Donatello était sans maître. Son premier élan l'avait porté vers la nature qu'il étudiait, modelait, dessinait, ne cherchant pas à l'embellir, mais à la rendre scrupuleuse ment avec cette vérité qu'Ingres a appelée plus tard « la probité dans l'art. » Le voilà donc se prenant corps à corps avec la difficulté, pétrissant la terre, charbonnant les murs, n'aspirant à rien autre qu'être le reproducteur fidèle de ce qu'il voit, tel qu'il le voit.
Il est le premier sculpteur en date qui ait rompu avec l'art convenu; il est le premier qui ait tenté de faire de grande sculpture, sans continuer l'art grec; pour toutes les époques, il a résolu le problème de l'aire des chefs-d'oeuvre, eu suivant sincèrement le modèle. Il nous a donc paru que le meilleur prologue à l'émission de quelques idées personnelles était une étude de son oeuvre.
Accablé des travaux qui assaillent un maître, quand sa réputation s'établit, Donatello s'adjoint pour plusieurs oeuvres la collaboration d'un certain Michelozzo Michelozzi, sculpteur estimable qui sait son métier, artiste correct qui ne fait aucune faute, mais pompeux, solennel, qui laisse froid et qui n'a vu son nom sauvé de l'oubli que par son association avec le génie qu'il secondait.