[Commentaire identique pour le tome 1 et le tome 2]
On est au Texas, proche de la frontière mexicaine, aux alentours des années 1950, l'ambiance est entre le road trip et le polar noir, tendance sordide et glauque. le graphisme est agressif, anguleux, très coloré, les contrastes violents accentuent la chaleur étouffante de cette région, le soleil qui tape fort, la soif inévitable, le sang qui sèche rapidement… Les traits sont durs, les personnages sont plutôt laids, labourés de rides, striés d'ombres sèches, les regards creusés au burin, méfiants, ici, personne n'aime personne.
Une scène de course poursuite sur les routes du désert en grosses bagnoles américaines qui se déroule plutôt vers la fin du récit introduit cette bande dessinée, on comprend vite à quoi s'attendre. On va découvrir ensuite comment on en est arrivé à ce final. Un gang local prépare un gros coup, aidé par la police corrompue, mais une petite frappe de retour au pays effectue un braquage de son côté, c'était pas prévu, et ça va mettre une pagaille dans l'organisation.
Magouilles, lutte de pouvoir, histoires de famille, inceste, tout le monde se tire dans les pattes, à fond dans tout ce qu'il y a de plus crasseux, mieux vaut laisser tes états d'âmes au fond d'un trou dans le désert.
On y trouve de nombreux clins d'oeil aux comics et au cinéma, les westerns, le pulp rétro, ceux des années 50, noir et clinquant à la fois, comme le graphisme. le montage du récit est assez tordu, plusieurs flashbacks emmêlés nous amènent à nous poser des questions, à vouloir comprendre cet imbroglio, un désordre apparent qui transcende les tensions entre tous les antagonistes, tous plus tordus les uns que les autres. Mais surtout, on a affaire à un récit haletant, violent et échevelé, du rythme, de l'action, une fureur de vivre, entre esprit étriqué obnubilé par l'argent et grands espaces, envies d'évasion, ça fait des étincelles.
C'est une découverte réjouissante, une bande dessinée sortie en 1991 dont je n'avais jamais entendu parlé, heureux de l'avoir enfin découverte, honteux d'être resté trente-deux ans dans l'ignorance de son existence. Les deux auteurs ont par la suite renouvelé leur collaboration, il va falloir que je me lance à la recherche.
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Michel Pirus en interview pour planetebd.com .La trilogie du Roi des mouches vient de se terminer chez Glénat, sous la houlette de Michel Pirus et Mezzo. Ces deux auteurs ont livré là une chronique sociale violente et malsaine, à la limite de l?OVNI, qui réclamait de creuser le débat en interview. Nous avons rencontré le scénariste, Michel Pirus, un scénariste tout à fait équilibré, qui boit même de la bière, c?est dire s?il est normal. Volubile, Pirus a essayé de nous décrypter les intentions et le processus d?écriture de cette série clairement pour adultes, dans la veine des ?uvres de Charles Burns. Partez à la rencontre d?un auteur qui pense que la friction des mots produit indubitablement de l?énergie et qu?on ne fait pas de bonne fiction avec de bons sentiments?
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