AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,32

sur 1173 notes
5
37 avis
4
17 avis
3
4 avis
2
2 avis
1
0 avis
Dans ce second volet de l'Eau des collines, Marcel Pagnol reprend son récit alors que Jean de Florette vient de mourir. Sa veuve et sa fille se retrouvent à devoir vendre leur maison au Soubeyran. Finalement, ils y sont parvenus. A peine propriétaires, ils s'empressent d'aller déboucher la source qu'ils avaient eux-mêmes cimentée. Mais Manon les a vu et elle en garde le secret.
Les années passent ainsi et Manon grandi. L'adolescente a désormais 15 ans et elle est devenue une belle jeune fille qui commence a attirer les regards au village. La petite bergère, un peu sauvageonne, plait énormément à Ugolin qui s'entiche d'elle jusqu'à s'en rendre fou. Il n'ose avouer au Papet qu'il est amoureux de la fille de celui qu'ils ont ruiné et harcelé. Ugolin finira par avouer ses sentiments à Manon qui, sachant ce qu'il a fait à son père, le déteste viscéralement. Elle n'a que faire de lui et Ugolin s'enfonce dans sa folie. Ugolin, éperdu d'un amour non partagé et bouffé par les remords de ses actions passées, va finir par se suicider. le Papet restera le seul des Soubeyran. A moins que Manon n'ait finalement un lien de famille avec lui…
Dans ce second tome, Marcel Pagnol décortique la rancoeur de Manon et la folie d'Ugolin. le Papet a eu la peau de Jean de Florette mais il a aussi causé la perte de son neveu et donc de sa propre famille par pu aveuglement. C'est implacable et rudement bien construit. Cette Eau des collines est un vrai chef d'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          50
Fier comme Soubeyran.
Ugolin s'enrichit avec ses oeillets. Manon, sa mère et Baptistine la Piémontaise vivent en quasi autarcie dans la baume où coule une source pérenne. Manon grandit et embellit au grand air. Ugolin l'épie et la découvre se baignant nue. Captivé, il tombe sous son charme. Commence alors son calvaire d'autant que Manon a surpris une conversation entre deux villageois venus poser des pièges dans les parages. Elle comprend les malversations des Soubeyran. Sa révulsion première se métamorphose en haine viscérale. Ugolin va tenter de séduire celle qu'il a ruinée (financièrement en s'accaparant son domaine et mentalement en condamnant à mort son père). Cherchant d'abord à incendier la propriété d'Ugolin, Manon découvre accidentellement la source du village et décide à son tour de la détourner, privant toute la population de la précieuse eau de vie. Les rivalités villageoises s'exacerbent et les langues se délient. Bernard Belloiseau, le jeune instituteur flaire et perçoit peu à peu l'envergure du drame qui se noue.
Immédiatement captivé par le second volet du diptyque « L'eau des collines », « Manon des sources », le lecteur ne peut que s'immerger dans la tragédie oedipienne qui anéantit la famille Soubeyran. le Papet n'a eu de cesse de mettre à mort son propre fils, Jean de Florette, avec un aveuglement que la cupidité paysanne éclaire en soubassement. Il ne comprendra ses sinistres manigances perpétrées en sous-main par son neveu qu'avec les ultimes révélations de Delphine, amie de Florette. La lettre testamentaire du Papet adressée à Manon fait jaillir l'eau des yeux : « Pense un peu que par malisse jamet j'ai voulu m'approcher de lui. Sa voix je l'ai pas connu, ni sa figure. Jamais de prêt j'ai vu ses yeux que peut-être c'était ceux de ma mère et j'ai vu que sa bosse et sa pène, tout le mal que je lui ai fait. Alors tu comprends que je me languis de mourir pasque a côté de mes idées qui me travaille même l'enfer cet un délice. » La seconde perversion frappant les Soubeyran tient à l'amour fou d'Ugolin pour Manon, sa petite-cousine. Si Ugolin pressent le drame, le Papet, finaud, en ressent toute l'horreur métaphysique. La force et l'intérêt majeur des deux romans émanent du destin tragique des Soubeyran, oncle et neveu que la consanguinité a minés. Ugolin est éperdu d'amour. Ses rites magiques pour amener Manon consentante chez lui sont à la fois naïfs et bouleversants. L'adaptation cinématographique de Claude Berri (1986), pour fidèle qu'elle soit à l'oeuvre romanesque, ne doit son aura qu'aux interprétations magistrales de Daniel Auteuil (Ugolin) et Yves Montand (César Soubeyran dit le Papet). Manon et l'instituteur