de la mort de celle-ci pour monter un véritable business autour de l'image de la petite star ; ou l'évolution de ce père volage, absent, un brin macho, complètement en dehors du circuit familial. A travers les yeux de Skyler, on découvre également le quotidien de cette petite fille obligée d'aller chez le coiffeur et de recevoir des piqures (pour améliorer ses performances, sa santé, sa vitalité,…) toutes les semaines, contrainte de porter une gouttière toutes les nuits pour avoir des dents parfaites ou des costumes de scène ridicules pour attirer l'attention et la sympathie du public essentiellement féminin. Une petite fille seule, n'arrivant pas à retenir les leçons qu'essayent de lui enseigner ses professeurs successifs, faisant encore pipi au lit à 6 ans ; victime de l'obsession folle de sa mère et de l'absence de son père. Skyler, quant à lui, petit garçon impuissant, voit sa petite soeur qu'il aime subir les traitements de ses parents et la jalouse souvent, délaissé dans son coin, lui, le petite garçon grimaçant et sans ami.

A travers cette histoire - apparemment tirée d'un fait divers réel -, Joyce Carol Oates revient sur cette Amérique éprise de gigantisme, amoureuse du paraître et des faux-semblants, détruite par le besoin de luxe et de célébrité.

Comme dit un peu plus haut, c'est dense, assez suffocant et dérangeant mais évidemment, loin d'être inintéressant. Certains passages sont assez longs (la montée de Bliss dans le monde du patinage par exemple) et l'action est quasi inexistante (j'ai en revanche bien aimé le passage relatant l'histoire d'amour adolescente de Skyler), ce qui rebutera sans doute quelques lecteurs.
Joyce Carol Oates possède une narration et un style particuliers qui appellent les extrêmes : soit on adhère, soit non. Si c'est non, il vaut sans doute mieux passer à autre chose (c'est la même chose jusqu'au bout, vous ne vous mettrez pas à aimer au bout de 300 pages) ; en revanche, accrochez-vous quand même un tout petit peu plus que les dix premières pages (il faut le temps de se mettre dans le bain) car c'est peut-être particulier mais Joyce Carol Oates vaut tout de même le coup d'être lu au moins une fois.
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..
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Ce livre rejoint "Blonde" parmi mes livres préférés de l'auteure, et peut-être parmi mes livres américains préférés. Un fait-divers réel - le meurtre d'une mini-miss américaine de 6 ans- est retranscrit ici du point de vue du frère de la victime, victime lui aussi d'une éducation rigoriste, du manque d'amour, des apparences nécessaires dans le milieu riche de ce détestable New Jersey industriel, et de l'accusation voilée d'une mère, coupable finalement dans le roman (dans la réalité, aucun coupable n'a été trouvé). Un magnifique roman, au style inimitable (qui me rappelle parfois Nancy Huston, que je vénère aussi), d'une dureté absolue, procès d'une Amérique surmédicamentée et surcapitaliste.
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Résilience

L'incertitude est entière jusqu'à la fin, Skyler a-t-il tué sa petite soeur ?

On est en plein rêve américain, just do it !

Et son revers amer pour tous ceux qu'il laisse sur le bord du chemin ;
oh pas les pauvres, on est dans les banlieues chic, très chic.
Non juste pour les mômes pour qui la faillite de la réussite à tout prix se paye cher.
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C'est l'histoire du rêve américain. Celui de Bix, cadre dynamique et ambitieux dont les dents rayent le parquet et celui de Betsey, son épouse, "mère-manager" qui souhaite que sa gamine de 5 ans devient une mini miss America. On suit, à travers le récit du fils, les dysfonctionnements de cette petite famille parfaite qui conduiront à un drame effroyable et irréparable. Et s'il vous arrive de penser qu'il s'agit de l'apothéose de l'horreur, vous vous trompez, plus ridicule et abominable arrivera sans doute dans les pages suivantes. Glaçant mais addictif.
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Souhaitant découvrir Joyce Carol Oates, j'ai choisi "Petite soeur mon amour", l'histoire tragique d'une petite patineuse prodige, inspirée de l'assassinat d'une mini-miss dans les années 90 aux États-Unis. Je craignais cependant que ce roman soit un peu glauque et que je n'accroche pas à ce type de lecture mais au contraire je l'ai bien apprécié, tant sur la forme que sur le fond.

