La guerre, cette honte de l'humanité, a plusieurs visages. Celui de l'exode est pitoyable : c'est la peur, la fuite éperdue devant "l'ennemi". La peur qui vous tord les tripes, vous fait tout abandonner, et partir droit devant vous jusqu'à l'épuisement. Il est des cas dramatiques : des vieillards qu'on laisse en route parce qu'ils ne peuvent plus suivre, des enfants qui ont perdu leurs parents .... Des malades, des blessés qui restent sur le bord du chemin, attendant un secours problématique.
Les réfugiés ? Ils viennent de partout, certains arrivent de la frontière belge, du Nord, de la Somme, des pays envahis. Leurs maisons, leurs fermes ont été détruites, brûlées. Et chacun de se révolter ou de pleurer sur ce que fut sa vie.
La Débâcle et l'Occupation
" Tu connais les grenades anglaises quadrillées , celles à cuillère , a-t-elle commencé ,qui ressemblent assez aux OF d'à présent que tu dégoupille avec les dents ... "
Et May entreprit , gestes à l'appui , de me faire une démonstration . Elle m'expliqua comment elle s'en était procuré une . Comment elle s'était procuré aussi un emballage de parfum de grande maison ; Comment elle avait envoyé son cadeau explosif à l'ambassade américaine . Elle y avait joint des tracts expliquant l'affaire Sacco et Vanzetti .
" Tu comprends , m'a-t-elle raconté , il suffisait de tirer le crochet et pfuitt ... ça dégoupillait la grenade en même temps .
De Bernard Thomas : dans sa préface à May la réfractaire .
Je suis écœurée, malade de toutes ces douleurs, de toutes ces horreurs ... Ma gorge se noue, mais au lieu de larmes, c'est la rage qui monte et m'envahit. Je hais les fauteurs de guerres, les responsables, quelle que soit leur nationalité, ou leur rôle. Hommes d’État, capitalistes, fabricants d'armes, que ce soit un Krup, un de Wendel, un Zaharoff, qui bâtissent leur énorme fortune par la mort de millions d'hommes ....
La Débâcle et l'Occupation
Je hais les hommes d'Etat qui considèrent qu'une guerre est le seul moyen de détruire dans l'oeuf des mouvements sociaux, inévitables, quand la misère est telle que les victimes ne peuvent même plus réagir et s'abandonnent à la fatalité, et par conséquent le seul moyen d'éviter toute révolution et même toutes réformes d'envergure et de sauver les fortunes et privilèges acquis.
La Débâcle et l'Occupation
On dit et on écrit que la guerre est la seule solution pour résoudre les crises.
Elle permet de liquider les stocks d'armement, de matières premières, et aussi le stock de matériel humain rejeté du travail.
Quelle honte ! Quelle infamie !
La Débâcle et l'Occupation
Écoutez May Picqueray, un film de Bernard Baissat, 1983. 2/2