AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791092016482
200 pages
Jigal (01/09/2015)
3.62/5   30 notes
Résumé :
« À Libreville, où il a grandi dans un ghetto, Janis Otsiemi a puisé dans ce chaudron la substance de ses romans noirs. Il incarne avec brio l’émergence du genre sur le continent africain. » Marianne.

À Libreville, une folle rumeur envahit la ville et crée la psychose… Dans la rue, tout le monde marche les mains dans les poches en évitant soigneusement d’approcher des inconnus… Il semblerait en effet que d’une simple poignée de main, de louches indivi... >Voir plus
Que lire après Les voleurs de sexeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 30 notes
5
4 avis
4
7 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis
Samedi soir à Libreville : quatre compères essaient de faire des embrouilles sans s'embrouiller, ils se retrouvent sous les lampadaires pour palabrer comme tous les jeunes paumés du quartier. L'un, Benito, se cadeaute en arborant ses baskets neuves, avec étiquettes apparentes.
Ils découvrent, dans une voiture beaucoup d'argent et un homme « cadavéré » (hommage à Zao, l'antimilitariste congolais, avec son hymne « Ancien combattant » à la fois grotesque et engagé : « la guerre ce n'est pas bon, tout le monde cadavéré ». Et une enveloppe de photos : sans aucun doute, ces photos montrent des hommes politiques, procureur, sénateur, Premier Ministre, ministre des Affaires Étrangères, entourant le Président de la République que Janis Otsiemi appelle Papa Romeo, PR, dans un apparat franc-maçon, « associé à la sorcellerie et devenu une religion d'État comme l'Islam l'est dans les pays musulmans ».
Vendre ces photos au plus offrant, vite.
D'autres petits truands, sapeurs (qui soignent leur mise) sont au courant d'une arnaque à exécuter sur un patron chinois, qui paie ses salariés en liquide et va chercher l'argent à l'UGB, l'Union Gabonaise de Banque, le dernier jour du mois.
Des policiers ripoux, jouant au tiercé à longueur de temps, sont sur une troisième affaire : des « voleurs de sexe », d'où le titre, qui peuvent subtiliser le « bangala » d'un quidam à qui ils serrent la main. Les voleurs sont principalement des musulmans, or le chef de l'État est musulman (puisque le Gabon est producteur de pétrole, et Bongo a voulu s'aligner sur les pays de l'OPEP par sa conversion)
Le Gabon est un pays riche, très riche, qui pourtant, nous dit l'auteur, ne distribue la richesse à personne. Les magouilles, depuis le haut de l'État, les concussions entre petits malfrats et policiers de la PJ, les doutes concernant les immigrés de l'Afrique de l'Ouest et leur rôle dans le pays, enfin la mainmise de la Chine, tout cela contribue à un paysage sombre, et à la fois gai.
Pourquoi gai ?
Grâce à l'écriture inventive, réécriture mélangeant un parfait français, des proverbes africains, une langue savoureuse de quartier, des utilisations de mots en les détournant de façon jouissive. Exemple : Un protagoniste, une clope piégée entre les lèvres, téléphone son paquet de cigarettes à un compagnon, rouscaille, lui met sous le groin et renfouille ce qu'il veut lui montrer, lui serre l'os puis jargonne l'objet de sa présence.
Écriture subversive aussi, mettant en place le paysage politique que Janis Otsiemi nous décrit sans concession. Il vit à Libreville, cet auteur, très étrange dans cette dictature pourrie par la corruption à tous les étages.
Mais oui, il vit à Libreville.
Peut-être pas un chef d'oeuvre, mais un bon moment à passer et un grand bravo pour le courage de l'auteur.
Un conseil : écoutez le Zao de 1969 en lisant ce livre. Vous comprendrez l'humour spécial utilisé par Janis Otsiemi.
Commenter  J’apprécie          5420
Libreville.
A l'écoute des pulsations qui résonnent dans les rues de la capitale.

Pulsations de Benito le rappeur, Tata le teigneux et Balard le puceau, issus des matitis (les bidonvilles) et vivant de combines, qui se retrouvent pour partager une soirée qui les mènera jusqu'au bout de la nuit...
Et quelle nuit!

Pulsations aussi d'un autre équipage, celui de Kader le flambeur, de Pepito l'adepte en sapologie et de Poupon, qui eux se réunissent pour préparer le coup de l'année.

Tous rêvent de trouver le bon plan qui les mettra à l'abri du besoin pour un temps.

