Splendide et court recueil sur l'appartenance, l'identité, les origines, surtout personnelles de l'autrice, en particulier dans la première et aussi -mais moindrement- la deuxième partie de l'oeuvre, dans un langage d'une rare succulence en ce qui a trait au flot effervescent de la parole. La troisième partie figure plutôt des calligrammes, qui sont également très intéressants et jolis à voir comme à lire. Jeux dans les couleurs et la forme toute personnelle. À lire!
Commenter  J’apprécie         40
Embrun à l’embrasure
Les nuages vibrent
Trémolos de la pluie
Sur le plumage des grives
Qui volent en éclats
Finies les prières éternelles
Vergetures des jours
Vagues élimant
Le lin usé de la plage
Torture intarissable
Des lunes qui continuent
D’un trou noir à l’autre
Varech tache de sépia
Mes vœux confiés
Aux marées éperdues
Qui me recrachent
La vie au visage.
Dans les presque silences
Laisse-moi polir des vers
À la frontière des nids
Et des cubes
Du fond de mes mains
De paille et d’eau
Dans les presque paroles
Te peindre un écho.
Toi et moi
Nous ne sommes pas
De la même pierre
DE la même mer
Des mêmes lumières
C’est pourquoi
Nous sommes
L’un de l’autre
L’un par l’autre
L’un pour l’autre.
Mes mains coquillages
Ton visage perlé de bruine
Toute l’haleine du large
Nous sommes livrés
À marée basse amarrés morts
Aux flots piquetés d’oursins
Couronnés de lionnes de mer
Courber tes flancs carènes
Ma croupe clapoteuse
Tremblement de corps
Vagues vagissantes
Mascaret mouillé de macareux
Main dans la main dans la mer
Dans l’océan jusqu’à la fin.
Phare
Tu te dresses
Devant moi
Je t’enlace
Algues du réel
Clapotis
Mes bras trop courts
Pour t’étreindre
Phare qui s’éteint
Dans la
Mer
Les chalands se heurtent
Aux récifs de mon corps
Écueils de mes cuisses
Encerclant l’opaque nulle part.