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EAN : 9782915517972
240 pages
IMHO (21/11/2013)
3.75/5   14 notes
Résumé :
L’humanité est touchée par une épidémie mondiale d’une étrange maladie, la maladie des anges. Les personnes infectées voient leurs omoplates se développer en ailes atrophiées. Ils sont plongés dans des rêves plaisants desquels ils ont de moins en moins envie d’émerger. Ils finissent par sombrer dans un état d’hébétude totale et leur corps s’atrophie de manière dramatique. Comme le virus du sida, il peut se passer plusieurs mois avant que la maladie ne se déclare che... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce n'est pas fait exprès mais depuis quelques semaines, j'enchaîne les oeuvres inachevées de grands maîtres. Après celle de Kentaro Miura et du Studio Gaga : Dur-An-Ki, le mois passé La Forêt millénaire de Jiro Taniguchi, il y a quelques jours, voici celle de deux monstres de l'animation japonaise : Mamoru Oshii et Satoshi Kon.

Comme cela nous est raconté en postface, la rencontre de ces deux grands artistes au début des années 90 a été imaginée pour trouver un second souffle après la fin de Nausicaä et proposer une nouvelle grande fresque de SF à la japonaise aux lecteurs. Malheureusement quand deux hommes aux fortes personnalités se rencontrent, ça donne soit un coup de génie, soit un coup d'épée dans l'eau. Nous sommes à la croisée des deux. Sans parvenir à faire se concilier leurs égos, les deux auteurs ont mis un terme à leur collaboration avant d'avoir parachever leur histoire et nous en sommes les premières victimes.

C'est vraiment extrêmement dommage car ils avaient là, entre leurs mains, avec Oshii au scénario et Kon aux dessins, un oeuvre extrêmement puissante, dans cette veine d'histoire de SF géopolitique qui fera le succès d'Eden à peine quelques années plus tard. Il serait d'ailleurs intéressant de savoir si Seraphim ne tient pas lieu de source d'inspiration principale à Hiroki Endo tant il y a de similitudes entre les deux.

Nous sommes en effet ici dans un univers post-apo où il y a eu une terrible épidémie qui a ravagé bien des pays. Celle-ci, selon la légende urbaine, transiterait par les oiseaux et transformerait peu à peu ses victimes en ange. Nous suivons les envoyés malgré eux d'une organisation mondiale, l'OMS, qui vont pénétrer en Chine, notamment dans la ville de Shenzen (tiens, tiens, Oshii aurait-il été visionnaire) qui en serait l'un des épicentres, pour reconduire chez elle ensuite, la mystérieuse Sera, qui semble immunisée contre le virus et porteuse d'un autre espoir.

D'emblée, on sent un récit qui se veut ambitieux. L'univers imaginé par les auteurs nous est décrit dans les moindres détails, chaque camp, chaque organisation, chaque micro-clan, tout y est. On a de la géopolitique à échelle internationale, de la politique à échelle nationale mais aussi à échelle plus régionale. On a des grands pontes d'organisations mondiales mais aussi une Triade mafieuse chinoise. On a des implications politiques mais également religieuses, avec d'étranges cultes, et bien sûr économiques et humaines. Tout y passe, c'est super riche et très immersif étrangement grâce à une narration qui nous plonge d'entrée dans le bain.

Tout n'est que mystère, ce virus dont on ne sait pas exactement ce qu'il est, ni d'où il vient, ni comment il fait ; cette petite fille aussi, qui semble tout focaliser autour d'elle et ne dit rien mais dont les yeux nous parlent tant et nous envoûtent. Il y a bien sûr une ambiance étrange, presque de folie ambiante qui s'est emparée de tout le monde, certains se réfugiant dans la science, d'autres la religion, mais le plus grand nombre plus assurément dans la violence. C'est donc un univers bien rude que nous dessine là Satoshi Kon avec des allures de monde post-apo à la Akira, vu qu'il a travaillé avec Otomo, le lien se fait tout seul.

