Je suis bien embêtée à l'écriture de ce billet car j'étais persuadée que j'allais aimer ce livre, étant donné l'emballement à son sujet auquel on assiste… partout ! Malheureusement, ma réalité est toute autre, puisque je me suis légèrement forcée à aller au bout. Définitivement rien de plus subjectif que la littérature ! Mais je vais trop vite, reprenons calmement.
Maria Pourchet nous présente ici
Feu, son sixième roman, qui retrace l'histoire d'une femme
adultère avec un homme banquier et célibataire de la défense. Bref, la liaison extraconjugale comme on l'a vue dans de multiples romans, de
Flaubert à
Paolo Coelho (c'est dire la palette !) en passant par les excellents Femme au foyer (le meilleur que j'aie pu lire sur l'
adultère féminin), Belle de jour ou Isabelle, l'après-midi. Beaucoup d'auteurs se sont lancés sur le sujet et force est de constater que l'on connaît aujourd'hui bien les tenants de ce genre de romans : passion dévorante, dangereuse, asphyxiante, passant de vivifiante à totalement mortifère.
Feu n'échappe pas à la règle.
Deux protagonistes : Laure, enseignant-chercheur à la fac, et Clément, banquier dépressif vivant avec son chien qu'il appelle Papa. Début d'une idylle et de la vie autour qui s'effondre en miettes. Mais ce n'est pas vraiment ça qui marque le lecteur.
Feu marque davantage par son style très nerveux : phrases très courtes, assassines, acerbes. Jeux de mots et tournures noires. Violence des propos. Dès les cinq premières pages, je me suis retournée vers Tom la Patate pour lui dire « mon Dieu ce que l'écriture est nerveuse ! ». L'impression de lire « Jour. Nuit. Jour. Nuit » saccadé de microsecondes. Manifestement, cela a beaucoup plu aux diverses critiques littéraires.
Malheureusement, je n'ai pas apprécié l'exercice en tant que lecteur. Ce regard froid associé à des personnages clichés et pour moi, sans intérêt ni profondeur, avec des histoires auxquelles je ne crois pas, m'a laissée sur le bas-côté de l'autoroute.
Sans parler de la fin qui va trop loin dans le genre.
Lorsqu'on essaye d'exposer un point de vue sur un roman, on tente d'en analyser l'intrigue aussi bien que l'exercice littéraire auquel s'est adonné l'auteur. Je ne peux pas nier que
Feu est écrit, pensé et très clairement travaillé. C'est indéniable. Mais se pose la question de l'utilité du style. Là, il est au service de l'intrigue, puisque le but de cette nervosité est d'exploser. Ainsi, je dois reconnaître que
Maria Pourchet a réussi quelque chose.
Mais pour autant, les protagonistes sont mauvais, tellement dépassés par leur histoire qu'ils en deviennent invisibles, les faits pour la plupart inintéressants et l'histoire du chien ennuyeuse au possible. Finalement, je suis très contrariée de m'être autant ennuyée face à un livre si peaufiné. J'ai eu le sentiment que l'auteure se regardait écrire, que l'écriture s'admirait elle-même.
Mes excuses aux plus grands fans.
Jo la Frite
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