Pendant ce temps, la police, qui a atteint son quota d'interpellations durant le weekend, doit faire face à un sacré problème: un fait divers est sur le point de se transformer en psychose. "Alerte aux voleurs de sexe" titre le quotidien national, l'Union, "le premier torchon à cul local" car bientôt à Libreville "Même un impuissant peut t'accuser dans la rue de lui avoir volé son sexe".

Parallèlement, les gendarmes de la DGR (Direction Générale des Recherches) essaient de désamorcer une bombe à retardement: les photos compromettantes du chef de l'Etat lors d'une réunion maçonnique circulent. Et ici qui dit franc-maçonnerie rime avec sorcellerie.

Janis Otsiemi, à travers des intrigues multiples, livre un instantané des maux qui gangrènent la société gabonaise, l'Etat et ses institutions: corruption , clientélisme, endettement, vampirisme économique du nouveau partenaire chinois, chômage, SIDA, pauvreté et violence avec son cortège de délinquants et de prostituées.

De combines en magouilles, de magouilles en affaires, les intrigues seront résolues.

L'auteur, pour le plus grand plaisir de ses lecteurs, utilisent plusieurs registres de langues adaptés aux différentes situations. Il émaille aussi son texte de proverbes africains, de mots typiques distillant ainsi dans ce sombre tableau, humour et dérision.

Un court roman social et urbain , bien rythmé et aux cadences variés. Une bonne découverte.

Marabouts et bout de ficelle
et ficelles en tous genres...

Un dernier conseil aux messieurs: attention à votre bangala!
Commenter  J’apprécie          290
Dans les matitis (bidonvilles) de Libreville, trouver LA combine pour devenir riche est l'occupation principale de la jeunesse oisive. Une nuit Benito, le fan de rap et Tata, le bourou-bourou (teigneux) attendent leur ami Balard qui pourrait avoir enfin perdu sa virginité avec la belle Nathalie. Mais pas le temps de fêter la bonne nouvelle. Une voiture vient s'encastrer dans un poteau et à son bord une mallette qui va faire leur fortune !
Pendant ce temps, Kader, Pepito et Poupon préparent un très gros coup : attaquer le directeur de la China Woods le jour où il transporte la paye du mois des ouvriers, un petit chinois peu méfiant qui transporte sans escorte des sommes colossales.
A la PJ, les flics se concentrent sur une affaire autrement plus importante : les voleurs de sexe ! Dans les rues de la capitale gabonaise, la psychose s'installe. D'un simple contact de la main, les voleurs de sexe envoient une décharge électrique et volent le bangala (pénis) de pauvres hommes jusque là fiers de leurs bijoux de famille.

Trois intrigues mêlées pour une description pas très flatteuse de la société gabonaise. La pauvreté, les combines, les gros coups, la corruption, la superstition...des fléaux qui gangrènent un pays jusqu'au chef d'Etat qui a lui aussi beaucoup à cacher. Voyous et ripoux s'unissent avec pour but unique de se remplir les poches à moindre frais. Les flics qui n'hésitent pas à torturer leurs suspects passent leurs journées à se la couler douce, pariant aux courses ou fournissant des armes aux petits délinquants. Au passage, Janis Otsiemi en profite pour dénoncer la nouvelle ''chinafrique'', exploitation des ressources et des personnes par une Chine toute puissante qui prend et peine à rendre.
Du lourd, du noir, mais pas de morosité dans la prose de l'auteur qui nous régale de sa langue imagée et percutante, un parler des rues de Libreville, savoureux, drôle, émaillé de proverbes africains, un français vivant et vivifiant. La vie est dure à Libreville mais l'espoir de s'en sortir ne s'éteint jamais. On se réjouit d'un coup réussi, on se résigne quand il rate, la faute à pas de chance, et le prochain sera meilleur !
Ce n'est pas le polar de l'année, les intrigues, simplistes, se résolvent assez facilement mais l'ambiance africaine vaut vraiment le détour. La plume d'Otsiemi est un régal et le temps de quelques heures, on voyage vers son Gabon corrompu mais plein de vie.
Commenter  J’apprécie          230
Le titre de ce dernier polar de « mon compatriote gabonais » Janis Otsiemi trouve son origine dans une folle rumeur, une légende urbaine apparue au Nigéria dans les années 70. Des individus pourraient voler le sexe d'autres personnes, simplement par simple contact, en leur serrant la main ou leur touchant le bras.
Cette rumeur se propage bien vite dans les rues des différentes capitales africaines, dont Libreville.
Ces affaires déclenchent bien souvent un grand désordre car, une fois le « voleur de sexe » identifié, à tort ou à raison, il se trouve bien rapidement lynché et battu à mort par la populace.

