Un goût de Cendre

En juin 1919, les marins du cuirassé "La Provence", épuisés par les longues années de guerre, vont ourdir une mutinerie. Celle-ci sera muselée et étouffée par la volonté commune du pouvoir en place et de la marine nationale.

En partant de cet événement historique peu connu, l'auteur nous entraîne dans une intrigue passionnante et complexe où se mêlent les destins d'hommes et de femmes aux desseins divers.

De sa plume littéraire, Christian Peron-Debarbieri, pose cette fresque d'après-guerre dans un décor méditerranéen régenté par le Mistral et les cigales. La ville de Toulon est un personnage à part entière de cet ouvrage : capitale provençale contrastée, au charme déroutant alliant la truculence des terres du Sud à l'austère grisaille des navires militaires peuplant sa rade.

Également, par le biais de ce récit, l'auteur rend hommage au courage, à l'abnégation et à la volonté d'intégration des immigrés italiens venus chercher un avenir meilleur en France en ce début de 20ème siècle.

Alors, sans hésitation, embarquez-vous pour ce roman magnifique en partance pour les couleurs et la lumière des terres de Provence.

Quel bonheur ce fut pour moi de lire ce texte si bien écrit. La description des effets du Mistral sur la mer (pages 129-130) m'a mis l'accent à l'oreille, cet accent provençal si chantant. Et cette promenade (pages 185 à 187) le long de l'Eygoutier, ce fantasque fleuve côtier connu des gens du cru comme la « Rivière des amoureux », quel plaisir !
Mais, ne nous y trompons pas, comme le titre le laisse présager, il ne s'agit pas d'une bluette : transporté en rade de Toulon en 1919, on se trouve embarqué dans une histoire de vengeance où les gentils ont leur part d'ombre et les méchants leurs faiblesses. Sans être stricto sensu un roman policier, l'auteur ne lésine pas sur les fausses pistes qui maintiennent le lecteur en haleine jusqu'à la fin.
J'ai beaucoup apprécié les évocations sociales et historiques dont l'auteur n'est pas avare, que ce soit la restitution de l'ambiance du quartier au début du siècle dernier, la condition des ouvriers et des marins, la situation des migrants italiens ou l'évocation de temps plus anciens : la chiourme de Louis XIII et les galères royales.
Vous ne connaissez pas Christian Peron-Debarbieri ? Vous allez être surpris…, en bien !