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4,11

sur 1021 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'adore ce livre même si j'ai dû provisoirement l'abandonner pour rendre le livre à la bibliothèque. Mais je le reprendrai dès que possible. J'adore cette idée de tout embrasser d'un immeuble jusque dans les moindres détails. Et Perec parvient à nous évader aussi par des histoires de vie aux confins du monde.
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La vie mode d'emploi est une oeuvre colossale, le chef d'oeuvre de Perec, qui porte le sous-titre de Romans bien mérité car ce livre est un roman dans plusieurs romans : 600 pages, 6 parties, 99 chapitres et un épilogue, 2000 personnages. L'ambition dans ce livre est l'exhaustivité qui est aussi l'ambition de toute l'oeuvre de Perec.

L'espace précis de ce roman est un immeuble sis au 11 de la rue Simon Crubellier dans le XVII arrondissement de Paris (lieu fictif), dans un immeuble construit en 1875 avec un récit qui se terminera exactement le 23 juin 1975 vers 20 heures. C'est un immeuble de 6 étages plus 2 étages de combles et des caves.

C'est une oeuvre totale, une fresque qui parle de la vie et de la mort et qui comprend plusieurs genres : policier, aventures, sociologique, sentimental, fantaisiste, picaresque, jubilatoire. le livre est écrit principalement au présent de l'indicatif; ce texte énigmatique et extrêmement riche, oblige le lecteur à trouver son chemin. L'unité temporale est donnée par la mort de l'un des deux personnages principaux, l'anglais Percival Bartlebooth le 23/08/1975. Dans ce roman on aborde de multiples savoirs imaginaires donnant des détails fragmentaires et jouant comme des moteurs dans le récit :cartographiques, historiques, archéologiques, ethnographiques, en pétrochimie, peinture, lexicographique et j'en passe. Mais ici le savoir n'a pour fin que le romanesque teinté d'humour parfois irrésistible.

La cahier de charges de ce roman est constitué de 42 listes de 10 éléments chacune. Chaque liste est associée à un modèle mathématique, le bi-carré latin orthogonal d'ordre 10, grille de 10*10 cases qui se superpose au plan de l'immeuble. Ce modèle a permis à Georges Perec de repartir dans chaque chapitre les 420 éléments listés sans rien laisser au hasard et en évitant toute répétition. Et pour passer d'un chapitre à un autre, il a recours à un problème de logique lié aux échecs, qui impose au cavalier de parcourir toutes les cases de l'échiquier sans jamais passer par la même: c'est l'algorithme ou polygraphie du cavalier. Un mécanisme efficace qui permet de créer des histoires et des pages riches en détails.

Ce livre est construit comme un puzzle et l'énorme machine narrative assez diabolique, unit parfaitement tous les habitants de l'immeuble. Ce serait une oeuvre avec des éléments autobiographiques où percent les drames vécus par l'auteur. L'humour est omniprésent et cette multiplicité de personnages est essentielle pour le bon déroulement de la fiction. Il est Impossible de résumer une telle oeuvre dont la lecture vous laisse pantoise, esbaudie, ébahie, knock out…Il y a du génie, de l'originalité, de l'érudition, de la maniaquerie aussi.

Chacun des 99 chapitres commence par un descriptif minutieux de la pièce avec ses objets, puis il y a souvent une histoire à raconter autour de l'un des personnages. Il y a des histoires pour tous les goûts, certaines sont très savoureuses. C'est vrai que c'est un livre que l'on peut lire de différentes façons : soit par une lecture linéaire, soit en ne lisant que les chapitres dédiés à l'un des personnages, soit en lisant les chapitres qui concernent les communs de l'immeuble, non dénoués aussi d'histoires savoureuses. Dans ce roman, il y a en apparence pléthore de savoirs, mais très souvent c'est une création fictionnelle de Georges Perec.