Dans leur quartier d'Akébé 2, Benito, Tata et Balard, jeunes paumés désoeuvrés, dont les soirées s'écoulent entre la bière, la musique de rap et les filles, sont témoins d'un accident d'automobile. En s'approchant du véhicule, ils voient que le conducteur est « cadavéré » et remarquent, sur le siège arrière, une mallette. Sans une hésitation, Tata s'empare du bagage et quitte la scène de l'accident.
Dans la mallette, il y a trois cent mille francs CFA et une enveloppe contenant une dizaine de photos de hauts responsables politiques gabonais lors d'une cérémonie de la franc-maçonnerie.
« Sur la photo, un homme.
Il se tenait debout devant un pupitre. Il était engoncé dans un costume noir dont les épaulettes étaient constituées de rosettes frappées aux couleurs du drapeau national – vert, jaune, bleu. Ces rosettes retenaient un collier composé de onze étoiles séparées par des entrelacs au bout desquels pendait un pendentif serti d'un compas. Tata remarqua le tablier ceinturant les reins de l'homme et ses mains gantées de blanc.
Les cheveux gominés, le visage gras, la petite taille… finirent par achever le portrait du personnage sur la photo. Ce visage lui était familier. Autant à lui qu'à ses potes. Ce qui expliquait leur étonnement. Ils le voyaient tous les jours à la télé. Sur la première chaîne nationale. »
Un de ces hauts personnages n'est autre que Papa Roméo (le Président de la République), en train de prêter serment. Les trois lascars décident de contacter un ami journaliste pour essayer de tirer un avantage financier de ces photos.

« Pepito descendit du véhicule, habillé comme un épi de maïs. Il était habillé d'une veste bleue assortie à ses pompes. Il barreauda les deux portières automatiquement puis traversa la rue sous le regard des passants. Pepito avait grandi dans le patelin et y était connu comme un adepte de la sapologie. En bon frimeur, il sortit son mouchoir et essuya ses pompes – des Tod's à 280 000 F CFA la paire – puis disparut entre deux maisons. »

Un autre trio, Pepito, Kader et Poupon, projettent de tendre un guet-apens au patron de China-Wood, après qu'il soit passé à la banque, et le délester de la somme qu'il a retirée pour la paye de ses employés.
Chargez de ces deux enquêtes deux policiers ripoux, des « mange-mille » comme on dit de manière très évocatrice dans le langage populaire, et vous aurez un tableau assez précis de ce que nous donne à voir ce roman de Janis Otsiemi. Il tricote ses trois histoires avec maîtrise, sans que le lecteur ne perde jamais le fil, ni ne s'ennuie une seule seconde, en compagnie de ces Pieds Nickelés.

Les personnages de son roman ne sont pas franchement mauvais. Ils sont même assez attachants, ces jeunes Gabonais, dans leur recherche d'une vie meilleure, même si c'est en prenant quelques libertés avec la loi. Et on a bien du mal à trouver vraiment antipathiques les deux policiers Koumba et Owoula. Tous sont bien représentatifs du petit peuple de ce Gabon d'aujourd'hui, où les richesses sont au bénéfice d'une minorité et où chacun cherche à tirer le meilleur parti du système, largement dévoyé.
« La Sobraga (Société des brasseries du Gabon) était l'une des boîtes qui ne connaissait pas la crise. La consommation d'alcool était ici un sport national. Dans le dernier rapport de l'Organisation mondiale de la santé sur la consommation d'alcool, le Gabon se hissait à la troisième place mondiale derrière les Pays-Bas et à la première sur le continent africain. »

Le Gabon, aux yeux de l'observateur non averti, pourrait apparaître comme le pays idéal, un parangon de démocratie d'une prospérité infinie et d'une stabilité à toute épreuve. Pourtant, quand on y regarde de plus près, on est saisi par le contraste entre les mots et les choses.
Selon les propres mots de l'auteur :«L'opposition n'existe pas, il ne s'agit que de déçus qui auraient voulu prendre la relève de Bongo père et qui ne font qu'essayer de négocier leur retour à l'étable.» «Le pays est bradé, à la Chine, à Singapour, à Dubaï.»
Ce pays, aux mains de la dynastie Bongo depuis 1968, où chaque jour règnent un peu plus le népotisme, le clientélisme, la corruption et le vice, est bien à l'image de ce que devient l'Afrique d'aujourd'hui. Écartelé entre les sirènes du progrès et l'attachement à ses croyances et valeurs ancestrales, les marabouts et des sorciers de tout acabit y ont toujours une place de premier choix.

