Ma première histoire de France

Dans ma grande générosité – tu me connais – j'aide en ce moment mon cher papa à faire ses cartons, vu qu'il déménage dans deux jours.

(Oui, il s'y prend à l'arrache, mais c'est mon père, pose pas de questions.)

Et, forcément, je suis déléguée à la bibliothèque de ma chambre, qui n'a pas changé depuis mes huit ans.

Instant souvenirs et émotions, où je déniche un album photo rempli de gens que j'ai connus et qui sont morts, perdu entre tout plein de vieux livres que mes petites mains potelées ont jadis feuilletés avec avidité.

Pêle-mêle, on y trouve Caroline, Martine, la Comtesse de Ségur et bien sûr, notre dieu à tous :

Pierre Probst. Tadaaaa.

En l'occurrence « Ma première histoire de France », illustré par ledit Pierre Probst.

Je marque une courte pause pour signifier que Pierre Probst a ‘‘seulement'' illustré l'ouvrage, et non pas écrit aussi le texte, contrairement à ce que ça laisse à penser. C'est juste que l'auteur, Guy Lehideux – quel triste nom... –, s'est fait carotte et n'a pas droit de figurer en première de couverture, sous son illustre camarade. Mais ce doit être parce que Guy n'a pas de moustache.

Déjà, la couverture, elle claque. C'est un beau chevalier juché sur son destrier qui pose fièrement avant une bataille qui lui apportera gloire, fortune et sex-appeal, ou simplement la mort.

Si tu regardes la quatrième de couverture, on t'explique que cet ouvrage est une « superbe fresque destinée aux très jeunes enfants ».

Alors, je vais poser les choses tout de suite, je ne suis plus une très jeune enfant – j'ai regardé Alien sans me cacher les yeux, la preuve –, et pourtant, j'ai kiffé ma race, comme disent les jeunes et dynamiques.

Et pour cause ! Dans ce livre, on t'offre de merveilleux dessins pour t'expliquer l'Histoire de France sans te prendre pour un abruti – comme c'est le cas au Musée Carnavallet de Paris depuis sa restauration, mais je ne vais pas tirer sur l'ambulance.

de merveilleux dessins, bien sûr, produits par le grand Pierre Probst, que j'aurais immédiatement demandé en mariage s'il n'était pas en stade de décomposition très avancé, Pierre Probst, dis-je, dont les illustrations font partie intégrante de ma tendre enfance. Et dont heureusement je ne me souviens pas de la mort, sinon j'aurais pleuré comme un veau pendant deux jours.

le traumatisme est tel que, au moment où j'écris ces lignes, l'émotion est forte et j'ai une petite larmichette qui commence à se pointer. Ah, Pierre Probst, quel homme...

Je ne comptais pas écrire ce billet, mais maintenant c'est fait, ça tombe bien je m'ennuyais. Je viens quand même le conseiller aux gens qui aiment vraiment leurs enfants – si, si, il paraît que ça existe, j'ignore comment... –, et qui souhaitent développer un tant soit peu leur culture avec un album qui a quand même sacrément de la gueule. D'ailleurs, c'est efficace ; la preuve, je sais situer la Guerre de Quatorze sur une frise chronologique sans m'aider de Wikipédia. Ce qui n'est pas le cas de tout le monde, n'est-il pas.

Alors, aux âmes belliqueuses cherchant la bagarre en crachant que je ne dis que du mal des livres que je critique, BAM ! regarde, c'est complètement faux.

Pierre Probst-Le-Grand trouve grâce à mes yeux.

Mais, ne t'y fies pas trop ; ce doit être la moustache.