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3,57

sur 334 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Sur les conseils d'une amie, je suis allé à la bibliothèque Nucéra, à Nice, chercher cet ouvrage d'Ovide. J'ai eu la surprise de voir que les SDF avait investi les lieux, comme dans "à la recherche de Franck Burns" que j'ai vu récemment. J'ai noté qu'une bibliothécaire, croisant un SDF, touchait son bras d'un air complice, j'ai trouvé ça gentil et ça rachetait beaucoup de saloperies, et j'ai pensé qu'ils étaient sûrement là depuis longtemps, ces SDF, peut-être depuis toujours, et que c'est moi qui ne les voyait pas. Je me suis souvenu aussi qu'on était tous faits de la même boue et je suis retourné à mes préoccupations.

J'ai fouiné dans le rayon Littérature latine et j'ai déniché "l'Art d'aimer". Cet exemplaire provient des éditions Complexe, collection "La Plume et le Pinceau", une boite belge. Il s'ouvre par une préface de Jacques Lacarrière et est parsemé d'aquarelles de Gabriel Lefebvre. C'est un bien bel objet, tracé sur un papier granuleux, très agréable au toucher et j'étais content de l'ouvrir.

Il s'agit d'une adaptation plus que d'une traduction. C'est là tout mon problème ! Ce postulat est si ardemment défendu dans la préface de Lacarrière et la postface de Carl Deroux que la puce qui squatte le lobe de mon oreille aurait dû crier gare et est actuellement en train d'expliquer sa défaillance dans le bureau de mon DRH.

Les vagabondages de Michel Grodent m'ont laissé perplexe : Avais-je affaire à du Ovide ou à du Grodent ? "Ô vous qui aspirez à un amour durable, quittez toute arrogance !". Voici Béatrice et Dante qui débarquent main dans la main au milieu du théâtre antique. Ce n'est un exemple parmi d'autres de ce qui sapait ma concentration.

Côté traduction, les choix de Grodent ne sont pas plus heureux : "L'existence des dieux est un avantage et puisque c'est un avantage, croyons à leur existence !" me semble faible au regard d'une version citée par Carl Deroux : """Il est utile que les dieux existent, et, comme c'est utile, croyons qu'ils existent''. J'arrête la démonstration pour ne pas surcharger mon propos mais il ne s'agit, là encore, que d'un exemple.
Même si j'ai trouvé cette lecture agréable et parsemée de pépites , mon plaisir,vous l'aurez compris, a été partiellement gâché par le traitement de Grodent qui parvenait même à glisser l'anachronique "vacherie" au détour d'une phrase, crevant la bulle que le texte installait dans mon imaginaire.

J'ai cependant compris l'essentiel du propos qui m'invite, pour me décoincer, à un séjour au Cap-d'Agde où je devrais argumenter aux plus réticentes "Que vous soyez possédées par un homme ou par mille, qu'à cela ne tienne, la chose dont je parle résiste mieux à l'usure que le fer ou la pierre". J'y viendrai avec mon ex-ami D. M., qui me proposait, la dernière fois qu'on s'est vus, d'aller un soir dans un club échangiste en m'expliquant qu'on pouvait juste y dîner dans une ambiance sympathique, des tas de gens font ça.