quant à eux frisent le ridicule à travers leur inconsistance. Dans le roman, la « domestication » de Manon, la sauvageonne des garrigues est assez insupportable et sa réconciliation avec les villageois dont la lâcheté et l'intérêt mêlés, inexcusables, semble incompréhensible (ils connaissaient tous l'existence de la source mais aucun, hormis Pamphile, le menuisier n'a tenté de la révéler à Jean Cadoret s'exténuant pieds nus, portant les jarres d'eau sur sa bosse). Cette couardise collective prétextant qu'on ne se mêle pas des affaires des autres, en l'occurrence celle des Soubeyran, oncle et neveu, est absolument impardonnable. La fin conventionnelle et fade est rehaussée par les mots de braise du Papet. Il aurait été intéressant de connaître la réaction des Belloiseau, Manon et Bernard, vis-à-vis de cette pure tragédie antique.
Commenter  J’apprécie          50
CESAR : Dites, monsieur Brun, sans vouloir vous commander, débarrassez-moi un peu la table de ces bouquins, que je pose mon plateau.
MONSIEUR BRUN : C'est juste César, car c'est l'heure de nos libations quotidiennes.
CESAR : Libations, il est drôle lui, il a de ces mots...
ESCARTEFIGUE : Oui c'est comme le diptryque.
CESAR : le quoi ?
ESCARTEFIGUE : le diptryque, tiens demande lui, c'est pas un homme c'est un dictionnaire, et même Larousse il en sait moins que lui !
MONSIEUR BRUN : Un diptyque, mon cher César, est un ouvrage en deux parties. Celui-ci est l'oeuvre de notre ami Marcel Pagnol Il s'intitule 'L'eau des collines' et se compose de "Jean de Florette" et de "Manon des sources"
ESCARTEFIGUE : Et le deuxième, mon cher César, est la suite du premier.
CESAR : Tiens, je ne m'en serais pas douté.
MONSIEUR BRUN : Vous vous souvenez, Escartefigue, je vous l'apprends, César, qu'à la fin de la première partie, Jean de Florette est mort, sa femme et sa fille, la petite Manon, sont parties, le Papet et Ugolin sont maîtres du terrain.
ESCARTEFIGUE : Oui, la source est débouchée et Ugolin plante des oeillets
MONSIEUR BRUN : Voilà. Au début de la deuxième partie, le temps a passé. Manon, qui est devenue une belle jeune fille, revient au pays et garde des chèvres dans la montagne. Personne ne sait qui elle est. Ugolin qui l'a aperçue gardant ses chèvres, en est tombé amoureux fou. Vous imaginez bien que ce n'est pas réciproque, d'autant plus que Manon a découvert la vérité au sujet de la source, et de toutes les exactions qui ont suivi.
ESCARTEFIGUE : Les quoi ?
MONSIEUR BRUN, patiemment : Les mauvaises actions qui ont suivi. En plus, la petite Manon, elle s'est éprise de l'instituteur.
CESAR, rigolard : Alors Ugolin il peut se la...
MONSIEUR BRUN : César !
CESAR : Bon, bon, je me tais. Je me tais, silencieusement. Je ne dis pas un mot. Je n'ouvre pas la bouche jusqu'à la fin de l'histoire de monsieur Brun
ESCARTEFIGUE, posément : Ce serait bien si tu commençais tout de suite.
César ouvre la bouche, et sur un signe de monsieur Brun, la referme sans dire un mot. Il fait mine de se la ligaturer avec le doigt.
MONSIEUR BRUN : Manon, sachant la vérité, ne pense qu'à se venger. Par hasard elle trouve la source qui alimente le village, et à son tour en bouche l'ouverture. le village est privé d'eau. Les villageois, qui connaissent toute l'histoire depuis le début, commencent à accuser Ugolin et le Papet. Ugolin, qui a compris que Manon en aimait un autre, se suicide. Manon, se sentant vengée, rétablit la source. Elle épouse l'instituteur et a deux enfants magnifiques.
ESCARTEFIGUE, ravi : Et voilà, tout finit bien !
MONSIEUR BRUN : Eh non, mes amis, ce n'est pas fini. Une vieille dame passant par le village, révèle au Papet que Jean de Florette était son fils et donc Manon sa petite-fille. Il se laisse mourir non sans avoir légué tous ses biens à Manon.
CESAR : Oh bonne mère ! Quelle tragédie !
MONSIEUR BRUN : Oui c'est une véritable tragédie grecque
ESCARTEFIGUE : Ah il y a des grecs aussi ? ça ne m'étonne pas, J'en ai connu un au Prado...
CESAR : Escartefigue, tais-toi.
MONSIEUR BRUN : Voilà mes amis l'histoire, belle et triste à la fois, que nous raconte Marcel Pagnol. Sa plus belle réussite romanesque.
ESCARTEFIGUE : Oh, comme on le connaît, il ne va pas en rester là...
CESAR : Pourquoi dis-tu ça , Escartefigue ?
ESCARTEFIGUE : Avec les enfants de Manon, il va bien nous faire un triptryque !



