Ça m'apprendra à acheter des essais sans vérifier la date de publication... Je pensais avoir affaire ici à un nouveau livre sur l'histoire politique américaine. Mais en le commençant, je me rends compte qu'il a été publié en 2003... pendant le premier mandat de Bush fils! Qu'est-ce qu'il faisait encore sur les tablettes du libraire?
Ce n'est pas un mauvais livre, on apprend certaines choses sur les contradictions inhérentes à la société américaine (qui découlent notamment de l'impossibilité de concrétiser entièrement les principes de la Constitution). Mais quand même, il s'est passé certaines choses depuis Bush...
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Dans d'autres pays, il a suffi que les dictateurs locaux assurent de leurs convictions anticommunistes pour recevoir un brevet de démocratie et que leurs actions répressives soient jugées conforme aux Droits de l'homme. Les exemples sont nombreux et variés, depuis le dictateur Batista à Cuba jusqu'à ses comparses du Guatemala, du Honduras ou de Saint-Domingue.
Le sénateur McCarthy n'est pas sorti du néant, il a su naviguer au sein de son parti pour diriger une importante commission, mais il n'a enfreint aucune des règles qui permettent d'y parvenir. De la même façon, la HUAC (House Un-American Activities Committee, commission des activités non-américaines) établie en 1937 a été renouvelée régulièrement par la Chambre sans provoquer de protestations.
Finalement, les habitants des Etats-Unis ont perdu le sens profond d'appartenance à la nation, et le ralliement autour du drapeau après les attentats du 11 septembre 2001 est plus une prophylaxie qu'un signe de fermeté et de conviction collective. Or les valeurs américaines - qui ont servi jadis à l'américanisation de millions d'immigrants - ne peuvent survivre dans leur plénitude si la communauté nationale reste divisée en multiples groupes dont les membres ne se réunissent que dans la consommation ou dans l'admiration des prouesses individuelles.
La diabolisation de l'adversaire est une constante du débat politique aux Etats-Unis comme ailleurs, mais elle y connaît une intensité particulière. La dénonciation stridente des sorcières de l'époque coloniale, celle des abolitionnistes et du complot esclavagiste à la veille de la guerre de Sécession, comme la violence antisyndicale de la fin du XIXe siècle, ou la notion même d'activités non américaines illuminent cette spécificité de l'histoire de ce pays.
Jacques Portes - La véritable histoire de l'Ouest américain