L'histoire est présentée comme une tentative d'autobiographie par le frère aîné de la fillette, écrit 10 ans après les faits. Se succèdent ainsi des chapitres très longs et d'autres de deux lignes quand l'inspiration ne lui vient pas ou que le sujet est plus difficile à aborder. Certaines pages sont issues du journal qu'il tenait pendant son adolescence, d'autres des courriers reçus. Il relit et complète à plusieurs reprises son texte, d'où l'ajout de commentaires en bas de pages, et même parfois de notes sur les commentaires pour préciser ou corriger certains détails. Ce qui donne un aspect très vivant au récit, d'autant plus qu'il y a des apostrophes au lecteur, renforçant le sentiment de proximité.

Quand il décrit son enfance et son adolescence, le narrateur parle de lui à la 3ème personne, comme si la vie du petit Skyler dont il raconte l'histoire n'était pas vraiment la sienne. Malgré cela, l'émotion surgit ça et là, brisant la carapace de celui qui ne peut plus mettre à distance les traumatisme vécus.

Contrairement à ce que je pensais quand j'ai commencé le livre, l'action ne se situe pas dans la petite classe moyenne type "little miss sunshine" mais au contraire dans un milieu très aisé que l'autrice dépeint au vitriol. le père consacre tout son temps à sa réussite professionnelle et à ses conquêtes féminines. La mère, avide de reconnaissance, utilise ses enfants comme un faire-valoir. Toute leur vie n'est que faux-semblants, médiocrité et égoïsme. Et ce sont les enfants qui trinquent.

A 6 ans, la petite patineuse est déjà tellement névrosée que c'est à se demander comment les choses auraient tourné pour elle les années suivantes si elle avait vécu.

Quant à son frère, relégué dans l'ombre après avoir été le favori, son mal-être ne fait qu'empirer suite au drame, le conduisant d'un institut spécialisé à un autre.

