Je suis un étranger Faites-en votre deuil
Je ne suis pas venu pour recommencer mon père
Ni m’enterrer vivant dans vos maisons prospères
Où mon frère jamais n’a dormi que d’un œil
Je regarde longtemps la vie et je la nomme
Je m’offre le mandat de flairer votre sang
Je suis ce qui demeure au milieu des passants
Je suis dans le néant l’ambassadeur de l’homme
Famille je vous laisse après toutes ces nuits
Qu’irais-je faire encor dans vos miroirs Me taire
Et laisser l’inconnu sur nos corps sans mystère
Se mesurer avec les spectres de l’ennui
Je ne veux pas savoir ce que sont devenues
Les choses de l’enfance et de l’amour défunt
La tombe de ma mère en garde le parfum
L’absence est une vieille aux mains tristes et nues
Europe mon asile de nuit…
Europe mon asile de nuit plein de plaies
Vaisseau gorgé de honte où le soleil décroît
Quand t'allègeras-tu des aigles et des croix
Qui t'ont longtemps caché les profondeurs plus vraies
L'avenir te déserte Europe Tu pourris
Dans le dernier orgueil de ta robe de veuve