"Rentrer,rentrer bien sûr c'était stupide,y avait nulle part où rentrer,je le savais bien et ..." confesse la narratrice de
Bord de mer.
Bord de mer, comme borderline, cette fragile limite entre raison et folie prête à se franchir à tout instant pour se laisser engloutir dans les eaux du noir désespoir.
Déprimés s'abstenir! Ce récit de départ sans espoir de retour n'est pas pour vous.
Une mère angoissée, insomniaque,confuse,honteuse,vite paniquée,sans le sou, irresponsable, en un mot "paumée" quitte le tout devenu rien pour du rien de rien, avec ses deux enfants inquiets. Un hôtel bas de gamme, une ville sous la pluie, une plage froide et triste.Et la faim, et le froid, et la solitude.Le lecteur, bouleversé prend en pitié Kévin, le petit naïf et pleurnichard, le grand Stan trop poli, trop silencieux, trop mûr qui comprend l'indicible. Quelques indices jetés ça et là (assistante sociale,psychiatre,vie des cités, "gencives trouées"...) font monter l'angoisse de mort crescendo.
Pour ce premier roman,
Véronique Olmi tape fort avec des mots qui secouent, se vomissent pleins de "bile", se crachent amers à la figure d'un monde hostile et indifférent.
L'inconscience de la mère évoque le glissement dans la folie de
Viviane-Elisabeth Fauville de
Julia Deck.
Cette auteur en tous cas ne laisse pas indifférent même si l'atmosphère est lourde et chargée de violence.
J'avoue avoir préféré
Nous étions faits pour être heureux, pourtant peu optimiste mais moins étouffant que cet huis clos sans possibilité d'évasion!!!