Roman du Disque-Monde : Un chapeau de ciel

.C'est une excellente femme qui fait une tourte viande-oignons pas mauvaise et qu'a toutes ses dents à elle. Je I'sais parce qu'elle me les a montrées. Son cadet lui a rapporté un dentier très chic qu'il a acheté dans la grande ville, et elle est rudement jolie avec ça. Elle a eu la gentillesse de me l'prêter un jour que je m'attaquais à un morceau de cochon coriace, et c'est un geste qu'on n'oublie pas.

- Bin, C'eut un gros waseau, rappela Guiton Simpleut.

.- Guiton, fit Rob d'un ton patient, je vos ai dit, rappeleuz-vos, que je vos ferais savwar quand vos aurieuz dû fermeu vot grande goule.

– D’après maîtresse Ciredutemps, tu dois apprendre que la sorcellerie consiste surtout à faire des choses ordinaires.
– Et vous êtes obligée de suivre ce qu’elle dit ? demanda Tiphaine.
– J’écoute ses conseils, répondit mademoiselle Niveau avec froideur.
– Maîtresse Ciredutemps est la sorcière en chef alors, c’est ça ?
– Oh non ! se récria mademoiselle Niveau d’un air scandalisé. Toutes les sorcières sont sur un pied d’égalité. On n’a rien qui ressemble à des sorcières en chef. C’est tout à fait contraire à l’esprit de la sorcellerie.
– Oh, je vois, fit Tiphaine.
– Et puis, ajouta mademoiselle Niveau, maîtresse Ciredutemps ne permettrait pas une chose pareille.

« C’EST À TOI ?» demanda la Mort à Tiphaine.
La voix grave retentit tout autour d’elle comme le tonnerre.
« Non. Euh... il est à lui.
— JE NE M’ATTENDAIS PAS À UN NAC MAC FEEGLE AUJOURD’HUI, dit la Mort. AUTREMENT, J’AURAIS PORTÉ DES VÊTEMENTS DE PROTECTION, HAHA.
— C’est vrai qu’ils se battent beaucoup, reconnut Tiphaine. Vous êtes la Mort, c’est ça ? Je sais que la question peut paraître bizarre.
— TU N’AS PAS PEUR ?
— Pas encore. Mais, euh... de quel côté est le vomitoire, s’il vous plaît ?»
Un silence suivit. Puis la Mort demanda, l’air déconcerté :
« ÇA NE SERAIT PAS UNE ESPÈCE DE VAUTOUR ?
— Non, répondit Tiphaine. C’est ce que tout le monde croit. En réalité, c’est la sortie. L’issue. »
La Mort montra une direction de la main qui tenait toujours un Rob Deschamps fulminant de rage.
« PAR LÀ. IL FAUT PASSER PAR LE DÉSERT.
— Jusqu’aux montagnes ?
— OUI. MAIS SEULS LES MORTS PEUVENT PRENDRE CETTE ROUTE.
— Va falwar me lacheu tôt ou tard, espaece de grand aechalas ! hurla Rob Deschamps. Et apreus vos alleuz vos praene une michante daerouyeu !
— Il y avait une porte, là ! dit Tiphaine.
— AH, OUI, fit la Mort. MAIS IL Y A DES RÈGLES, C’ÉTAIT UNE PORTE D’ENTRÉE, TU VOIS.
— Quelle est la différence ?
— IMPORTANTE, J’AI LE REGRET DE DIRE. IL FAUDRA QUE TU TROUVES LE CHEMIN TOUTE SEULE. NE T’ENDORS PAS ICI. LE SOMMEIL ICI NE FINIT JAMAIS. »
La Mort disparut. Rob Deschamps tomba sur le sable et se releva, prêt au combat, mais ils étaient seuls.
« Vos deveuz inventeu une porte de sortie, dit-il.
— Je ne sais pas comment faire ! Rob, je vous ai dit de ne pas venir avec moi. Vous ne pouvez pas sortir d’ici, vous ?
— Si. Sans doute. Mais je dwas vaeyeu sur vos. La kelda m’a imposeu un jahar. Je dwas soveu la michante sorcieure des collines.
— Jeannie vous a dit ça ?
— Win. Elle aetait cataegorique », répondit Rob Deschamps.
Tiphaine s’affaissa une nouvelle fois sur le sable. Qui monta comme un jet d’eau tout autour d'elle.
« Je ne sortirai jamais », dit-elle. Entrer, ça, oui, c’était facile...
[...]
À cet instant, la porte apparut et s’ouvrit.
Mémé Ciredutemps la franchit et fit un signe pressant.
« Y en a qu’ont plus la jugeote qu’elles avaient à la naissance ! Allez, viens tout d’suite !» ordonna-t-elle. Derrière elle, la porte commença à se refermer, mais la sorcière pivota sauvagement et colla son soulier contre le montant en criant : « Ah, non, pas d’ça, sale faux-jeton !
— Mais... je croyais qu’il y avait des règles !» dit Tiphaine en se levant et en se hâtant vers la porte, toute fatigue oubliée. Même un organisme épuisé tient à survivre.
« Oh ? Sans blague ? fit Mémé. T’as signé quelque chose ? T’as prêté un serment ? Non ? Alors, c’étaient pas tes règles à toi. Vite, maintenant ! Vous aussi, monsieur Després !»

"Hooo, des fées ! marmonna-t-elle.
- Ah, maetnant elle divague, dit Rob Deschamps.
- Non, elle veut parleu des faes comme les imaginent les jaeyants, rectifia Rudmaet Ch'tit Guillou. De toutes ch'tites craetures qui fontbdes brwits de clochaete, vivent dans les fleurs et volent en aebrachant les papiyons et tout.
- Quo? Ils ont jamais vu de vraies faes? Elles sont pires que les guaepes ! dit Grand Yann.