Commenter  J’apprécie          114
Vengeance et culpabilité

Ecris en 1963 par Marcel Pagnol, Manon des Sources est le deuxième volume de l'Eau des Collines. le roman se passe en Provence dans le village des Bastides dans les années 1920.

Après la mort de Jean de Florette, Manon et sa mère quittent la ferme des Romarins qu'elles ont vendus à la famille Soubeyran pour effacer leurs dettes et vont s'installer dans les collines dans la grotte du Plantier. Ugolin, dès qu'il a racheté la ferme, va déboucher la source pour ensuite planter des oeillets dont la récolte lui fera gagner beaucoup d'argent.

Un beau jour, dans les collines, Ugolin aperçoit Manon et tombe amoureux d'elle. Il lui proposera de l'épouser mais Manon, qui a découvert entre temps qu'il a caché à son père l'existence de la source refusera. Par vengeance et haine envers Ugolin et l'ensemble du village qui a laissé son père dans l'ignorance, elle va boucher la source qu'elle a découverte par hasard. le village va être confronté à un manque total d'eau et l'ensemble des cultures dont les oeillets d'Ugolin vont mourir. Comment va réagir l'ensemble du village qui pense être puni pour sa méchanceté envers Jean de Florette ? Manon va-t-elle laisser la source bouchée par vengeance et reproduire de ce fait ce que les villageois ont fait subir à son père ?

Dans ce deuxième volume on sent l'état d'esprit du village évoluer. le mal fait à Jean de Florette pèse sur les consciences et l'arrivée de deux « étrangers » au village – un curé et un instructeur- qui s'intègrent bien dans le village ouvre progressivement l'esprit des habitants du village. La rédemption et la punition permettent à Marcel Pagnol de rétablir un certain sens de la justice dans ce décor qui s'humanise. Et c'est avec grand plaisir que l'on voit le ciel de personnages très attachants s'éclaircir et adoucir les douleurs passées.
Commenter  J’apprécie          40
Je viens de revoir il y a quelques jours les deux films de Claude Berri avec un réel plaisir, c'est la 3ème ou 4ème fois mais ça matche à tous les coups. Et puis en regardant Manon des sources, j'ai crié Eurêka : un critère du challenge multi-défis 2022 s'intitule : une vengeance ou une vendetta au coeur de ce ROMAN, ce critère ne m'inspirait pas vraiment, mais là, c'était tout indiqué, d'autant que je venais de relire la trilogie marseillaise et que la plume de Pagnol me ravit à tous les coups. Certes je connaissais l'histoire par coeur et les images du film me revenaient sans cesse mais cela ne m'a pas empêché de prendre un réel plaisir à savourer ces dialogues mémorables. Je ne vais pas dévoiler l'histoire, d'autres l'ont fait mieux que moi et pour ceux ou celles qui ne connaissent pas cette tragédie provençale, il ne faudrait surtout pas dévoiler l'intrigue. Sachez juste qu'il est question d'une source qui coule au milieu de la garrigue, d'une petite fille qui a vu trimer son père ignorant l'existence de cette source au point d'en perdre la vie. Cette petite fille, une fois adulte, va faire payer cher tout le village des Bastides, tous ceux qui savaient et n'ont rien dit. C'est un western provençal, une Colomba corse transposée dans l'arrière pays marseillais, une tragédie grecque, une belle et triste histoire où l'on trouve tous les ingrédients de la sagesse et de la folie des hommes pour quelques lopins de terre, pour quelques oeillets, pour que le trésor des Soubeyran perdure de génération en génération.
Je suis proprement admiratif devant le talent de Marcel Pagnol pour avoir imaginé un tel scénario.

