Xavier Laurent Petit nous propose un conte moderne avec de vrais méchants, nationalistes, passeurs sans scrupule et autres esclavagistes. Il nous ouvre les yeux sur l'existence sordide que mènent en France les clandestins roms, ceux-là même que nous préférons ne pas voir quand ils mendient à nos pieds. de bidonvilles, en hôtel borgne, en passant par les couloirs du métro, Ciprian, Oliver Twist moderne, apprend à survivre comme au temps de Dickens. Pour faire bonne mesure, il va trouver sur sa route des adjuvants de taille pour le sortir de l'ornière. Mais alors que nous nous croyons d'emblée à la noirceur des trafiquants et à la misère insondable que connait la famille d'ursari, les personnages de Madame Baleine et de Monsieur Enorme, nous paraissent caricaturaux et irréalistes, pétris qu'ils sont de bonnes intentions et d'intérêt pour autrui. Pourtant, il existe bel et bien une solidarité chez les joueurs d'échecs et c'est d'une histoire vraie que s'inspire ce roman. Fahim, un jeune bangladais de 11 ans qui se trouvait dans la plus grande précarité, a bel et bien été accueilli et entraîné par le club d'échecs de Créteil et a remporté le titre de champion de France pupille en 2012, puis sa régularisation. Il raconte son histoire à travers un livre témoignage Un roi clandestin.
Si chacun des membres de la famille de Ciprian, illustre les difficultés d'intégration que peuvent connaître les migrants, de la grand-mère qui préfère mourir dans son pays, à Véra, la jeune soeur qui a du mal à s'astreindre aux règles de l'école, on voit aussi à l'oeuvre le service public, la police bien sûr, mais aussi une travailleuse sociale dépassée, des pompiers et un personnel soignant efficaces et surtout deux beaux portraits d'enseignants très motivés. En somme, une lecture qui remue et qui donne envie de se montrer plus généreux, plus ouvert. Enfin, la couverture m'a permis de découvrir la belle série de photos de Laurent Chéhère Flying houses.