Janis Otsiemi est un véritable griot urbain qui nous fait un portrait peu flatteur de son pays, sans complaisance. C'est un vrai conteur qui nous entraîne à sa suite dans ce roman, écrit dans un style vif, rythmé et non dénué d'humour. Il réinvente le Français à chaque phrase, en une langue résolument moderne et vivante, émaillée de « gabonismes », ces mots et expressions originales qui sont un peu sa « marque de fabrique ».
Un très bon roman noir, qui ravira les amoureux de l'Afrique, dont je suis, et tous les autres.
Décidément, Janis Otsiemi se fait sa place dans le monde du polar, non seulement africain, mais du polar tout court.
Lien : https://thebigblowdown.wordp..
Commenter  J’apprécie          30
Issus des quartiers pauvres, Tata, Balard et Benito, la vingtaine, flairent l'aubaine et l'argent facile lorsqu'ils trouvent les photos du président et comme ils préfèrent les petites arnaques au travail, ils foncent dans un plan qui pourrait bien les mener loin de ce qu'ils en attendaient. L'autre trio, Pepito, Kader et Poupon, plus aguerri s'apprête à monter un coup sérieux, acoquiné avec des flics franchement pourris ; ce coup pourrait être le plus beau de leur encore courte vie, trente millions de francs CFA (environ 45000 euros). Et puis, il y a cette histoire de voleurs de sexe : au contact d'un voleur de sexe, les hommes sentent comme une décharge électrique et leur sexe diminue, leurs épouses attestant cette perte de virilité. Janis Otsiemi nous plonge au coeur de la capitale avec les petites gens, pas les hommes d'affaires, ceux qui ont le pouvoir et l'argent, non ceux qui doivent se débrouiller pour vivre.

Il mène avec brio et en parallèle ces trois enquêtes en usant d'une langue absolument merveilleuse, pleine d'expressions ou de proverbes africains, d'argot, de néologismes, de détournements du sens des mots sans que cela ne nuise à la lecture, au contraire mais aussi de français parfait ; il invente sa langue, un peu comme Audiard ou Dard l'ont fait avant lui (aucune comparaison de ma part, juste pour se faire une idée), c'est dire si on se régale à lire ses histoires. Ses héros n'en sont pas et certains d'entre eux, même s'ils sont malhonnêtes, ils ne sont pas totalement antipathiques, on aimerait bien quelquefois qu'ils se fassent gauler pour leur apprendre à vivre mais aussi qu'ils s'en sortent, le système étant totalement gangréné par la corruption, l'argent facile, le piston, ...

Malgré son écriture enlevée et l'humour des situations, J. Otsiemi écrit un polar noir et désabusé, un peu comme si rien ne pouvait changer : les pourris resteront pourris tant que la société leur permettra l'impunité pour agir, protégés qu'ils sont par leur poste, leur bras long ; les magouilleurs le resteront tant qu'ils gagneront plus à magouiller qu'à travailler et tant que des flics véreux les protègeront et profiteront de leurs arnaques ; les petits resteront petits, travailleurs exploités par les patrons, notamment les Chinois qui investissent en force en Afrique et sont impitoyables.

Janis Otsiemi est gabonais, vit dans ce pays. On sent qu'il l'aime et qu'il aime ses compatriotes. Malgré cela, son regard est noir sur la société : la débrouille est un moyen de survie pour beaucoup, l'arnaque itou. Lorsque certains flics sont véreux, ils le sont jusqu'à l'os, ce sont carrément de vrais gangsters. Néanmoins, ils travaillent et ont des résultats. Les politiques veillent au grain, à ce qui rien ne se sache de leurs turpitudes, de leurs penchants, de leurs magouilles, ce qui n'est pas forcément une spécialité gabonaise ni même africaine...