Ce roman est une dénonciation virulente de la société américaine, à un point tel qu'il frôle parfois la caricature.
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bien parti mais ensuite long et répétitif
Dommage, je ne peux nier la qualité de l'écriture, l'originalité du roman et un début extrêmement prometteur mais après 100 pages puis 200 pages, on revient encore et encore sur les mêmes choses (le narrateur du livre nous avait prévenu de ce syndrome de répétition) et l'histoire tire vraiment en longueur. Je pense que le livre aurait pu facilement faire 300 pages de moins tout en abordant aussi intensément les faits et en gardant l'intéret psychologique-psychiatrique du personnage principal.... Au final, pressée de terminer ce pavé sans saveur passé les 200 permières pages, dommage....
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Ce livre est perturbant, dérangeant. S'inspirant d'un fait réel, le meurtre non élucidé d'une fillette danseuse prodige, l'auteure construit un roman dans lequel le narrateur est le frère « psycho…dérangé » de la victime. A travers ce roman, c'est aussi l'analyse de la société américaine et de ses codes, sans complaisance.
J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire…puis, sans pouvoir dire que j'ai aimé, j'ai quand même été happée par le récit.
L'histoire est très complexe, mêlant plusieurs genres et points de vue, très dense…et difficile à résumer. On suit la famille Rampike, les ambitions démesurées des parents pour leurs enfants, les souffrances psychologiques des enfants à cause des névroses des parents…puis l'orage avec la mort de Bliss, fillette destinée à devenir une championne de patinage artistique. S'en suit le récit de la dérive de la famille suite à cet événement, et plus particulièrement de Skyler, le frère aîné, détruit psychologiquement, qui raconte tout cela a posteriori.
Le récit n'est jamais linéaire, ce qui est déroutant et rend la lecture assez difficile à suivre.
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Plus qu'un thriller, une radiographie vitriolée d'une famille américaine de classe aisée. Dérangeant mais brillant, trop long mais édifiant. Pas le meilleur Oates mais un roman très marquant dont on ne sort pas indemne.
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Que les choses soient claires d'emblée : je suis une fan de cette écrivaine ! C'est une diablesse qui, à chaque livre, s'empare de moi et m'embarque dans les méandres de vies cabossées, sans me permettre de lâcher prise avant le dénouement, dont je regrette d'ailleurs aussitôt, toute groggy, qu'il me replonge dans ma VRAIE vie (heureusement quand même moins romanesque et dramatique). Ce livre n'a pas échappée au sortilège. J'ai suivi, envoutée, la façon dont elle pose, inébranlable, les bases du drame inéluctable de ces pauvres êtres, toujours si profondément proches de moi dans leur quête d'être aimés et compris. Hélàs, cela déraille toujours imperceptiblement pour eux ! J'aime comment JC Oates tisse la toile de tous les détails si crédibles psychologiquement, pour nous faire déguster à l'avance d'abord puis ab nauseam toutes les facettes du diamant noir et méfitique des gâchis humains qu'elle dépeint. Pauvres enfants que Skyler et Bliss et tout aussi pauvres parents que sont Betsey et Bix, avec leurs pauvres rêves de célébrité et de possession matérielles ou charnelles, pauvres de nous aussi (par reflet) pour tous les conditionnements que nous partageons avec eux, sans toujours en percevoir les angles morts, qui font souffrir nos proches, pour qu'ils contribuent à la vision rêvée de nos vies. Comme dans "les chutes" ou "zombie", JC Oates décrit les caractéristiques monstreuses de familles bourgeoises nord-américaines et comment elles fabriquent la reproduction du pouvoir, en éliminant ceux de leurs membres dont la sensibilité est la faiblesse (je pense à "Mars" de Fritz Zorn en écho brûlant à ces ouvrages). Si je ne vous ai pas déjà convaincus de vous ruer sur ce livre, peut-être serez-vous intéressés d'y trouver de quoi répondre aux questions suivantes :
- comment (sur) vit un enfant à un drame mortel ?
- comment (sur) vit-on à l'argent ? à la célébrité ?
- et, plus généralement, comment (sur) vit-on aux névroses de ses parents ? Excellente lecture
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« Sous-estimer le goût des américains ne vous mettra jamais sur la paille. »





Au commencement il y avait JonBenet R., célèbre mini miss assassinée un soir de Noël 1996. Une affaire réelle dont Joyce Carol Oates s'est inspirée pour écrire Petite soeur mon amour.



Un fait divers, un meurtre sordide jamais élucidé, un mini miss América assassinée devenue martyre culte d'une populace américaine avide de tabloïds et de sensationnalisme.



Petite soeur, mon amour, ou l'histoire de Edna Louise Rampike, patineuse hors pair devenue dès sa première compétition, à 4 ans, Miss Bout de chou sur Glace 1994. Edna Louise poussée par sa mère, managée par sa mère, coachée par sa mère, vampirisée par sa mère. Edna Louise mise sur des patins parce que Skyler, son frère aîné, n'avait pas su patiner ni faire de la gymnastique sans se casser une jambe. Edna Louise mise sur des patins parce que Betsey, sa mère, avait vu sa carrière de patineuse avortée dans sa jeunesse. Edna Louise rebaptisée Bliss, parce que Edna Louise n'est pas un prénom de star. Bliss / félicité convenait tellement mieux. Bliss / félicité sonnait tellement mieux dans cette société de miroirs et de fantasmes refoulés et vécus au travers elle par une mère à la fois frustrée et vorace.

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Lien : http://www.amandameyre.com/a..
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