Alain se rend chaque dimanche, à la maison de retraite, au nom poétique «
Les Magnolias », voir sa grand-mère. C'est un peu une obligation, car il se culpabilise, rien qu'à l'idée de ne pas y aller. Il en veut un peu, au passage, à ses parents qui n'y vont qu'une fois par an car ils sont trop occupés par leur travail.
Son oncle Michel s'y rend régulièrement, mais il n'a pas de bonnes relations avec elle. Il lui en veut pour ses incartades, les infidélités à son époux qui, selon lui, en serait mort de chagrin.
Michel est un homme dépressif, on ne sait pas trop ce qu'il fait dans la vie, à part une tendance à noyer son chagrin dans l'eau de vie.
Alain est acteur ; en fait il n'a tourné qu'une seule fois et joué le rôle d'un cadavre ! son agent auto-proclamé Rico, lui chercher toujours « le rôle de sa vie »… il trompe sa solitude en cherchant des noms de poneys, tellement défavorisés par rapport aux chevaux (une claque au passage aux discriminations ambiantes).
La vieille dame semble s'être habituée aux « Magnolias » malgré le personnel revêche, les repas ternes, le quatre-quart sec et l'éternel jus de pomme du goûter, qu'ils partagent, avec complicité, mais elle est sourde, et son petit-fils doit lui parler à l'oreille et les discussions sont limitées. Et, un jour, lors d'une visite d'Alain, après lui avoir dit qu'il l'aimait, elle lui demande de l'aider à mourir.
La grand-mère possède une maison en Dordogne, où Alain passait toutes ses vacances quand il était enfant. Elle y a vécu longtemps, jusqu'au jour où elle a fait une mauvaise chute et la famille a décidé que la maison de retraite s'imposait.
Alain se rend régulièrement dans cette maison familiale, et un jour, alors qu'il était allé s'y réfugier, pour réfléchir à la demande de la vieille dame, il trouve un carnet : le journal tenu par Michel et commence à le lire, ce qui ne lui plaît pas du tout. Finalement, ce n'est pas une si mauvaise idée car tous les deux finissent par se retrouver en Dordogne et Michel raconte sa mère. Alain se rend compte que celle-ci a eu une vie beaucoup moins sage et lisse qu'il ne le pensait.
En fait, je m'attendais à une réflexion sur ce qu'Alain appelle les mouroirs, ou sur l'euthanasie, alors qu'en fait
Florent Oiseau nous trace le portrait d'un « loser magnifique », avec Alain, acteur raté, qui circule au volant de sa « Fuego orange », voiture des années 80, qui en jette, lui donne un peu de lumière lui qui est toujours dans la grisaille.
Il découvre que les vieux n'ont pas toujours été vieux, et qu'ils sont le miroir de ce que nous serons tous un jour. Il s'aperçoit que sa grand-mère était une femme, pas simplement une dame âgée qui n'a plus toute sa tête et avait vécu sa vie de femme de manière assez libre pour son époque, qu'elle avait aimé, mais aussi qu'elle avait été aimée, moins enfermée dans son couple que peuvent l'être certains couples actuels.
L'auteur réussit à nous faire rire sur un sujet qui n'est pas drôle, sur ces hommes qui sont des losers, mais qui survivent quand même, à une époque où le travail est le modèle dans lequel se reconnaît la société actuelle. Michel qui traîne sa dépression et son ennui, Rico l'exubérant qui trouve toujours des « plans » pour s'en sortir, mais dans la bonne humeur.
Une scène d'anthologie : la cuite mémorable que se prennent Michel et Alain, l'alcool libérant la parole…
Un roman sympathique, qui se sirote comme un bon vin, tout en montrant bien la société égoïste, égocentrique dans laquelle on évolue.
Un grand merci à NetGalley, et aux éditions Allary qui m'ont permis de découvrir ce livre, ainsi que son auteur.
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