Je finis par cette citation de la quatrième de couverture qui résume tout mon propos :

"Sombre et poisseux comme une nuit africain. Style percutant, propos frondeur, humour désabusé... Avec son talent de griot urbain, Janis Otsiemi fait de chacun de ses romans une pépite de littérature noire."
Lien : http://lyvres.fr
Commenter  J’apprécie          90

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
 Feu le président Omar Bongo, décédé à Barcelone en juin 2009, était sans nul doute le « fils de la Veuve (initiation maçonnique)» le plus connu du continent.
Initié en 1965 à la Loge du Grand Orient à Angoulême alors qu’il n’était que directeur de cabinet de Léon Mba à qui il allait succéder à la magistrature suprême à l’âge de 32 ans en 1967, Omar Bongo avait créé le Grand Rite équatorial et la Grande Loge du Gabon. Ces deux loges étaient devenues au fil des ans le sas obligé pour quiconque voulait accéder aux plus hautes fonctions dans l’administration publique
Commenter  J’apprécie          222
Il releva les yeux pour prendre un virage au coeur du quartier Akébé 2.
Un chien traversait la rue.
Merde.
Il était de l'ethnie Punu. Dans son clan, le chien était un totem. Et en tuer ou en manger était un sacrilège.
Il braqua brusquement à droite pour éviter le cabot. Il fit un vol plané. On aurait dit que la chaussée humide s'était soudainement transformée en pavés de peaux de banane.
La dernière chose qu'il vit fut le paquet de fric que lui auraient rapporté ses photos.
Commenter  J’apprécie          110
Deux minutes s'écoulèrent sans que Tata n'échange un mot avec Benito. Tata connaissait sa têtutesse quand il ne voulait pas l'ouvrir. Il se contenta de continuer à scruter la rue de ses yeux globuleux de fumeur de yamba sertis dans un visage marqué par la rugosité de sa vie dans un bidonville où il vivait depuis sa naissance.
Commenter  J’apprécie          90
– Bonjour, Koumba. Alors, c’était quoi tout ce raffut dehors ?
– Un présumé violeur qu’on est venu nous livrer.
Le colonel Essono ne rouscailla pas.
Cette affaire était une pierre dans son jardin. Il avait une autre grosse tuile sur le cœur.
Il ôta ses lunettes pharmaceutiques. Il les rangea dans un étui puis sortit un journal d’un tiroir de son bureau. Il le jeta sous les yeux du policier. C’était l’édition du vendredi précédent de l’Union. Un gros titre barrait la première page :
« Alerte aux voleurs de sexe »
Koumba avait déjà lu l’article.
Son contenu lui était d’ailleurs resté scotché au cerveau comme une tache d’huile sur un matelas. Les voleurs de sexe, c’était le sujet qui alimentait le kongossa en ce moment dans les bureaux, les salons, les bars et les chaumières des matitis. L’affaire avait commencé une semaine plus tôt à Port-Gentil, capitale économique du pays.
Commenter  J’apprécie          20
C'est Tata qui avait abordé Nathalie dans la rue un soir et l'avait présentée à Balard. Tata n'avait pas été plus loin que le cours secondaire première année, mais c'était un tchatcheur né quand il s'agissait de verber une fille. Des conquêtes, il en collectionnait comme d'autres, des chaussures de marque. Il avait levé sa première fille à douze ans quand certains malaxaient encore leur bangala avec un morceau de savon dans leur douche devant la photo de Kim Kardashian. Faut dire que la nature l'avait mieux garni que Balard avec son nez camard, son front bombé et sa taille de cocotier qui le faisait souvent passer dans la rue pour un Ouest-africain.
Tata avait appris toutes les ficelles du parfait dragueur à Balard. Et Balard avait suivi les règles à la lettre. À sa première rencontre avec Nathalie dans la rue, il avait réussi à lui arracher son numéro de téléphone. Puis une semaine plus tard, il l'avait invité au restaurant.

C'est Tata qui avait joué les financiers. Et cette nuit encore, c'est Tata qui avait de nouveau mis la main à la poche.
- Tu as tiré combien de coups ? demanda Tata.
- Deux !
Tata partit dans un fou rire. Balard ajouta aussitôt sur un ton rigolard dans le groin de Benito :
- Le premier a été en ton honneur, mon pote. Le second pour moi-même et mes ancêtres.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Janis Otsiemi (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Janis Otsiemi
Philippe Georget - Philippe Hauret - Pascal Martin - Nils Barrellon - Sophia Mavroudis - Maurice Gouiran - Jacques-Olivier Bosco - Janis Otsiemi -
autres livres classés : littérature gabonaiseVoir plus


Lecteurs (57) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2874 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..