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EAN : 9782603001332
370 pages
Delachaux et Niestlé (11/04/1991)
4.67/5   3 notes
Résumé :
L'intelligence apparaît avec le langage : au berceau déjà, l'enfant témoigne d'une activité sensorielle et motrice extraordinaire qui, dès la fin de la première année, présente tous les caractères de la compréhension intelligente. L'auteur divise l'acquisition de l'intelligence par l'enfant en différents stades qui sont d'abord des adaptations sensori-motrices élémentaires constituées par des réflexes (la succion par exemple) et les premières adaptations acquises. P... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Pour Piaget, l'étude des mollusques (qu'il a mené en détail), montre que l'explication la plus valide de l'évolution est celle où l'adaptation héréditaire suppose une action du milieu et une réaction de l'organisme, une sorte de mécanisme sui generis qui met l'individu en lien avec son milieu. L'intelligence serait une forme supérieure d'adaptation, liée au progrès de la raison, comme une forme toujours plus poussée de conscience. L'intelligence est alors une recherche d'adaptation toujours plus poussée entre le sujet et l'objet, l'existence même, dans une continuation de l'adaptation biologique.

De ce fait, ni l'empirisme qui prétend que l'intelligence est l'impression sur l'individu d'une habitude provenant du milieu extérieur, ni l'intellectualisme qui pose que l'intelligence est déjà toute donnée d'avance et se structure d'elle-même de l'intérieur, ni l'apriorisme qui suggère qu'elle se structurerait au fur et à mesure des contacts avec le milieu extérieur, ni non plus le pragmatisme qui propose que l'intelligence progresse par tâtonnements et essais sur une sélection du milieu extérieur ne résolvent les apories que représente la manière dont un sujet progresse dans la connaissance du monde extérieur. C'est une cinquième voie qu'il faut suivre, qui insinue l'intention de l'individu dans son insertion dans le milieu extérieur ce qui limite l'intervention du hasard (pragmatisme), la structuration de l'intelligence par elle-même (intellectualisme et apriorisme) et le rôle exclusif du milieu extérieur (empirisme). le développement de l'intelligence, en tant qu'adaptation, suit un même modèle que l'adaptation biologique.

Mais il faut encore expliquer comment agit cette intention chez des enfants de quelques mois, quelques jours, qui, sans doute, n'ont pas recours à la conscience ou à la volonté. C'est là que Piaget reprend, un peu arbitrairement, dans son introduction, des invariants fonctionnels, à Hoeffding, en prétextant que la structure de l'intelligence ne peut être mise à jour avant la fin du processus adaptatif et que l'étude des fonctions y mènent. L'adaptation est donc formée d'une fonction assimilatrice (on "ingère" un "aliment" pour "nourrir" le processus adaptatif, c'est donc un besoin, mais né d'un lien avec la réalité, non pas un besoin par avance, idéal ou intellectuel) et d'une fonction d'accommodation (le milieu fournit des "aliments" différents, nouveaux, surprenants, qui s'"assimilent" mal et qui requièrent une "accommodation" du schème assimilateur - les "aliments" trop différents de ceux requis par le schème assimilateur ne sont pas reconnus). L'enfant progresse donc petit à petit vers l'intelligence, qui est invention (accommodation rapide grâce à la représentation), dans une évolution que Piaget scinde en six stades.

Le schème assimilateur étant donné, c'est le réflexe qui est une assimilation sans accommodation (ou alors où l'accommodation se confond avec l'assimilation). Puis les réactions primaires (>3 mois) et secondaires où l'assimilation et l'accommodation commencent à se différencier : chercher la lumière nécessite une accommodation dont le spectacle du tableau lumineux est l'assimilation. Puis, l'enfant cherche de lui-même ce qui satisfait son besoin assimilateur (recherche du hochet pour le son qu'il produit quand il est hors de sa vue). Il s'agit toujours de finalité rapportées aux sensations, au corps propre (son, image, nourriture, etc.).

