Très beau livre, Personnage principal assez drôle par sa façon d'exprimer la réalité. le thème des échecs est bien abordé.
Livre envoutant.
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Mon tout premier Xavier-Laurent Petit ! Au bas mot, ça fait deux ans qu'on me parle de cet auteur dont tous les libraires jeunesse sont friands. Voilà deux ans que j'ai l'intention de le lire – dès que j'ai du temps, promis !
Une bonne chose de faite.
Enfin je crois.
Je dois dire que je suis un peu déçue de cette lecture. Compte tenu du bien que j'ai entendu, je m'attendais à mieux. Ce qui m'a dérangée ? Le manichéisme.
Le narrateur est un jeune roumain qui vient d'arriver en France avec sa famille. Évidemment, ils ne sont pas en règle : ils sont venus dans l'espoir de refaire leur vie et de rembourser leurs dettes. Car le père de Ciprian est un Ursari – un dresseur d'ours. Autrement dit, ce sont des parias. Et voilà qu'on vient d'incendier leur voiture ! La mafia leur propose un marché : on vous paye le billet pour la France (où on peut devenir riche en un clin d'oeil, c'est bien connu), vous travaillez pour nous, et une fois que vous aurez tout remboursé, vous n'aurez plus jamais d'ennuis. Refusez et vous le regretterez.
Pas le choix : il faut déménager.
Vera, Cip et toute la famille « travaillent » avec ardeur – en vain à cause de la course aux intérêts. C'est alors que le jeune protagoniste assiste à une partie d'échec. Fasciné, il passe l'après-midi aux jardins du Luxembourg pour essayer d'en comprendre les règles – sans succès. Alors il revient le lendemain. Puis le lendemain. Puis le lendemain. Et les joueurs remarquent sa présence, et ce sont deux mondes qui s'entrechoquent.
J'aime beaucoup la littérature jeunesse. Au travers d'une histoire « pour enfants », les auteurs éduquent le lecteur, cherchent à faire évoluer sa pensée ou l'informent – cet enjeu pédagogique, presque absent de la littérature blanche, est à mes yeux une valeur ajoutée au genre.
Mais là c'est un peu trop. le maquillage est trop visible : j'ai profondément ressenti une volonté de Xavier-Laurent à montrer que les Roms sont de gentils êtres humains manipulés par de méchants mafieux et confrontés à de méchants Français racistes. Heureusement qu'il existe de riches et puissants Français altruistes et bien conscients des problèmes des pauvres immigrés…
Le problème n'est pas de dé-diaboliser les étrangers, au contraire ! J'ai simplement trouvé les ficelles grossières. Ai-je trop d'années sur mon compteur pour pouvoir apprécier pleinement ce livre ? Est-ce simplement que Xavier-Laurent Petit n'est pas un auteur pour moi ?
Toujours est-il que j'ai une dent contre des personnages aussi idéaux que Monsieur Énorme et Madame Baleine. Ces deux-là, appartenant clairement à la haute société, n'en sont pas moins profondément altruistes et salutaires. Parfaitement conscients de leur statut privilégié de riches, comme le prouve cette phrase de Madame Baleine : « Ils crèvent de faim quand nous on crève de fric » ; ils ne correspondent pas à l'image que je me fais de ces personnes. Riches, on ne l'est jamais assez. Qui a suffisamment de recul sur sa fortune pour admettre en avoir trop ? Qui a assez de recul sur les réalités sociales pour tendre la main à un immigré qui regarde en cachette des parties d'échecs dans les jardins du Luxembourg ? Puisqu'ils aident Cyprien, pourquoi pas tous ceux qui font la manche ? Pourquoi cet enfant-là et pas un autre ?
Non, décidément ce duo est trop parfaitement gentil pour être réaliste.
Et malheureusement, ça m'a gênée dans ma lecture. Les personnages sont simples, classiques, tout comme l'est la trame du récit – j'ai vu la fin venir bien en amont. Je me suis agacée de ces méchants mafieux qui veulent asservir des familles innocentes (avec un grand sourire et beaucoup d'hypocrisie), de ces pauvres victimes qui font ce qu'elles peuvent pour rembourser – course aux intérêts perdue d'avance ! – et de ces Roumains racistes qui n'accordent que leur mépris à la famille de Ciprian parce que ce sont des Ursaris.