Le pragmatisme ironique d'Ovide, pas si éloigné des Stoïciens finalement, souligne cette obsession du mâle pour le sexe et les masques qu'il emprunte pour arriver à ses fins dans cette comédie permanente qu'est la vie. Çà me renvoie à la question d'un autre Belge, Philippe Geluck, qui se demandait : quand l'homme a découvert que la vache donnait du lait, que cherchait il exactement à faire ce jour là ?
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Mon bon Ovide franchement ce n est pas " l art d'Aimer " mais l Art de Draguer que tu as écrit .Ta chance est d'être mort depuis 2000 ans Car si tu as été exilé sans espoir de retour par Auguste , pour un motif inconnu , ce châtiment n est rien comparé à celui qui te serait infligé en notre époque moderne , libérée et éclairée .Les Me Too Balance ton Porc te crucifierait , t'écartèlerait sur l hôtel euh pardon l'autel de la bien- pensance bobo , faussement intello - choqué Traîné devant les tribunaux pour des motifs divers et (a)variés il ne te resterait plus que la honte et le déshonneur Loin de moi l idée de dédouaner ou pardonner à d ignobles personnages qui ne mérite que mépris et prison ,simplement de penser que l'excès ridiculise ou rend odieuse les meilleurs sentiments l'enfer est pavé de bonnes intentions
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Avec son traité relatif à « L'art d'aimer », Ovide, pas spécialement connu pour son humour et sa maîtrise managériale d'un second degré, se revendique poète et homme d'expérience. Dont acte. Pourtant, de facto, il place la femme au second plan, le premier étant entièrement consacré à sa misogynie que, paraît-il, l'Histoire de son temps pourrait expliquer!
Le lecteur aura compris ma prise de distance avec les propos de l'auteur même si je reconnais à « L'art d'aimer » le statut de classique encore régulièrement présenté aux étudiants latinistes sous sa forme livresque ou au travers d'un monologue théâtral qui, ma foi, peut le mettre en valeur.
Malgré les très nombreuses références aux statures de la Rome antique, la version française que j'ai lue était lascivement couchée au coeur d'une tablette et relevait de la forme numérique… Il y a lieu d'admirer le grand écart entre l'écriture d'époque et les technologies modernes qui la supportent aujourd'hui ! Avec un texte bien équilibré, les assertions d'Ovide peuvent être joliment balancées aux lecteurs ou spectateurs qui ne manqueront pas de trouver la langue belle et, probablement, le sujet léger mais plaisant.
Pour ma part, sur le fond, je n'ai guère trouvé à me sustenter. L'art d'aimer qui aurait pu susciter en moi des envolées célestes et faire naître à foison des projets de vie, tous plus intéressants les uns que les autres a été tristement réduit à l'art de plaire, voire même seulement celui de paraître. Quel gâchis !
Et ce n'est pas le déploiement constant de propos misogynes qui sauvera la mise au poète. Fort heureusement, de nos jours, de tels débordements ne peuvent qu'apparaître politiquement incorrects et mal venus … Regrettable qu'une telle maîtrise de la langue se perde et s'anéantisse dans une vision du monde qui tronque la Femme. Même si je partage la conviction qu'aimer est un art à cultiver, je ne peux que constater que le niveau des idées, du discours du poète ne dépasse pas celui de bien des articles racoleurs de nombreux magazines actuels. Tous « Flair'ent » les recettes de séduction, aucun ne développe l'arôme enivrant de l'Amour !
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J'ai découvert ce petit livre sur insistance de mon grand-père qui désirait que je mette au moins un classique antique dans la liste de mon challenge ABC 2011 proposé par Nanet. Je n'étais pas enchantée plus que ça... non pas que je n'aime pas les classiques, mais je trouvais que ce titre détonait vraiment de mes autres lectures, et je n'étais donc pas sûre de m'adapter vraiment au changement de registre, de style, d'époque... Lorsque que j'ai vu que ce texte était en réalité très court, je me suis dit que si cela ne me plaisait pas, je n'aurais pas eu à perdre mon temps longtemps.
J'ai d'ailleurs conservé cette idée longtemps puisque j'ai été totalement perdue les premières pages par le style si différent des textes contemporains et le nombre de références antiques que je ne me maîtrise pas, bien que je sois assez branchée par la mythologie grecque. le texte est parfois encadré par des notes explicatives du traducteur mais qui, loin de me renseigner, n'ont fait qu'accentuer ma perplexité. "Inspiré du distique élégiaque"... euh... okay ?
Bref, cela se présentait mal ; le courant entre Ovide et moi ne passait pas vraiment... Mais j'ai tant bien que mal continué ma lecture et suis rentrée petit à petit dans l'atmosphère, dans l'esprit de l'époque, pour découvrir finalement un texte particulièrement instructif... et hérissant ! Ovide se fait le chantre de l'amour et de ses procédés. Au programme : tromperie, mensonge, manipulation, machisme (terme anachronique, peut-être) et duplicité. Qu'il est beau, l'amour ! Les propos tenus réveilleraient en chaque femme un instinct féministe particulièrement vindicatif. le texte, en trois parties, dont deux s'adressant aux hommes, s'attache à donner les clés de la séduction et les moyens d'entretenir la flamme. A travers ces quelques pages, la femme apparaît davantage comme une proie (le mot est d'ailleurs utilisé plusieurs fois) que comme une personne digne de respect, bien qu'elle soit au centre de toutes les attentions. Ovide ne lésine ni sur la comparaison agricole, ni sur la métaphore animalière pour désigner la "femelle". Voici quelques extraits irrésistibles que je n'ai pu m'empêcher de vous faire partager :

"Il te faut jouer l'amant, et, dans tes paroles, te donner les apparences d'être blessé d'amour ; ne néglige aucun moyen pour le persuader. Et il n'est pas difficile d'être cru : toute femme se juge digne d'être aimée ; si laide soit-elle, il n'en est pas qui ne se trouve bien."

"Les larmes également sont utiles : avec des larmes tu amollirais le diamant. Tâche que ta bien-aimée voie, si tu peux, tes joues humides. Si les larmes te font défaut (car elles ne viennent pas toujours à commandement), mouille-toi les yeux avec la main."

