Il y a plusieurs années j'avais abandonné la lecture de ce livre, trouvé indigeste, et difficile à lire. Mais il est des abandons qui me laissent un goūt amer, qui me font penser que je suis passé à côté de quelque chose...
J'ai donc repris ce livre et très vite, j'ai compris pourquoi je ne l'avais pas terminé : il débute d'une manière qui m'a parue chaotique : l'auteur énumère une série de faits difficiles à relier entre eux, Citons :
Premier fait
« La deuxième loi sur le rendement de l'énergie sera établie avec suffisamment de clarté pour les objectifs présents si nous disons qu'une seule et même quantité d'énergie ne peut être utilisée qu'une seule fois. ... »
Ici déjà, j'ai dû relire à plusieurs reprises le paragraphe d'où est extrait ce passage mais ma perplexité augmente quand arrive le second fait :
Deuxième fait
« C'était dans la ville de Moscou, cela avait commencé pendant la première année de la révolution. Un professeur d'histoire et d'histoire de l'art, Alexandre Vassiliévitch Tchaadaiev avait acheté durant un séjour en Égypte la momie d'une des femmes d'un pharaon... »
Et je n'en suis qu'à deux extraits de la première page de ce court récit (83 pages).
Je me suis accroché néanmoins et ai terminé ma lecture. Je n'oserais vous dire que j'ai tout compris ; le livre est truffé d'allégories et de symboles notamment dans ce passage :
“... et alors il apparut, il devint physiquement évident que dans le monde, á cet instant, eux seuls, Moskva et le soleil , étaient immobiles,
il fut physiquement évident que le soleil était immobile et que la terre, la mer, les éboulis, les montagnes, les forêts frémissaient ...”.
Je continue à éprouver des difficultés pour interpréter cet épisode. Si vous avez lu le livre, je serais curieux de découvrir votre vision...
La rédaction de cette critique est en cours depuis plusieurs semaines, et m'a poussé à relire plusieurs fois des extraits du livre !
Certains thèmes sont récurrents : - le progrès de la science et de l'industrialisation, on y trouve de belles pages sur l'avion, les mines de radium, élément qui illustre un autre thème important et omniprésent : l'énergie, et notamment l'énergie dégagée par le radium mais aussi celle émanant de la momie égyptienne. L'énergie est célébrée mais en même temps elle peut être destructrice :
« Le radium ! L'énergie du monde mise à nu ! Là où naît le radium (fait inconcevable!) — là où naît le radium rien ne vit, rien ne pousse, car les convulsions de l'homme, en s'amplifiant, apportent la mort. «
Que dire aussi du style :
- de nombreuses répétitions rythment le récit, l'auteur utilise plusieurs mots savants, des mots anciens, des paroles dialectales (du groupe ethnique komi)
- Utilisations nombreuses de tirets, de trois points, de mots en majuscule, d'espaces entre les lettres d'un mot
- Ceci combiné avec un alignement désordonné des paragraphes dans la mise en page.
Lecture difficile, dérangeante mais qui continue à m'interpeller et je suis satisfait de l'avoir reprise. Je la reprendrai sans doute encore pour chercher à en comprendre toutes les clés
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C'est alors que s'accomplit l'incroyable, le fait le plus essentiel de la vie d'Ivan Moskva.
A gauche, dans la mer, les nuages éclatèrent en un brasier pourpre tout près des montagnes. Invisibles jusqu'alors, les montagnes autour de Soudak surgirent des ténèbres bleues. Une gigantesque ombre bleue s'étendit au-dessus de la terre et de la mer. Cette ombre bleue frémit, se déplaça, le brasier d'or, marchant de sommet en sommet, le poursuivit. Le brasier d'or tomba des nuages sur le sommet de l'Al-Pétri.
... et alors sur la mer, sortant de l'eau, un fragment de soleil triomphant, funeste, couleur de pourpre froide, apparut au-dessus de l'eau. Ce fragment s'arrondit, s'éleva, éclata dans la mer en milliards d'éclaboussures. Une minute après, l'ellipse pourpre était au-dessus de l'eau. ...
... et alors il apparut, il devint physiquement évident que dans le monde, à cet instant, eux seuls, Moskva et le soleil, étaient immobiles ; il fut physiquement évident que le soleil était immobile et que la terre, la mer, les éboulis, les montagnes, les forêts frémissaient, vacillaient, se déplaçaient de droite à gauche et s'écartaient du soleil en oblique vers le bas : les montagnes, les éboulis, les plaines s'abaissèrent. Un craquement résonna dans son cerveau surmené, il lui fallait écarter les jambes, prendre appui pour ne pas tomber... de la terre qui bougeait :la terre vacillait sous Moskva, seul Moskva et le soleil étaient immobiles.
Ce n'était pas une chose sue, mais perçue.
C'était en l'année vingt-deux, l'année du choix des chemins, Ivan comprit alors que la révolution, ce n'était pas ce que l'on faisait, mais comment on le faisait.
La pré-existence d'Ivan Moskva vit le jour dans un village zyriane, auprès d'un père chasseur, trappeur, pêcheur, parmi les coutumes du bout du monde et dans des contrées où l'on ne connait pas la roue.