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3,83

sur 330 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est l'histoire d'un jeune militaire, un certain Kara quelque chose, qui en pleine guerre ne veut pas aller en Algérie. Prêt à tout pour cela (il imagine même se faire rouler sur un pied), derechef il s'adresse au maréchal des logis Henri Pollack, un de ses potes, qui lui-même demande à ses potes de l'aider à éviter à son pote l'enfer du djebel. En attendant, chaque soir, après sa journée au Fort Neuf de Vincennes, Henri Pollack enfourche son pétaradant petit vélomoteur (à guidon chromé) pour regagner son Montparnasse natal où l'attend sa bien-aimée.

À lire et à relire, un texte jubilatoire beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît, puisque comme souvent Georges Perec se joue des mots, truffant son récit de syllogismes et de figures de style, dont il fait d'ailleurs à la fin du livre une liste, qui bien que non exhaustive est fort longue, et que paru en 1966 ce texte signe aussi l'engagement de Perec pour l'indépendance des colonies.

Challenge MULTI-DEFIS 2022

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Autant vous prévenir tout de suite : ce court roman paru en 1966 est inclassable, fantaisiste, répétitif, allumé, poétique, malicieux, inventif, corrosif, génial et...totalement inutile ! Mais que c'est drôle et imprévisible, une parenthèse, un chemin de traverse, en dehors des chemins balisés de la littérature. Préfacé avec tendresse, je trouve, par Richard Bohringer.
Bref, on aime ou on n'aime pas !

Bien sûr, il y a une trame principale, un prétexte à semer " des fleurs et ornements rhétoriques, et, plus précisément, des métaboles et des parataxes que l'auteur croit avoir identifiées dans le texte qu'on vient de lire. ", autrement dit une quantité incalculable de figures de style répertoriées par l'auteur lui-même dans un index en fin d'ouvrage.
Très synthétiquement, pendant la guerre d'Algérie, un groupe de jeunes gens s'ingénient à trouver une solution pour faire réformer un de leur camarade engagé. Mais cela ne suffit évidemment pas à résumer l'état d'esprit de cette pure fantaisie littéraire, deuxième roman de Georges Perec, membre il ne faut pas l'oublier de L'Oulipo - OUvroir de LIttérature POtentielle - ce groupe international de littéraires et de mathématiciens fondé en 1961 que R. Queneau définissait comme des " rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir ".
" Un club de liberté. Liberté d'écrire, liberté de créer "comme le nomme Bohringer dans sa préface.

C'est typiquement le genre de livre qui résiste bien au-delà d'une première lecture, dont on n'épuise pas le contenu si facilement. Comme une balade en montagne ou en forêt que l'on affectionne, on y revient avec plaisir pour découvrir d'autres points de vue, d'autres figures de style savoureuses.
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Par miles nombre usesoeuvres de Georg esPerec, ses grandso pus, il ne faut pasman querce pe titoups! (Fredonnez-moi pradonnez-moi ce leger eruct! J'ai trop bu j'ai trop lu j'ai trop ru…).

Comme souvent, Perec s'amuse. Comme toujours, il y a beaucoup plus que du divertissement dans ce livre. Il faut beaucoup de bosse, pas mal d'application, et une lourde once de talent, pour aboucher tellement d'enfantillages en si peu de pages, sans que cela devienne pueril. Parce que derriere ses jeux de gamin, ses jeux de mots de lignes et de pages, apparait clairement son attitude face a la guerre du moment (c'etait la guerre d'Algerie), sa contestation, son rejet de la levee de bannieres chauvines. Parce que derriere ses boutades stylistiques, derriere l'accumulation de calembours de potaches, Perec se regarde au miroir et raille un peu une certaine jeunesse intellectuelle, doree en fin de compte, dont il fait partie.

Mais finalement, le plus important est tout de meme le plaisir avec un grand P que procure ce livre. Que du bonheur (avec un grand B)!

P.S. Je pousse a lire une critique dans ce site: une qui est claire comme G. Parce que.

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Pétillant et virevoltant, foutraque et malicieux, mais aussi politique et accusateur: tel est ce petit récit enjaillant, jouant avec les mots comme un enfant heureux avec des billes ou tel un érudit facétieux avec les académismes, ne lassant jamais son lecteur malgré d'innombrables répétitions pour lui conter l'histoire d'un troufion qui fait appel à ses amis pour éviter la guerre d'Algérie.

Un sujet sérieux, très sérieux même, et pourtant cette lecture est une bouffée de fraîcheur, d'ingéniosité, d'irrévérence, qui fait un bien fou à la tête.

