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EAN : 9782204390668
Le Cerf (30/01/1989)
3/5   1 notes
Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
PRÉAMBULE : Je suis non croyante et, d'aussi loin que je me souvienne, ne l'ai jamais été. Pourquoi, dès lors, lire un texte fondateur de la religion chrétienne ? Peut-être suis-je de la même famille que cet enfant d'éléphant à courte trompe rendu célèbre par Rudyard Kipling : j'ai une insatiable curiosité. Je pense (et non pas " je crois ", vous aurez noté la nuance) que tout ce qui nous peut permettre de comprendre le monde est parfois bon à prendre. Pas toujours, car parfois, il vaut probablement mieux ne pas trop comprendre afin de ne pas être trop déçu, trop désillusionné ni mélancolique.
Ce qui m'intéresse chez Paul, ce n'est évidemment pas le contenu religieux aux trois-quarts sectaire qu'il véhicule dans ses épîtres mais bien plutôt son remarquable talent d'écrivain. Son ouverture d'esprit est, elle-aussi et sachant qu'il est complètement obnubilé par l'image de Jésus le Christ, assez remarquable pour l'époque.
Dans la partie qui va suivre, je ne m'intéresserai donc nullement aux questions religieuses sous-jacentes qui d'une part m'intéressent peu et pour lesquelles, d'autre part, je ne me sens absolument aucune compétence. En revanche, les implications sociétales d'un tel écrit et ses qualités purement littéraires m'intéressent, elles, beaucoup.

AMBULE : Paul est un fin lettré et ça se sent au coin de chaque ligne bien qu'il soit toujours difficile de savoir ce que Paul lui-même a écrit de sa propre main et ce qui aura été remanié ou aménagé dans les quelques décennies qui ont suivi la rédaction de cette lettre.
Il a l'intelligence de savoir qu'il s'adresse à des gens qui n'ont pas sa finesse de vue, mais qui ont tout de même une pratique des lettres et un entendement très supérieur à celui du commun. Il professe donc avec deux niveaux de pédagogie différents : celui destiné à l'église (à entendre comme ecclesia = regroupement de croyants) de Corinthe et celui destiné aux destinataires des prêches des membres de cette communauté, qui eux sont très probablement des gens du peuple.
Paul maîtrise très bien ces deux types de pédagogie. Je trouve même qu'on ne lui rend pas suffisamment hommage en qualité de pédagogue car sa rhétorique est admirable sur ce pan. Pas une assertion qui ne soit étayée tant par la théorie que la pratique : la théorie c'est l'allégorie ou le rappel du dogme et la pratique c'est l'exemple prosaïque, jamais complètement dénué d'une certaine valeur métaphorique. C'est, du point de vue du procédé stylistique, bougrement bien fait et efficace pour le double public auquel il s'adresse.
Ce que j'aime également dans cet écrit, outre cette fonction pédagogique évidente, c'est cette relative permissivité, cette relative ouverture d'esprit du genre : « Bon, sur cette question précise, il n'y a rien d'écrit. Moi, personnellement je ferais comme ceci, mais libre à vous de faire autrement tant que vous n'enfreignez pas trop l'esprit de notre croyance. » Cela n'a l'air de rien, mais cette porte ouverte, cette possibilité de libre arbitre est une réelle prise en compte de la diversité de l'Humain. Il était donc conscient, notamment en matière conjugale, qu'on n'est pas tous capables de s’astreindre à l'ascétisme que lui mettait en pratique. Chose que, manifestement, le Vatican n'a toujours pas complètement saisi quant à l’ordonnancement de ses prêtres. Lisez Paul, les p'tits gars ! (Ou non, ne le lisez pas, restez anachroniques jusqu'au bout et regardez s'éteindre cette religion que vous aurez vous-mêmes asphyxiée. Ce n'est pas moi qui vous dissuaderai de vous saborder vous-mêmes.)
Paul insiste beaucoup sur la valeur et la force de l'exemple, notamment face au peuple peu instruit. La valeur symbolique que prendra tel ou tel acte du puissant (ou du modèle) dans la tête de l'humble. Certains de nos politiques ont totalement oublié cet aspect sociétal. Ce qui, dans l'absolu n'est peut-être pas si grave, va être interprété par les gens du peuple comme ayant une signification qui va bien au-delà. Par exemple, le fait de " ne pas interdire strictement " une pratique dans certaines conditions pourra être interprétée comme " tout le monde a droit de ". Voilà pourquoi, selon lui, les membres de la communauté, destinés à faire office d'exemple face au peuple doivent être totalement irréprochables et la communauté elle-même doit s'efforcer d'en chasser les " ripoux ". On en est toujours là dans toutes les polices du monde deux mille ans plus tard. Étonnante finesse psychologique et sociologique, cher Monsieur Paul. (Rendons à Paul ce qui appartient à Paul...)
Donc, si l'on regarde ça d'encore un peu plus loin, on peut voir dans cette épître une magnifique illustration de comment fonctionne la justice ; d'une part la loi, écrite, inviolable, saisie dans le marbre, de l'autre, la jurisprudence, la faible fenêtre de flexibilité que cette même loi autorise dans les affaires humaines.
Un autre point important du discours de Paul est l'expression tangible du fait qu'il existe une multiplicité de dieux et de croyances de par le monde. Bien entendu, il s'empresse de préciser que ceux qui croient en Jésus comme le Christ, ne croient eux qu'en un seul Dieu, le père. Je trouve cette vision intéressante car elle n'est pas dans le déni du reste. (Comment pourrait-il en être autrement ? Lui-même est un converti issu d'une autre religion et c'est un citoyen romain dont la religion d'État est encore différente, polythéiste, qui plus est.) Cela aussi, n'a l'air de rien mais c'est tellement différent, tellement plus respectueux, que certains discours enflammés, quels que soient les dieux, quels que soient les cieux, qui pensent qu'il n'y a de dieu que le leur. Paul n'est pas aussi catégorique, et pourtant, c'est un père de l'église.
Enfin, je ne peux que saluer ce discours de générosité, ce discours de prise en compte de la détresse de l'autre qui émaille de nombreux endroits de cette épître. Il ne faut sûrement pas être trop naïf non plus. Paul est un malin et sait bien que c'est en se faisant les champions de l'aide aux plus démunis qu'ils gagneront du terrain en ces temps de grande violence et grande inégalité civiles. Paul a aussi un côté manipulateur évident, mais peu importe, c'est toujours bien de le dire (et encore mieux de le faire).
En revanche, d'un point de vue psychique ou sociétal, ce qui est totalement imbuvable pour moi dans le discours de Paul c'est ce sempiternel : " Ne réfléchissez pas ! Surtout, ne réfléchissez pas ! Je réfléchis pour vous. " Là on est clairement dans de la secte, au sens le plus débilitant du terme. Ceci va complètement à l'encontre de mes valeurs, moi qui passe mes jours, mes semaines, mes années, ma vie à faire en sorte que des petits d'homme soient un jour capables de réfléchir par eux-mêmes et de devenir des citoyens responsables avec un esprit critique digne de ce nom.
Que dire encore de la flagrante misogynie qui transpire de cet écrit ? C'est tellement féroce que ça se passe de commentaire. La femme est en tout la serpillière de l'homme et encore faut-elle qu'elle s'estime heureuse que celui-ci daigne l'honorer de s'essuyer les pieds boueux sur elle. Merci les hommes de nous combler de la sorte. Et on s'étonne après ça que dans une société dominée par presque deux mille ans de christianisme il y ait encore des disparités Hommes-Femmes ?
Bref, cette épître est intéressante à plus d'un titre, mérite franchement d'être découverte, mais cela reste le support d'une croyance à caractère sectaire à laquelle je ne pourrai jamais adhérer de quelque façon que cela soit.