Le récit a tout du polar également, il ressemble à ces vieux films noirs et fait penser aux adaptations des nouvelles de K.Dick pour moi avec ces grosses firmes derrière d'impressionnants et parfois mystiques mystères. Cela confère cependant un découpage assez classique, proche de la BD européenne, parfait pour faire découvrir l'oeuvre en dehors du Japon, mais peut-être un peu frileux et manquant d'originalité à mon goût.

Ce premier tome était déjà extrêmement riche et racontait beaucoup de choses, nous lançait sur pas mal de pistes pour une histoire qui se voulait vertigineuse, et qui, je pense, a dû inspirer bien des auteurs ensuite. Je pense assurément à Hiroki Endo cité plus haut, mais aussi Daisuke Igarashi dans Saru. Il s'est lui-même nourri d'oeuvres de son époque et antérieures, ainsi que des obsessions de son scénariste, puisqu'on retrouve le chien (basset) signature d'Oshii et ces créatures angéliques qu'il développera sous d'autres formes Ghost in the shell, notamment. C'est pétri d'idées et d'influences, des plus universelles avec les références bibliques, religieuses et scientifiques qu'on trouve partout, à d'autres plus intimes.

Seraphim était un projet puissant au potentiel certain, que je suis certaine que j'aurais adoré, tant il me rappelle les débuts de cette oeuvre culte pour moi qu'est Eden : it's an endless world. C'est donc forcément extrêmement frustrant de savoir que l'égo de ces deux hommes les a empêché de mener ce projet au bout, et en même temps c'est peut-être justement parce qu'ils avaient chacun une vision puissante de ce qu'ils voulaient faire que leur Oeuvre ensuite est si puissante dans les autres supports qu'ils nous ont proposés. Oui, je regrette de ne pas avoir la suite de cette histoire, de ne pas savoir où et jusqu'où ils nous auraient emmenés, mais je ne regrette pas que des artistes n'aient pas cédé pour affirmer leurs convictions, je trouve aussi cela important. Il est peut-être juste mieux qu'un projet vienne des artistes eux-mêmes et non qu'on cherche à les faire s'entendre. Un sujet à réfléchir.
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”Comme toutes les actions humaines, celle-ci avait commencé avant même que personne n'y pense. Et le temps de s'en rendre compte, il était déjà trop tard”…

…Une épidémie frappe l'humanité entière quelle que soit l'ethnie, métamorphosant le corps et plongeant l'esprit dans des phases d'hallucinations pour finir par une mort inévitable. Cette maladie, décimant peuples et pays entiers, créée des vagues de réfugiés aux portes des pays développés. Devant l'ampleur et l'inefficacité de la médecine, ces derniers vont fermer leurs frontières, créer un blocus économique et massacrer les infectés… La fin de l'humanité est proche, cette maladie prendra peu à peu l'appellation de maladie des Oiseaux, des Anges ou encore Seraphim. Nous allons suivre, une petite délégation d'inspecteur de l'OMS assez hétéroclite ; Un haut-commissaire chercheur, un vieux professeur, une petite fille mystérieuse et un Basset ! Ceux-ci vont être envoyés en mission, tels les rois mages, dans ”la grande prison Eurasiatique”, zone du blocus, totalement infectée et déchirée par des guerres civiles et de pouvoir…

Ce manga est scénarisé et mise en scène par Mamoru Oshii ; On reconnait ses thèmes de prédilection mêlant politique, religion, évolution, mysticisme avec des personnages charismatiques et énigmatiques… et, bien sûr, son icône fétiche le Basset, qui a cette fois-ci un rôle plus actif que d'habitude. Il nous remémore des faits et personnages historiques et nous incite à réfléchir sur l'homme, ses actions et son devenir. L'histoire mêle mystère, réflexion, complot, rebondissement, moment épique et contemplatif… c'est quelques fois assez complexe, mais surtout riche et prenant ; On ne s'ennuie à aucun moment. Il y a un soupçon de ”l'oeuf de l'ange” notamment. Enfin, Il faut noter aussi que ceux qui ont aimé ”Eden” de Hiroki Endo devraient apprécier puisqu'on navigue sur des thèmes similaires.

