Ce conte est empli de douceur et de délicatesse.
À travers l'histoire d'un frère et une soeur échouant sur une île très particulière, où les mots sont des entités à part entière que certains habitants tentent de sauvegarder, Érik
Orsenna interroge le rapport du lecteur à la langue, à l'utilisation du langage pour décrire le réel et l'imaginaire, mais aussi à la place qui est donnée aux textes et aux mots dans notre société, et particulièrement dans les écoles.
Ce conte ne s'adresse pas vraiment aux enfants, malgré une apparente intention didactique sur la manière dont fonctionne la langue. Il s'adresse plutôt aux adultes, et les pousse à regarder le monde et les mots avec d'autres yeux, à prendre des lunettes d'enfants pour mieux comprendre la parole, une présence si quotidienne dans notre environnement qu'elle n'est parfois plus réduite qu'à un rôle accessoire.
J'y ai vu de nombreuses similitudes avec
le Petit Prince de
St Exupéry. Néanmoins, il y a beaucoup moins de petits proverbes, de phrases quelque peu mystérieuses qui donnent envie au lecteur de s'arrêter, de poser le livre et de réfléchir avant de le reprendre. C'est peut-être ce qui m'empêche de l'apprécier pleinement.
Mais l'idée de base reste très ingénieuse, et la visée de l'auteur est intéressante et judicieuse dans son accomplissement.