Le livre est construit vraiment comme un puzzle où les histoires s'imbriquent aisément autour de l'occupation de l'immeuble. Il y a trois personnages importants dans le livre qui incarnent la création: 1) le riche et excentrique anglais Percival Bartlebooth, un esthète élève de Valène qui va consacrer sa fortune à la construction de puzzles. Pour cela, il va prendre des leçons d'aquarelle pendant 10 ans auprès de Valène; 2) Valène est le doyen de l'immeuble, professeur de peinture et 3) Gaspard Winckler un artisan accompli qui sera commandité par l'anglais dans la préparation des puzzles. Bartlebooth est plus que nul en aquarelle, mais au bout de 10 ans, il partira 20 ans en voyage à travers le monde afin de peindre des marines, accompagné de son factotum. Tous les 15 jours il va envoyer à Winckler, un artisan hors pair qui habite aussi à la même adresse, une aquarelle que celui-ci va coller sur un support puis la découper finement en 750 morceaux pour les déposer dans des boîtes spécialement commandées. Au bout de presque 500 aquarelles devenues puzzles, Bartlebooth décide de les détruire car son cycle « créatif » est la destruction de l'oeuvre sur les lieux mêmes où elle a été créée; il voulait que le projet tout entier se referme sur lui-même sans laisser de traces, il voulait que rien, absolument rien n'en subsiste, qu'il n'en sorte rien que le vide, la blancheur immaculée du rien, la perfection gratuite de l'inutile. L'aboutissement d'une vie réduit à zéro par son seul vouloir ! (vanitas vanitatum). Un personnage complexe que ce Percival Bartlebooth, inspiré du Bartleby de Herman Melville.

La vie de Percival Bartlebooth : 50 ans de vie pour RIEN, quel mode d'emploi !

Dans la myriade d'histoires du livre, il y en trois qui m'ont beaucoup plu: celle des Réol un jeune couple qui acheta une chambre à coucher; celle des Danglars, un magistrat et son épouse, fins cambrioleurs et celle du docteur Dinteville, qui comporte une histoire de plagiat médical plus vraie que nature et aussi une recette de cuisine (salade de coquillettes au crabe appelée Salade de crabe à la Dinteville, qu'il faudrait tester…).

Quel roman, inénarrable, racontable par bribes, foisonnant d'idées, unique, époustouflant. Mais je crois qu'il faut aborder la lecture en étant préparé, il faut avoir lu de quoi il retourne dans ces pages; ce n'est pas du tout une lecture au premier degré, mais bien (au moins) au deuxième degré. L'exercice n'est pas facile, mais il en vaut la peine.
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Voila typiquement le genre de livre qui m'a fait soupirer dès l'entame : "Oula, je sens que ça va être dur, je ne sais pas si j'aurais le courage de le lire jusqu'au bout". Effectivement, ce livre "brocante" dans lequel sont décrits minutieusement les détails du décor, des généalogies des personnages et leur histoire plus ou moins rocambolesques n'était pas, sur papier, pour me plaire. Pourtant, il y a un irrésistible "je ne sais quoi" qui m'a fait continuer. La même curiosité qui vous pousse à continuer à scruter chaque stand de brocanteur sur la brocante de laquelle on ne pensait pas avoir le courage de tout passer en revue. On en ressort dans le même état : notre curiosité a été satisfaite sans avoir pour autant été transportée, sans avoir pour autant jeté son dévolu sur l'un ou l'autre article. C'est un 4/5 mystique et inexplicable que j'attribue à ce livre qui selon moi, ne se lit qu'une fois.
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La vie mode d'emploi, roman foisonnant de Georges Pérec de plus de 500 pages a été écrit en presque 10 ans (1969-1978). Et à le lire on comprend pourquoi il a fallu tant de temps à son auteur pour rédiger un tel livre.

G Pérec est une des figures de proue de l'Oulipo, l'OUvroir de LIttérature POtentiel, groupe littéraire fondé en 1960 par Raymond Queneau et dans lequel il entrera en 1967. Les écrivains de ce groupe rédigent des livres en se fixant des contraintes syntaxiques ou narratives. L'exemple le plus célèbre est sans doute le roman de Pérec, La disparition, écrit sans utilisation de la voyelle 'e' (lipogramme), ou son contraire Les Revenentes (1972), où le 'e' est cette fois la seule voyelle autorisée. Ces contraintes qui peuvent paraître artificielles ou limitatives obligeaient les auteurs à créer de nouvelles formes d'expression et donc à faire montre de créativité.