Challenge multi-défis 2022.
Commenter  J’apprécie          2610
J'ai beaucoup aimé découvrir cet incontournable en images et en situations, les couleurs utilisées et l'argot provençal gardé. J'ai été surprise de l'histoire que je ne connaissais que vaguement et j'ai pris plaisir à suivre ce petit village de Provence. On entendrait presque les cigales !
Commenter  J’apprécie          10
Manon des Sources est un roman publie en 1962 base sur la deuxieme moitie du film du meme nom tourne en 1952 par l'auteur.

La lecture de Manon des Sources est une joie pure. le roman contient des personnages fascinantes et une intrigue merveilleusement bien ficelee. La conclusion est de la plus juste. Les mechants recoivent la visite de
Némésis et les justes recoivent leure recompenses bien merites. le tout est dans style qui demontre que le cineaste Pagnol a tres bien merite son siege a l'Academie francaise.

Gardez la lecture de ce bijou pour un moment ou vous aurez besoin d'un divertissement raviva
Commenter  J’apprécie          80
Jean de Florette m'avait fait forte impression par son écriture simple mais éminemment sensorielle et créatrice d'images. La tragédie prenait sens dans un contexte précis que Pagnol parvenait à créer en tant que personnage singulier.

Pour Manon des Sources, on sent de manière plus prégnante l'adaptation littéraire du propre film de Pagnol : plus théâtral, le noeud se resserre autour d'une intrigue qui concentre les efforts de l'auteur provençal. Son style s'en ressent, moins sensible, malgré une touche d'humour qui ne manque pas de venir mette un peu de distance.

Et si l'aspect "crime et châtiment" fait long feu, le récit aboutit à un épilogue absolument magistral, un twist bouleversant qui donne de vrais frissons d'émotion. Rien que pour ces 20 dernières pages, Manon des Sources vaut la peine de dépasser la -très- légère déception de ce deuxième tome de L'eau des collines.

Claude Berri en fera une adaptation fidèle au milieu des années 80. Des chefs-d'oeuvre donc.
Commenter  J’apprécie          100

Manon des sources.
Coup de coeur
Marcel PAGNOL

Manon a bien grandi et elle vit en vraie sauvageonne loin des hommes et près des chèvres, ânes et chien.
Elle voue toujours une haine à Ugolin à cause de qui son père est mort.
Aussi le jour où Ugolin (qui est caché) la voit se baigner nue il en tombe immédiatement amoureux et en devient presque fou.
Il ne mange plus, ne dort plus et n'a pour but qu'amasser de plus en plus de louis d'or pour en faire une princesse… mais Manon exècre Ugolin.
Et le destin va se charger de la vengeance de Manon toujours par une source.
L'eau, or bleu qui a tant manqué à Jean de Florette va maintenant tuer Ugolin.
Sous les yeux humides du papet qui ne se doute pas un instant qu'une lettre perdue des décennies plus tôt aurait tout changé…

Le deuxième tome de cette histoire est aussi fabuleux et intense que le premier.
C'est d'une pureté, d'une force et d'une beauté incomparable.
Le désespoir d'Ugolin est pénétrant, la fierté de Manon engendre le respect et le chagrin de César Soubeyran est juste terriblement émouvant.
Quant à l'adaptation au cinéma par Claude Berry c'est un Daniel Auteuil magistral qui campe Ugolin.
Une relecture implique forcément moins de surprise mais cette histoire est véritablement un chef d'oeuvre de la littérature française.
Merci Monsieur Marcel PAGNOL.
Commenter  J’apprécie          50
Je m'attendais à préférer ce tome au premier mais finalement ce ne fut pas le cas. Bien que j'ai tout de même passé un excellent moment ! Peut-être parce qu'il était moins question du travail de la terre. le personnage de Manon m'a aussi vraiment déçue : j'étais contre la plupart de ses choix et je ne la comprenais pas toujours. À la fin je trouve d'ailleurs qu'elle disparaît un peu de l'histoire, alors qu'elle est tout de même très importante. Ce tome fait toute la lumière sur les évènements passés et sur la face cachée de certains personnages. Même si la plupart des personnages restent détestables à mon goût, je me suis vraiment attachée à ce petit coin de France, et j'ai passé un très bon moment ! Maintenant, il me tarde de voir les films ! (Update : je les ai adorés.)
Commenter  J’apprécie          40





Lecteurs (3776) Voir plus



Quiz Voir plus

L'univers de Pagnol

Quel est le nom de la mère de Marcel Pagnol?

Marie
Augustine
Rose
Il n'a pas de mère

9 questions
126 lecteurs ont répondu
Thème : Marcel PagnolCréer un quiz sur ce livre

{* *}