Quant à répondre à la question posée par le titre c'est une autre histoire.
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Perec s'amuse avec les mots dans le pur esprit de l'OULIPO et c'est jouissif à souhait. Il a tenté d'intégrer à son récit un nombre incalculable de figures de style dont on trouvera un index partiel à la fin du texte. En effet, il s'est arrêté à la lettre P pour ne pas saouler le lecteur. Merci Monsieur Perec. Rien que pour la lettre A, on en trouve 47 dont l'anacoluthe, l'anaphore, l'aphorisme, l'apophtegme, l'apocope ou l'allitération et si l'on ne sait pas ce que cela veut dire ni où on peut les trouver dans son texte, eh bien il nous dit en substance : "démerdez-vous".
On y trouvera également des fautes d'orthographe comme les psychanalisses, des problèmes de concordance des temps : "ils finiraient bien par la gagner leur sale guerre et que le cessez-le-feu il sera conclu et que la paix elle est signée" et d'autres curiosités littéraires.
Perec s'amuse sous la contrainte et nous fait jouer avec lui et avec les mots. Mais derrière cette prouesse, ce texte est le reflet d'une époque et une vraie narration vient servir la contrainte d'écriture : comment faire réformer un soldat du régiment d'Henri Pollack, le propriétaire du petit vélo à guidon chromé, de manière à ce que ledit soldat puisse rester avec sa bien aimée et éviter la guerre d'Algérie, le Pollack mobilise ses potes dans un brainstorming saugrenu sur la meilleure manière de lui péter le bras en douceur !!
Un texte bien déjanté qui se déguste et qu'il faudrait relire pour mieux savourer ce roman inclassable.

Challenge Multi-Défis 2022.
Challenge riquiqui 2022.
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Ce texte est un court récit épique en prose agrémenté d'ornements rhétoriques croquignolesques. Il expose les complexes et vaines tentatives d'extraire le brave conscrit Karatruc de la liste kaki l'envoyant en Algérie. Parmi le groupe de saboteurs antimilitaristes dans lequel figure la fine fleur montparnassienne grande amatrice de filets d'anchois disposés en quinquonce ainsi que de saucisson braisé de chez Pétras et de blanc sec qu'avait de la classe, on retrouvera donc le narrateur, un autre (dont le nom ne vous dirait rien ) ainsi que l'éponymesque propriétaire du petit vélo à guidon chromé, le maréchal des logis Pollack, Henri.
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Il y a quand même une histoire: celle d'un jeune appelé cherchant à éviter de partir faire la guerre en Algérie. Et qui échoue, malgré l'aide parfois encombrante d'une bande de copains.C'est drôle dans la forme, mais le fond, comme la fin, l'est moins. Au dessus de ce canevas, Perec va broder différentes figures de styles, ce qui est en réalité le but véritable de cet écrit , Projet évoquant bien sûr les Exercices de style de son complice Oulipien Raymond Queneau. le titre fortement évocateur fait référence à un autre personnage du récit, Pollak Henri, dont le nom a peu de chances de vous échapper, à force de répétition, au contraire de celui du pauvre héros, Karamanlis, ou Karachose, ou Karachouette.. Un petit bijou Oulipien, Ou plutôt, tel une concretion calcaire accumulée autour d'un objet irritant, c'est vraiment ce qu'on appelle une perle.
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Après 'LEs choses', lu il y a quelques semaines, je voulais tenter la lecture d'un autre roman de Georges Perec

C'est chose faite avec ce tout petit ouvrage (128 pages) qui nous ramène au début des années 60 où une bande de copains cherche à en aider un autre, militaire, qui préfèrerait ne pas partir faire la guerre en Algérie. 

Dans une langue innovante et virevoltante, on suit les compères imaginer comment lui casser un bras, ou le faire passer pour ce qu'il n'est pas et lui permettre aisi de rester dans sa chambrette de Montparnasse auprès de sa belle ! 

Une écriture aussi échevelée que les histoires de feu 'Les papous dans la tête', une histoire d'amitié sur fond de grande histoire. 

Du burlesque, de l'humour, de la drôlerie, dans un format idéal, car je ne pense pas que ce roman aurait supporté d'être plus loin. 

Bref, une belle (re)découverte !
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Aux puristes de l'orthographe, aux ravis de la belle grammaire, aux chasseurs de fautes, aux pourfendeurs d'accrocs de style, aux élitistes qui vous jugent pour un conditionnel suivant "après que" et leurs compagnons de croisade : Ne lisez surtout pas ce court roman.
Vos "oeils" saigneraient ;-)

Si par contre vous regardez avec plaisir le mouvement Oulipo, si vous aimez jouer avec les mots (ce jeux de mômes qui bien souvent soigne les maux, sans rayer l'émail avec de temps en temps, à brûle-Tourcoing, une petite séance d'hihihilarité) ou les triturer, les tortiller voire les torturer, alors vous allez adorer cette mignardise.

La capacité de notre cerveau à comprendre le sens d'un récit malgré néologismes, fautes d'orthographe, de grammaire et style atypique, est juste merveilleuse.
Et je suis persuadé que c'est une bonne gymnastique pour nos petites cellules grises.

Bien sûr, l'orthographe, la grammaire et la logique du récit sont des politesses et du respect pour le lecteur.
Mais l'élitisme (en bon-isme qu'il est) est une entrave au partage, à la liberté et même au simple plaisir.

Livresquement votre
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Ce court roman (110 pages en poche) est un exercice oulipien où Pérec convie son lecteur à réviser ses figures de rhétoriques et en les recherchant dans un récit au ton potache ( j'ai pensé au Boris Vian de Vercoquin et le plancton) qui conte à grand renfort de répétitions burlesques les efforts d'une bande de potes pour permettre à un personnage (aux noms sans cesse variables) d'échapper à l'envoi en Algérie. Derrière le jeu se profile donc aussi une actualité récente (le texte est de 1966) et une prise de position politique.
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