La vie mode d'emploi, chronique d'un immeuble parisien et de ses occupants sur plus de cinquante ans, est écrit avec ces jeux de contraintes. On n'est pas obligé de les connaître avant de débuter la lecture de ce livre, mais elles apparaissent assez rapidement aux yeux du lecteur qui finit même par les chercher. On peut citer notamment le plan du livre, en 99 chapitres, où l'ordre de présentation des appartements correspond au trajet d'un cavalier (qui se déplace en L) sur un échiquier constitué du plan de l'immeuble vu comme un carré de 10*10 'cases'.

Le livre est construit façon puzzle où chaque appartement, voire chaque pièce(!), est décrite tour à tour (une par chapitre), avec des descriptifs détaillés des lieux, de leurs occupants et des histoires auxquelles ils sont liées; peu à peu le lecteur reconstitue une belle vue d'ensemble. le puzzle est d'ailleurs le thème de l'une des histoires les plus étoffées du livre, celle de Gaspard Winckler chargé de créer des puzzles à partir des aquarelles peintes par Bartlebooth, riche amateur de peinture et de puzzles, et qui passera sa vie à les reconstituer puis à les détruire selon un protocole très précis.

Le livre est aussi un empilage gigogne d'histoires : les appartements visités sont minutieusement décrits, et tous contiennent des peintures ou illustrations, à leur tour minutieusement décrits, quand eux-même ne contiennent pas des livres ou tableaux à décrire... G Pérec mélange ainsi les récits, les fables, les contes, les escroqueries, les enquêtes, les heurs et malheurs des habitants de ce petit monde ou de personnages connexes.

Ce livre est un joyeux fourre-tout, livre-puzzle, livre-gigogne, livre-brocante, livre-manège de la vie qui visite cet immeuble de la cave aux greniers.
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Ayant lu ce pavé de 641 pages à sa sortie en 1977, je me souviens avoir été souvent noyée par les descriptions interminables, paraissant fastidieuses au premier abord. Aussi, j'ai repris mon volume en le sirotant par petites touches pendant plusieurs semaines, en parallèle avec d'autres bouquins.
J'ai rapidement retrouvé la plume ironique et espiègle de Georges Perec pour croquer toute la société, en petits récits excellemment construits par un amoureux de la langue française. Étudié sur une dizaine d'années, ce microcosme, peuplé d'un foisonnement de personnages, s'agite comme des bactéries sous un microscope. de quoi donner le tournis à n'importe quel lecteur.
Ce livre est un véritable ovni littéraire. Complétement dément, sans intrigue, détaillant avec force une multitude d'objets ou des situations sans grand intérêt. Georges Perec s'est réellement amusé à laisser libre cours à son imagination, pourtant sanglée par les contraintes imposées. Antinomique, non?
Une aventure surprenante et très jubilatoire, à condition de lâcher prise.
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Si je devais emmener des livres sur une île déserte, selon la formule consacrée, "La vie mode d'emploi" serait certainement un de ceux-là. On peut y revenir sans cesse et il y a toujours quelque chose à découvrir. Perec était un maniaque et un technicien de la littérature, quel modèle !
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La Vie mode d'emploi est un exploit autant qu'un roman. en spécialiste de la contrainte créative Georges Perec s'est imposé ici un cahier des charges titanesque : quelque chose comme l'exploration systématique de tous les coins et recoins d'un immeuble parisien, y compris les histoires mêlées et secrètes de ses habitants.
Un auteur moins doué que Perec se serait laissé submerger par le poids de la contrainte et nous aurait livré une somme indigeste et ennuyeuse.
Au contraire Perec construit, patiemment, pièce après pièce, un monde parallèle et nous conte mille histoires qui finissent pas faire exister les personnages dans toute leur épaisseur humaine.
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Un pavé à lire : l'histoire de chaque famille dans un immeuble... Et finalement un livre trés construit.
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