Au quatrième stade (8-9 mois), l'enfant combine les schèmes entre eux et différencie la fin et le moyen. Il veut atteindre un objet et puise dans ses connaissances de schèmes (préhension, secouer, frapper, etc.) pour atteindre son but. le cinquième stade (10-12 mois) est celui de la réaction circulaire tertiaire où l'enfant découvre des moyens nouveaux par expérimentation. Un bâton ou une peluche trop grosse à passer entre les barreaux du parc : ça bloque, ça marche par hasard, il veut reproduire ce hasard, saisit un mouvement, le reproduit mal, puis mieux et finalement, retient le mouvement à effectuer. Personne n'avait montré d'abord à l'enfant comment faire. C'est là que naît l'intelligence, une intention de combiner des schèmes entre eux dans un but précis quitte à les accommoder par la volonté.

Au 6ème stade (15-16 mois), les enfants inventent avant d'avoir expérimenté. Lucienne (nous sommes dans les années 30), met une chaîne en boule pour la mettre dans un récipient, après un seul essai infructueux où elle lâche l'extrémité de l'objet quand un bout de l'autre seulement y est entré (et ressort puisque la chaîne tombe à côté). Laurent prend un bâton pour rapprocher un bout de pain sans l'avoir fait avant, etc. Il ressort que l'invention n'est qu'une adaptation plus rapide, fulgurante, mais non différente en nature. Plutôt que d'essayer vingt fois avant de réussir, l'enfant se représenterait par avance le résultat (ouvrir la porte va cogner contre la chaise, etc.). La représentation est donc nécessaire à l'invention.

Dans sa conclusion, Piaget en revient une troisième fois (ou quatrième) aux cinq hypothèses sur l'adaptation et confirme par une nouvelle argumentation que la cinquième répond le mieux aux problèmes posés.

Le texte est très précis et on apprécie les innombrables relations d'expériences menées (sur les pauvres Jacqueline, Laurent et Lucienne, qui auront beaucoup été mis à contribution de leur naissance à leurs 18 mois), mais on en reste à l'idée que l'ensemble du texte est l'application d'une thèse initiale : l'adaptation est une double fonction invariante de l'être humain (ou de l'être vivant), à savoir l'assimilation et l'accommodation. Bien sûr, cela marche bien, mais on attend la fin du processus adaptatif pour savoir, comme il était indiqué en introduction, ce qu'est cette structure intelligente que permettent d'aborder les fonctions invariantes. On regrette aussi que le langage ne soit pas seulement évoqué dans le texte (les enfants ont 18 mois à la fin). L'ensemble semble en accord avec les théories bergsoniennes de l'évolution créatrice où l'adaptation requiert une intention des individus (échange non refusé si quelqu'un a des arguments pour ou contre...).

Pour le reste, pas grand chose à dire... beaucoup de travail et de minutie à le rapporter, étape par étape... on voudrait en savoir plus : et après ?....
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il existe une intelligence sensori-motrice ou pratique, dont le fonctionnement prolonge celui des mécanismes de niveau inférieur : réaction, réflexes, et, plus profondément encore, l'activité morphogénétique de l'organisme lui-même. Telle est, nous semble-t-il, la principale conclusion de la présente étude.
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l'intelligence constitue une activité organisatrice dont le fonctionnement prolonge celui de l'organisation biologique tout en le dépassant grâce à l'élaboration de nouvelles structures.
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C'est grâce à la représentation que l'assimilation réciproque peut demeurer interne au lieu de donner d'emblée lieu à des tâtonnements empiriques. C'est donc grâce à la représentation que l'"expérience mentale" succède à l'expérimentation affective, et que l'activité assimilatrice peut se poursuivre et s'épurer sur un plan nouveau, distinct de celui de la perception immédiate ou de l'action proprement dite.
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dès les conduites réflexes et les comportements acquis greffés sur elles, on voit surgie des processus d'incorporation des choses aux schèmes du sujet. Cette recherche de l'aliment fonctionnel nécessaire au développement de la conduite et cet exercice stimulant de la croissance constitue les formes les plus élémentaires de l'assimilation psychologique.
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l'intelligence est une adaptation.
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Video de Jean Piaget (2) Voir plusAjouter une vidéo

Comment l'intelligence vient aux enfants
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