Les dessins sont de Satoshi Kon et il a aussi participé à la mise en scène ; J'ai été bluffé par la magnificence de ceux-ci, bien au-dessus de ”Opus” et ”kaikisen” à mon humble avis. Les dessins sont précis, détaillés, dynamiques… extrêmement soignés. Les décors sont splendides, minutieux et dépaysants de désolation… L'apocalypse éblouit aussi par sa beauté ! Les corps, les visages et expressions sont magnifiques ; On ressent l'action, les émotions et état d'âme des personnages. La mise en scène et le découpage sont aussi très bien pensés, tout s'enchaine naturellement avec fluidité et dramaturgie. Tout ceci m'a rappelé Otomo et ses oeuvres ”Akira” et ”Dômu” et les films de Monsieur Oshii naturellement.

Il faut savoir que cette histoire n'a jamais été achevée ; Donc il n'y a pas, a proprement parlé, de Fin, Et que par conséquent, on ressentira inévitablement un brin de frustration à la dernière page. J'ai dit un ”brin” car la fin n'est pas non plus brutale, mais donne plutôt l'impression que ”Seraphim” est le prélude d'une grande aventure, où tous les éléments nécessaires pour laisser suite à notre propre imagination sont présents. Et puis, le plaisir immense qu'on prend à tourner chaque page afin de suivre fiévreusement l'aventure de ce petit groupe en pleine décadence ; Ainsi que l'émerveillement ressenti en découvrant la beauté de chaque case, nous apaise et nous laisse même sur un bonheur indéfinissable arrivé à cette dernière page. On se dit qu'un chef d'oeuvre éphémère de deux grands artistes nous a été dévoilé et que c'est à nous de le faire vivre en le prolongeant lors de nos rêveries au creux du lit…
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J'ai été très déçu par ce one-shot qui ne connaîtra jamais de conclusion dans le genre oeuvre prometteuse inachevée. En effet, nous avons droit à une sorte de réédition d'un soi-disant chef d'oeuvre d'un mangaka japonais. Ce n'est qu'à la fin que le lecteur est averti qu'il n'y aura pas de suite. Merci, j'aurais bien voulu le savoir avant ! Pour nous consoler, on nous dit que c'est à nous lecteur d'imaginer la suite de ce périple. C'est un peu comme si le Seigneur des anneaux s'était arrêté sur la communauté de l'anneau. Ouais, je veux bien. Et puis, non !

Sur le fond, voici un virus qui transforme les êtres humains non pas en zombies mais en anges : il fallait y penser ! Cependant, cet angélisme provoque la mort d'une manière brutale dans les pires souffrances. Vallait mieux se transformer en démon alors ! Il y a des idées mais elles sont assez saugrenues. le pire, c'est quand cela se prend au sérieux.

Le dessin en noir et blanc est plutôt austère mais juste. Les personnages sont assez moralisateurs alors qu'ils ont du sang dans les mains. Bref, rien n'est crédible. Alors, je ne crierais pas au chef d'oeuvre dans une sorte de chant alémanique fait de louanges. Les anges n'ont qu'à bien se tenir !
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critiques presse (1)
Sceneario
02 décembre 2013
La fin "ouverte" nous laisse sur notre faim et on ne peut que tenter d'imaginer ce que Seraphim aurait donné si les auteurs avaient pu mieux s'entendre et mener ce projet jusqu'au bout ! En attendant, c'est une nouvelle occasion de se régaler en admirant les planches de Satoshi.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Qu'une épidémie de bonheur et d'amour nous ravagent, pour que ce monde change.
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Comme toutes les actions humaines, celle-ci avait commencé avant même que personne n’y pense. Et le temps de s’en rendre compte, il était déjà trop tard
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