Le titre de cet ouvrage
Je pense trop, comment canaliser ce mental envahissant? de
Christel Petitcollin peut porter à confusion.
Certes l'autrice propose quelque pistes pour organiser ses pensées foisonnantes, mais là n'est pas le coeur du sujet.
Illustré de nombreux exemples concrets, l'ouvrage dépeint le quotidien des personnes « surefficientes », dotées d'un cerveau « hyperesthésique », à savoir d'une acuité sensorielle exceptionnelle. Il me semble que les psychologues parlent dans ce cas d'« hypersensibilité » ou de « haut potentiel émotionnel » (HPE), ces personnes étant notamment caractérisées par une réflexion foisonnante, une empathie exceptionnelle et une forte sensibilité sensorielle et émotionnelle. Une sensation de « décalage » avec « les autres », engendrant incompréhension et souffrance, vient hélas ternir le tableau.
L'autrice établit une distinction entre les deux hémisphères du cerveau, le gauche étant le siège de la pensée rationnelle, linéaire, méthodique, verbale et numérique, le droit celui de la créativité, de l'humour, de l'intuition voire de l'instinct. Les cerveaux « surefficients »(15 à 30%) ont une prépondérance de l'hémisphère droit, et une pensée « en arborescence », et des connexions neuronales différentes du reste de la population. Les différences de fonctionnement sont parfois suffisamment conséquentes pour donner l'impression de « venir de planètes différentes ».
Le clivage est-il aussi net ? Y a-t-il, comme
Christel Petitcollin le laisse entendre, d'un côté les loups et de l'autre les agneaux, les vilains petits canards au milieu des cygnes ?
L'autrice explique les concepts de « faux self » et de « théorie de l'esprit », permettant à l'individu de s'adapter aux situations en en comprenant l'implicite, c'est-à-dire le non-verbal.
Elle suggère aussi des stratégies pour « vivre mieux » avec un mental envahissant, par exemple désamorcer le stress induit par une situation en l'associant à un état interne agréable (processus dit d' « ancrage »).
Une partie du livre établit un pont avec son précédent ouvrage (intitulé Échapper aux manipulateurs), en expliquant pourquoi les personnes mentalement surefficientes sont nécessairement les proies de pervers narcissiques. Bien qu'argumentée, cette généralisation me paraît abusive.
L'autrice n'étant ni psychologue ni psychiatre, il conviendra peut-être de confronter ses assertions à un point de vue plus scientifique/médical. Mais Je pense trop est un ouvrage de développement personnel intéressant et didactique, qui parlera assurément aux « cerveaux bouillonnants », aux « trop sensibles », aux émotifs, aux susceptibles, aux personnes anxieuses de ressentir un « décalage » ou fatiguées par un sentiment d'ajustement permanent.