POSTAMBULE : Aujourd'hui, plus que jamais, ce n'est que mon avis, celui d'une brebis très égarée, à jamais égarée, c'est-à-dire pas grand-chose.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La charité ne passe jamais. Les prophéties ? elle disparaîtront. Les langues ? elles se tairont. La science ? elle disparaîtra. Car partielle est notre science, partielle aussi notre prophétie. Mais quand viendra ce qui est parfait, ce qui est partiel disparaîtra. Lorsque j'étais enfant, je parlais en enfant, je pensais en enfant, je raisonnais en enfant ; une fois devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant. Car nous voyons, à présent, dans un miroir, en énigme, mais alors ce sera face à face. À présent, je connais d'une manière partielle ; mais alors je connaîtrai comme je suis connu.
Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande d'entre elles, c'est la charité.

II, 13 (8-13).
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{N. B. : voici un bel exemple de syllogisme doublé d'une invitation à l'ignorance et à l'obscurantisme. On aurait tort de s'en priver ! Et vive TF1 !}
Il est écrit : " Je détruirai la sagesse des sages, et l'intelligence des intelligents je la rejetterai. Où est-il, le sage ? Où est-il, l'homme cultivé ? " Où est-il le raisonneur de ce siècle ? Dieu n'a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde ? Puisqu'en effet le monde, par le moyen de la sagesse, n'a pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu, c'est par la folie du message qu'il a plu à Dieu de sauver les croyants. Alors que les Juifs demandent des signes et que les Grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, c'est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.
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II. 13 - 4. La charité est patiente, elle est pleine de bonté ; la charité n’est point envieuse ; la charité ne se vante point, elle ne s’enfle point d’orgueil,
5. elle ne fait rien de malhonnête, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s’irrite point, elle ne soupçonne point le mal,
6. elle ne se réjouit point de l’injustice, mais elle se réjouit de la vérité ;
7. elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout.
8. La charité ne périt jamais. Les prophéties prendront fin, les langues cesseront, la connaissance disparaîtra.
[...]
11. Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant.
12. Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu.
13. Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, la charité ; mais la plus grande de ces choses, c’est la charité.
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II. 13 - 1. Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je ne suis plus qu'airain qui sonne ou cymbale qui retentit.
2. Quand j'aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j'aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien.
3. Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien.
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(N. B. : vive la religion chrétienne et l'idée qu'elle a de la femme !)
Que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de prendre la parole ; qu'elles se tiennent dans la soumission, selon que la Loi même le dit. Si elles veulent s'instruire sur quelque point, qu'elles interrogent leur mari à la maison ; car il est inconvenant pour une femme de parler dans une assemblée.
II. 14, 34-35.
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