Au niveau esthétique , c'est une magnifique bande dessinée aux couleurs vraiment belles qui passent de tons doux à vifs, de couleurs froides à des couleurs chaudes. Les traits sont fins et il y a de très beaux effets, par exemple dans les scènes de foules, quand il y a des jeux de transparence et de superposition ou quand les bulles ne laissent échapper que des bribes de conversation. J'ai vraiment eu un coup de coeur pour le graphisme.
Au niveau de l'histoire, c'est celle de Simon, un jeune homme qui se cherche : il ne sait pas trop ce qu'il veut de sa vie professionnelle ou personnelle. Un passage au
Portugal, pays d'origine de sa famille, lui fait l'effet d'un déclic, il se sent comme revivre.
"Je parviens à peine à communiquer avec la plupart d'entre eux. Quelques phrases de mauvais anglais... des gestes de la main, parfois rehaussés d'un sourire ou d'un sourcil levé. Ce langage sommaire, concentré sur l'essentiel permet de ne montrer que le meilleur de nous-même. Les signes infimes qui trahissent, dans une langue maternelle, les bêtises ou la jalousie, sont ici effacés. Je ne vois que leurs sourires. Je les écoute avec l'illusion d'être en terre familière, de les connaître depuis toujours. Je les regarde et je les aime en secret. Je retrouve dans leurs visages des figures de mon enfance. Des cousins qui rient fort... une tante dont j'ai oublié le nom, qui parlent cette langue, si douce, si tendre. Toutes ces bribes de souvenirs épars, recouverts par les mauvaises herbes du temps. C'était là. A l'intérieur de moi. Et je l'avais oublié." P 77
Plus tard, il y a aussi une réunion de famille où son père et ses oncles et tantes se retrouvent tous pour la première fois depuis des années. Ces retrouvailles déclenchent l'envie chez Simon d'en savoir plus sur sa famille et de redécouvrir le
Portugal. La dernière partie relate son séjour là-bas.
J'ai beaucoup aimé cette très belle histoire de recherche d'identité, que ce soit personnelle, au sein d'une famille ou plus largement sur les origines, sur l'influence du passé sur la vie des uns et des autres.
"Mon portugais était balbutiant mais je commençais à m'habituer à ces conversations floues où le mystère d'une phrase se révèle au détour d'un seul mot compris, comme par enchantement" p 239
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