Cependant, c'est étrange de voir des personnes habituellement soumises aux préjugés faire preuve à leur tour de racisme – et de manière encore plus prononcée. Les Français apparaissent peu. Ils se tiennent à l'écart de ces humains non désirés qui s'entassent dans la misère et préfèrent fermer les yeux sur leurs conditions de vie. La télévision aide bien : ils arrivent par centaines de milliers, débarquent en bateau, en voiture, à pieds, c'est BEAUCOUP TROP. Mais qu'est-ce qu'ils viennent chercher là, en France ??
Eh bien, peut-être une vie. Peut-être n'ont-ils pas le choix.
Toujours est-il que c'est agréablement surprenant de voir le racisme changer de sens.
On va pas se mentir : même si cette lecture fut loin d'être un coup de coeur, je trouve que c'est une bonne chose que d'aborder ces problématiques avec la jeunesse. Assez peu d'auteurs prennent le risque d'évoquer des sujets de société pour que les quelques audacieux méritent d'être salués.
Je regrette de n'avoir pas accroché.
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La vie d'un jeune rom qui arrive en France après un épisode douloureux en Roumanie d'où il a fui. Sa fascination pour le jeu d'échecs va lui ouvrir des portes et lui faire rencontrer des personnages improbables, certains généreux, d'autres cyniques et dangereux. Une grande tendresse pour les personnages, le problème rom posé avec acuité, sans misérabilisme.
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Comme d'habitude, XL Petit ne m'a pas déçue. Pourtant je n'avais pas envie de lire ce roman dès sa parution: pas envie de lire un texte moralisateur ou culpabilisant sur le terrible sort de cette population Rom dont personne ne veut. Mais j'ai cédé à la pression de ma libraire et elle a bien fait de me conseiller cette lecture. On passe du rire aux larmes sans jamais sombrer dans le pathos. Certes, certains personnages ne sont pas crédibles, comme je l'ai lu dans un commentaire, mais n'oublions pas que c'est une fiction même si elle s'appuie sur des faits réels. Une fiction qui se lit d'une traite tant le style de l'auteur est agréable. Un vrai coup de coeur!
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Ciprian a la chance de "tomber" sur les bonnes personnes : Madame Baleine (Martha) qui descelle son incroyable talent pour les échecs, Madame Beaux-yeux qui va lui apprendre à lire et écrire, Monsieur Fil-de-fer qui va devenir son coach pour les échecs et Monsieur Enorme dit aussi "L'empereur Sigismond" qui va les "dépanner" lui et sa famille de bien des tracas... Rien que ces noms de personnage sont intéressants... Ils traduisent la réalité de ceux qui débarquent dans un pays comme la France dont ils n'ont comme repère la richesse supposée de ses habitants.
Sinon, j'ai beaucoup apprécié ce livre et je vous renvoie aux autres critiques pour creuser un peu plus le sujet.
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Ciprian est le fis d'un Ursari, c'est-à-dire d'un montreur d'ours. Rejeté partout en Roumanie, ils sont approchés par deux hommes qui proposent de leur avancer le voyage pour partir en France. C'est en réalité deux membres d'une mafia, une fois dans la banlieue parisienne celle-ci les gardera sous sa coupe via d'autres représentant et les obligera à tous travailler pour eux (vol, mendicité, etc). Mais au cours d'une de ses journées de travail Ciprian va tomber sur les joueurs d'échecs en plein air du jardin du Luxembourg et apprendre à jouer uniquement en les observant. Malheureusement cette nouvelle passion va vite être contrariée par Karoly, le chef de la mafia locale, qui s'inquiète qu'il ne rapporte plus d'argent. Il menace Ciprian de s'en prendre à sa famille et agresse sa grande soeur. Dès le lendemain Karoly est retrouvé assassiné ce qui attire la police sur le camp, entraîne son démantèlement et l'arrestation de son grand frère qui sera reconduit à la frontière. Cette disparition fera sombrer leur mère dans la folie. Ciprian de son côté fait de belles rencontres grâce aux échecs, elles seront même décisives, lui permettront d'aller à l'école, de s'entraîner aux échecs et même de participer à un tournoi.
Un roman bien écrit, prenant, fluide. le sujet est intéressant et les personnages attachants.
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Bien que plutôt sympathique et agréable à lire, j'ai trouvé l'histoire peu originale. J'ai l'impression d'avoir lu et relu des histoires d'enfants sauvés par leur talent insoupçonné.
Les personnages sont tout de même bien campés et ce livre a le mérite de ne pas occulter la vie quotidienne de ces Roms : trafics, vols, bidonvilles, menaces... sans pour autant les dépeindre comme de dangereux délinquants.
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