Cependant, j'ai d'abord considéré ce texte pour sa valeur documentaire, son rôle de témoignage des moeurs romaines du Ier siècle avant J.C. J'ai très vite mis de la distance entre la valeur du texte et ce qu'il raconte pour me concentrer sur l'intérêt historique d'un tel document. En cela, j'ai été émerveillée par L'art d'aimer, récit particulièrement intéressant. Tantôt quasi-insoutenable par la bêtise des propos ou les images utilisées, tantôt hilarant sans le faire exprès, ce texte, toujours lucide, est un reportage savoureux, une véritable plongée dans L Histoire.
L'art d'aimer est donc un texte que j'ai beaucoup de mal à évaluer car il m'a autant révolté qu'enchanté, selon le point de vue où je me place.

Et pour finir sur une note charmante :

"Je hais les embrassements, où l'un et l'autre ne se donnent pas (voilà pourquoi je trouve moins d'attrait à aimer des petits garçons)."

C'est dit !
Lien : http://livr0ns-n0us.blogspot..
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Je me suis plongée dans cette fresque classique avec beaucoup d'apriori et malgré le caractère scabreux d'un dialogue sur l'amour et les relations hommes-femmes pendant l'empire romain, j'ai été agréablement surprise. Si certains passages m'ont littéralement fait lever les yeux au ciel, m'ont horripilé, voir écoeuré, certains autres ont trouvé une résonnance, comme quoi malgré les siècles écoulés la complexité de séduction et le moyen de garder son couple intact est toujours d'actualité. J'ai ri sur les conseils qu'Ovide pouvait donner notamment dans en matière d'adultère par exemple. Après, ça reste une lecture assez complexe et difficile à digérer mais je suis contente de l'avoir faite.
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Dans un premier niveau de lecture, on dirait le manuel d'un coach en séduction avec des conseils qui peuvent sembler intemporels : faire des compliments à la femme aimée, lui offrir des cadeaux, la mettre en valeur, prendre soin de sa propre apparence en ayant des vêtements propres et une haleine saine… On retrouve la même vision machiste des femmes que sur les sites des experts autoproclamés de l'amour sur internet : les femmes sont toutes vénales, elles sont toutes menteuses, quand elles disent non, c'est oui – ce qui permet de justifier le viol pour Ovide : elles ne savent pas qu'elles sont consentantes, elles le découvrent après. Mais Ovide est plus moderne que les coachs actuels, car il se soucie dans ses conseils du plaisir féminin, l'amant doit amener sa maîtresse au plaisir.
Présenté comme ça, ce livre n'était pas pour moi… Mais c'est un poète qui écrit, et qui le fait savoir. le texte se présente comme un dialogue constant avec les mythes et les textes fondateurs de la culture gréco-romaine : Iliade, Odyssée et Enéide, avec les récits des amours divines : les dieux et les héros sont présentés comme des modèles à suivre dans la séduction et l'amour. Il y a donc de nombreuses références mythologiques et culturelles. Ensuite, en poète habile, Ovide fait référence à ses propres oeuvres, il en fait la publicité pourrait-on dire avec un autre terme anachronique, notamment les Héroïdes, vantant l'originalité de son propos - ayant lu cet ouvrage juste avant, j'ai d'ailleurs préféré le premier, plus littéraire pourrait-on dire, moins "pratique".
Et, surtout, il regrette que le poète et son oeuvre ne soient pas plus considérés dans la cité : être poète n'est pas suffisant pour séduire, Rome connaît un "âge d'or", c'est-à-dire un âge où tout s'achète, où il faut de l'argent pour séduire des femmes et non de la poésie.
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Texte étonnant d'Ovide qui est une parodie d'un traité scientifique sur l'Amour.
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Si peu de choses ont changées depuis 2000 ans ! Bien sûr on lit dans cet ouvrages quelques visions arriérées sur les conditions de la femme et même en une phrase sur les relations entre maîtres et élèves, mais le fond n'en reste pas moins d'une actualité universelle. En quelques mots, l'amour heureux, ça se mérite à force de travail quotidien, d'abnégation et un peu, tout de même, d'embellissement de la réalité.
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Caricature de moeurs et ironie au nouvel ordre moral par cette liberté d'aimer et d'exister.

La valeur fondamentale de l'être et de ses élans s'affiche à ces lignes de découverte unique.
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Je n'ai pas vraiment apprécié la lecture de cet essai car il y a trop de référence à la mythologie grecque.
L'auteur Ovide nous décrit en détails l'art de séduire les femmes et sur une courte partie la façon de séduire les hommes.
Ce qui est intéressant, c'est de noter que déjà à l'époque l'art de la séduction était très bien maîtrisé et qu'on peut facilement transposer ces idées aujourd'hui.
Mais c'est ici le seul intérêt que j'ai pu trouver à cette lecture. J'ai l'impression d'avoir perdu mon temps, ou peut-être est-ce moi qui suis passé à côté.
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